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France : quand le bâtiment va, tout va

24/06/2022

La celèbre formule « quand le bâtiment va, tout va » accompagne la conjoncture française depuis plusieurs décennies. Comme un symbole, le carnet de commandes de la profession culmine encore aujourd’hui à un niveau jamais égalé auparavant, à près de 9 mois. Pourtant, le secteur est aux prises avec des difficultés croissantes. Il est l’un des plus concernés par les hausses de coûts, ce qui a commencé à peser sur les marges, qui se sont nettement réduites. En parallèle, il semblerait que la demande soit en train de se tasser : plusieurs indicateurs d’un retournement à venir.

Transcription

L’inflation s’est accélérée en France ces derniers mois. Les prix à la consommation ont augmenté de 5,2% a/a au mois de mai et devraient encore s’accroitre dans les prochaines semaines : notre scenario suggère que leur hausse pourrait atteindre 6,5% au mois de septembre.

Mais, il est un domaine dans lequel l’inflation est même supérieure : le bâtiment. Qu’il s’agisse de construction ou de rénovation, le constat est sans appel. Les coûts de construction ont fortement augmenté, de 7,4% a/a en avril dans le bâtiment en général et même de 11,2% dans les travaux publics.

Le coût des travaux d’entretien-amélioration des bâtiments a progressé de 8,4% a/a au 1er trimestre 2022. La branche de l’aménagement de l’habitat est même celle qui dans le commerce de détail signale le plus de hausses de prix, davantage même que le commerce alimentaire ou automobile.

Le coût des matières premières est une cause prépondérante de cette augmentation des prix, avec en tête la hausse du coût de l’énergie, mais également d’autres matières premières largement utilisées dans le secteur, qu’il s’agisse de métaux ou de minéraux.

Ces hausses de coût ont un premier effet, celui de nettement détériorer la marge des entreprises du secteur, qui à 27,9% au 1er trimestre est la plus basse hors période de Covid depuis fin 1996.

En parallèle, les carnets de commande sont pleins, estimés à près de 9 mois par l’Insee, un record historique. Le secteur a bénéficié d’une net regain de demande que ce soit le type de travaux, avec notamment une proportion des ménages enclins à dépenser pour l’aménagement de leur logement qui a atteint fin 2021 un record historique à 28% selon l’Insee.

En complément, les dépôts de permis de construire se sont accélérés fin 2021 pour être enregistrés avant la mise en application début 2022 de nouvelles normes environnementales. Autant d’éléments qui assurent un bon carnet de commandes et une activité élevée en 2022.

Toutefois, les dernières enquêtes soulignent une nette détérioration des nouvelles commandes depuis le début de l’année, tant dans l’artisanat du bâtiment que dans la promotion immobilière, indiquant qu’un retournement est à l’œuvre et qui pourrait bien peser sur la croissance française à partir de 2023.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE