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EcoEmerging// 1 trimestre 2018
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encore plus rapidement que les volumes d’exportations. Les
importations sont soutenues par la vigueur de la consommation et
de l’investissement internes et par le fort contenu en importations
des exportations du secteur à capitaux étrangers. Ce contenu est
d’autant plus élevé au Vietnam que le développement des liens
entre entreprises locales et étrangères au sein de chaînes de valeur
est resté limité : la Banque mondiale estime ainsi que 68% des
entreprises étrangères au Vietnam utilisaient des intrants locaux en
3
- L’endettement interne croît rapidement
Crédit bancaire au secteur privé, %
█
% du PIB, é.g.
▬ Variation annuelle, é.d.
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2015, contre 96% en Thaïlande.
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40
■
Incertitude sur les choix de politique économique
Le gouvernement a pris des mesures pour réduire son déficit et
contenir la hausse de la dette publique, celle-ci approchant du
plafond de 65% du PIB fixé par l’Assemblée nationale. Le plan de
consolidation budgétaire table sur un déficit à 3% du PIB en 2021.
L’an dernier, l’amélioration des recettes fiscales dans un contexte
économique très favorable, les restrictions sur les dépenses (en
particulier sur les investissements) et les nouveaux revenus
provenant des efforts de privatisation de quelques entreprises
publiques ont permis une baisse du déficit budgétaire. Il est passé
sous la barre des 6% du PIB, contre 6,6% en 2016, et la hausse de
la dette publique a marqué le pas (sur la base des données du FMI).
Les finances publiques évoluent donc dans le bon sens. Cependant,
pour atteindre les objectifs de son plan d’ajustement à moyen terme,
le gouvernement ne pourra pas continuer à s’appuyer sur des
coupes ponctuelles dans les dépenses. Il devra plutôt adopter des
mesures structurelles visant à améliorer l’efficacité de ses
investissements, élargir la base fiscale et poursuivre la
restructuration des entreprises publiques.
20
0
2
003 2005 2007 2009 2011 2013 2015
2017e
Source : State Bank of Vietnam
excessivement rapide (+7 points de PIB par an en moyenne depuis
cinq ans), le Vietnam apparaît aussi exagérément endetté quand on
le compare à des pays à niveaux de revenu par habitant similaires.
Après la période de correction de 2011-2012, la progression du
crédit bancaire au secteur privé a ré-accéléré en 2013-2015 en
réponse à l’assouplissement de la politique monétaire. Puis elle
s’est stabilisée à partir de mi-2015. Les autorités ont introduit
quelques mesures macro-prudentielles visant à réduire la prise de
risques des banques (par exemple en limitant les prêts au secteur
immobilier). Les conditions monétaires sont néanmoins toujours
accommodantes et la progression du crédit reste proche de 18%
par an, soit un taux largement supérieur à la croissance du PIB.
Sur le plan monétaire, la banque centrale a opté pour un léger
assouplissement de sa politique dans un contexte de faibles
tensions inflationnistes, et ce malgré l’accélération de la croissance
du PIB et du crédit bancaire. La hausse de l’IPC (indice des prix à la
consommation) a atteint 3,5% en moyenne en 2017 et seulement
Le secteur bancaire n’est pas assez solide pour faire face à une
telle augmentation de ses actifs risqués, même si sa santé s’est
améliorée depuis 2011. Dans un environnement macroéconomique
stabilisé, les banques ont pu renforcer leur position de liquidité et
réduire leurs stocks de créances douteuses (accumulés pendant les
années 2000-2010). Cependant, la qualité d’actifs moyenne reste
médiocre et, surtout, les niveaux de capitalisation sont insuffisants.
Les banques ont une faible rentabilité et une faible capacité à
générer du capital en interne, et les ressources financières de l’Etat
sont limitées (les banques publiques représentent 45% des actifs
bancaires totaux). Des injections de fonds de la part d’investisseurs
privés semblent donc indispensables pour renforcer la solvabilité du
secteur bancaire, accompagner l’expansion des activités de crédit
et préparer l’adoption des normes de Bâle II (pour le moment
prévue pour 2020). La capacité des banques vietnamiennes à attirer
des capitaux privés reste cependant fortement contrainte par la
faiblesse de leur gouvernance ainsi que par le plafond limitant la
participation des investisseurs étrangers (à 20%-30% du capital
d’une banque).
2,6% en g.a. en fin d’année. L’inflation sous-jacente s’est stabilisée
à 1,3% en g.a. au S2 2017, contre 1,8% au S2 2016 ; les prix des
biens alimentaires ont bénéficié du rebond du secteur agricole et
sont orientés à la baisse (en g.a.) depuis avril ; enfin, les hausses
des tarifs administrés des services de santé, d’éducation et de
transports ont été coordonnées de façon à limiter leurs effets sur
l’IPC. En juillet, la banque centrale a réduit son taux de réescompte
et son taux de refinancement de 25 points de base, à 4,25% et
6,25% respectivement. Il s’agit là de la première baisse de taux
depuis mars 2014. Les autorités ne semblent donc pas très
inquiètes face à la nouvelle envolée de la dette du secteur privé.
Elles pourraient néanmoins le devenir face à la montée des risques
d’instabilité financière. La banque centrale pourrait d’autant plus
commencer à resserrer sa politique monétaire en 2018 que
l’inflation devrait ré-accélérer.
■
Des banques en manque de capital
Christine Peltier
christine.peltier@bnpparibas.com
L’économie vietnamienne est dans une situation d’excès de dette.
Le ratio de crédit bancaire au secteur privé sur PIB est reparti à la
hausse depuis cinq ans. Il était estimé à 132% à la fin de 2017,
contre 95% en 2012 (graphique 3). Outre son évolution
La banque
d’un monde
qui change