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Italie : forte baisse du résultat net des banques au premier trimestre 2022

10/06/2022

Sur fond de guerre en Ukraine et de ralentissement prononcé de l’activité économique, la rentabilité financière des grandes banques italiennes s’est sensiblement repliée au premier trimestre 2022. La hausse du coût du risque a effacé l’effet de ciseaux positif de l’augmentation du produit net bancaire et de la baisse des dépenses courantes. Les ratios des prêts non performants demeurent néanmoins à des niveaux historiquement faibles tandis que les ratios de fonds propres se maintiennent à des niveaux historiquement élevés.

Transcription

Sur fond de guerre en Ukraine et de ralentissement prononcé de l’activité économique, la rentabilité financière des grandes banques italiennes s’est sensiblement repliée au premier trimestre 2022. La hausse du coût du risque a en effet effacé l’effet de ciseaux positif de l’augmentation du produit net bancaire et de la baisse des dépenses courantes. Les ratios des prêts non performants demeurent néanmoins à des niveaux historiquement faibles tandis que les ratios de fonds propres se maintiennent à des niveaux historiquement élevés.

Les conséquences économiques de l’invasion de l’Ukraine par la Russie, la persistance des goulets d’étranglement dans les chaînes d’approvisionnement, le retour de l’inflation, et plus particulièrement la hausse des prix de l’énergie, la hausse des taux d’intérêt et la levée progressive des mesures de soutien public ont contrarié la reprise économique naissante après le reflux de la pandémie de COVID-19. Dix des plus grandes banques italiennes, qui représentent environ 80% de l’ensemble du système bancaire italien par les fonds propres CET1, ont ainsi enregistré, en moyenne, une baisse de près de 40% de leur résultat net entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. Leur rentabilité financière est ainsi passée de 8,4% au premier trimestre 2021 à 4,9% au premier trimestre 2022.

Les banques italiennes étaient pourtant parvenues à accroître leur produit net bancaire de 2% et à réduire leurs dépenses courantes de 2%. Cet effet de ciseaux positif a toutefois été entièrement occulté par l’augmentation de presque 50 % de leur coût du risque entre le premier trimestre 2021 et le premier trimestre 2022. La situation de certains emprunteurs, souvent déjà durement frappés par les conséquences de la pandémie de COVID-19, s’est encore détériorée. Elle s’est notamment traduite par une hausse du flux de nouveaux prêts non-performants et par une augmentation du risque de crédit du stock de prêts performants.

Pour l’heure, les ratios des prêts non-performants apparaissent plutôt modérés, en particulier après la décrue observée en 2021. Les plans de cessions et de titrisations ont certes ralenti depuis la période qui précédait la pandémie. Pour autant, la poursuite de ces opérations a permis aux ratios des prêts non-performants des grandes banques italiennes de reculer de nouveau, de 4,6% en moyenne au premier trimestre 2021 à 3,4% au premier trimestre 2022. Enfin, le ratio CET1 des plus grandes banques italiennes s’établissait à 14,2% au premier trimestre 2022 soit un niveau très confortable au regard des exigences règlementaires et qui demeure historiquement élevé. Pour mémoire, ce même ratio de solvabilité s’élevait à 15,4% au premier trimestre 2021. Ce léger repli s’explique principalement par la reprise des versements de dividendes et des rachats d’actions dans le contexte d’un effort de provisionnement accru.

Surtout cela ne remet pas en cause, à nos yeux, la capacité des banques italiennes à passer le cap difficile de l’année 2022, marquée par le ralentissement de l’activité et la résurgence de l’inflation.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE