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L’Inde face à deux chocs extérieurs

08/04/2022

L’environnement économique et financier international n’est pas favorable à l’économie indienne. L’Inde va subir deux chocs extérieurs : le durcissement monétaire américain et la forte hausse des prix des matières premières.

 

Transcription

L’environnement économique et financier international n’est pas favorable à l’économie indienne. L’Inde va subir deux chocs extérieurs : le durcissement monétaire américain et la forte hausse des prix des matières premières.

La hausse des taux d’intérêt américains pourrait générer d’importantes sorties de capitaux hors d’Inde, comme cela avait été le cas en 2013. On estime aujourd’hui que ce risque est moins important qu’à l’époque car les comptes extérieurs de l’Inde sont beaucoup plus solides. Le déficit du compte courant est moins élevé, le pays est moins dépendant des investissements de portefeuille pour assurer son financement et surtout les réserves de change sont suffisantes pour couvrir plus de deux fois les besoins de financement à court terme du pays. Pour autant, d’importantes sorties de capitaux ont été enregistrées entre décembre et février. Néanmoins, les pressions sur la roupie sont restées contenues car la banque centrale est intervenue pour stabiliser sa monnaie.

Le deuxième choc qui pourrait fragiliser l’économie indienne est un choc inflationniste induit par le conflit en Ukraine. Même si l’Inde ne sera pas directement touchée par le conflit, elle subira la hausse des prix des matières premières.

Concernant la hausse des prix alimentaires, l’Inde ne sera pas impactée par la hausse des prix du blé car elle en produit et en exporte.  Mais elle ne sera pas à l’abri de la hausse des autres prix alimentaires (en particulier des huiles végétales qu’elle importe en grande quantité). Par ailleurs, la hausse des prix des engrais se répercutera sur l’ensemble des prix des céréales produites dans le pays à moins que le gouvernement n’augmente sensiblement ses subventions. C’est surtout la hausse des prix de l’énergie qui est inquiétante car l’Inde est un très gros importateur de pétrole. Le déficit du compte courant pourrait augmenter de 2 points de PIB et générer ainsi de nouvelles pressions à la baisse sur la roupie.

Le gouvernement pourrait toutefois limiter l’impact de la hausse des prix des matières premières sur sa croissance en adoptant une politique budgétaire expansionniste via une baisse des taxes et ou une hausse des subventions (sur l’alimentaire, le fioul et les engrais). A ce jour, aucune annonce n’a été faite. Une telle politique remettrait en cause la consolidation des finances publiques déjà fortement fragilisées par l’épidémie de COVID mais elle semble pour autant indispensable pour soutenir les ménages déjà appauvris par la crise de 2020.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE