Eco Perspectives

Gérer les risques qui pèsent sur la croissance

16/12/2021
PDF

La crise de l’immobilier, le maintien de la stratégie zéro covid face aux résurgences de l’épidémie, et la fragilité persistante de la consommation des ménages sont parmi les principaux facteurs de risque pesant sur la croissance chinoise. À court terme, les autorités devraient renforcer prudemment leur soutien monétaire et budgétaire à l’activité, tout en maintenant le cap de l’assainissement du marché immobilier, de la réduction des risques financiers et du resserrement réglementaire.

La crise de l’immobilier se diffuse à l’économie

La croissance a marqué le pas depuis l’été. Dans l’industrie, l’activité a été gênée par d’importantes contraintes d’offre liées aux perturbations dans les chaînes d’approvisionnement et, surtout, dues à des coupures d’électricité dans les usines en septembre et octobre. Les autorités ont rapidement réagi, demandant aux mines de charbon d’accroître leur production et autorisant les producteurs d’énergie à augmenter leurs prix de vente aux consommateurs, jusqu’à 20% au-dessus du tarif réglementé. La production d’électricité a ainsi été relancée et la croissance industrielle a pu réaccélérer avant la fin octobre. Cette reprise devrait se poursuivre. La production et l’investissement dans le secteur manufacturier restent notamment soutenus par la performance toujours solide des exportations. Celles-ci ont augmenté de 26% en g.a. en moyenne sur la période de mai à octobre, tirées par le rebond de la demande mondiale et des gains de part de marché.

CROISSANCE ET INFLATION

Dans les services, l’activité économique a d’abord été pénalisée par le durcissement réglementaire touchant des secteurs considérés comme sensibles par Pékin (par exemple le numérique et le soutien scolaire). Elle a ensuite été affectée par les nouvelles restrictions introduites en août face à la résurgence de l’épidémie de Covid-19. Surtout, la crise de l’immobilier s’est diffusée à l’économie. En raison du resserrement des règles prudentielles et des conditions de crédit s’imposant aux promoteurs immobiliers, ces derniers ont rencontré des problèmes croissants de financement et de trésorerie au cours des derniers mois. L’investissement immobilier s’est contracté. Les projets en construction, les projets nouvellement démarrés et les transactions immobilières se sont effondrés depuis juillet. Les prix moyens des logements ont entamé une baisse, qui devrait se poursuivre à court terme.

Dans ce contexte, la consommation privée est toujours à la peine. Les volumes de ventes au détail ont progressé de moins de 2% en g.a. sur la période août-octobre, contraints par la stratégie « zéro covid » et les effets du recul des ventes de logements. En outre, les difficultés de certaines entreprises de services (en particulier les PME) et la crise de l’immobilier pèsent sur le marché du travail, et ont freiné la hausse des revenus des ménages au T3 2021.

L’assouplissement budgétaire et monétaire sera prudent

RALENTISSEMENT

Le ralentissement de la croissance s’explique amplement par le durcissement de la politique économique, de l’environnement réglementaire et des règles prudentielles dans le secteur immobilier depuis un an.

Ces mesures s’inscrivent dans la stratégie de moyen terme des autorités, visant à désendetter les entreprises, à réduire les risques financiers, à assainir le marché immobilier et à promouvoir la « prospérité commune ». Ce cap devrait être maintenu, en dépit de ses conséquences sur la croissance du PIB.

Néanmoins, sans changer les limites prudentielles imposées aux promoteurs, les autorités devraient procéder à des ajustements afin d’éviter un effondrement dévastateur du marché immobilier. Les conditions sur les prêts hypothécaires et l’accès des promoteurs à certains financements de court terme ont de fait été assouplis ces derniers jours. En outre, le soutien monétaire et budgétaire à la demande intérieure devrait être renforcé prudemment, principalement via un redressement modéré de l’investissement public et des mesures ciblées d’assouplissement du crédit. Les autorités ont par exemple récemment lancé des programmes de prêts dédiés aux PME et d’autres visant à accompagner les efforts de réduction des émissions carbone. La croissance des crédits à l’économie, qui avait ralenti depuis la fin 2020 jusqu’en septembre, s’est stabilisée en octobre et devrait se redresser légèrement à court terme.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
2022 : vers la grande normalisation

2022 : vers la grande normalisation

Après la récession soudaine, profonde et atypique de 2020, provoquée par la pandémie de Covid-19, l’année 2021 a également inédite à plusieurs égards [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
Avis d'accalmie

Avis d'accalmie

Aux États-Unis, le dérapage des prix n’en finit plus et cesse d’être regardé avec complaisance par la Réserve fédérale, qui pourrait précipiter la fin de son assouplissement quantitatif [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Le gouvernement ouvre les vannes budgétaires

Le gouvernement ouvre les vannes budgétaires

Après la victoire du Parti libéral-démocrate aux élections législatives d’octobre dernier, le Premier ministre, Fumio Kishida, a toute latitude pour dérouler son programme [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
Envolée (de l'inflation), recrudescence (de l'épidémie), modération (de la croissance)

Envolée (de l'inflation), recrudescence (de l'épidémie), modération (de la croissance)

La recrudescence de la pandémie de Covid-19 et l’apparition du nouveau variant Omicron compliquent plus encore la tâche de la Banque centrale européenne [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Alternance en période de turbulences

Alternance en période de turbulences

Après une croissance robuste au T2 et au T3, le climat des affaires s’est détérioré. En cause : les difficultés d’approvisionnement, la hausse des prix et la flambée des cas de Covid-19. La production va probablement stagner vers la fin de l’année [...]

LIRE L'ARTICLE
France
Face aux vents contraires, la croissance devrait  tenir bon

Face aux vents contraires, la croissance devrait tenir bon

Les freins à la croissance à court terme - contraintes d’offre, poussée de l’inflation, recrudescence de l’épidémie de Covid-19 - ont forci [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Une croissance stable et soutenue

Une croissance stable et soutenue

Le rythme de la reprise économique italienne est comparable à celui des autres pays de la zone euro. Après une légère expansion au T1, le PIB réel a crû de plus de 2,5 % au T2 comme au T3. La reprise s’appuie sur l’ensemble des composantes du PIB [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Soutenir l'économie avant tout

Soutenir l'économie avant tout

Malgré le rétablissement poussif de son PIB, l’Espagne s’est montrée plus que résiliente sur le front de l’emploi en 2021. L’emploi (en novembre) et le taux de participation (T3) sont à des niveaux records [...]

LIRE L'ARTICLE
Belgique
Après le sprint de la reprise, le marathon de la consolidation budgétaire

Après le sprint de la reprise, le marathon de la consolidation budgétaire

Le PIB belge a crû de 2 % t/t au T3, un résultat nettement meilleur que les attentes du consensus. Le PIB dépasse ainsi son niveau pré-Covid pour la première fois depuis le début de la pandémie [...]

LIRE L'ARTICLE
Autriche
Atmosphère de crise

Atmosphère de crise

Une fois les restrictions liées au Covid-19 levées, l’économie devrait fortement rebondir en 2022, portée en premier lieu par la consommation des ménages [...]

LIRE L'ARTICLE
Finlande
Bonne élève

Bonne élève

Confrontée comme tous les pays d’Europe a une reprise des contaminations à la Covid-19, la Finlande réinstaure des mesures de protection sanitaire qui pourraient freiner temporairement sa reprise [...]

LIRE L'ARTICLE
Grèce
Un début d'année 2022 sur des bases plus solides

Un début d'année 2022 sur des bases plus solides

Avec un rebond possible du PIB de plus de 7% en 2021, la Grèce a favorablement surpris. Le taux de chômage a, par ailleurs, reflué à 13% en septembre [...]

LIRE L'ARTICLE
Royaume-Uni
La vieille dame hésite

La vieille dame hésite

Augmenter ou ne pas augmenter les taux d’intérêt ? Telle est la question qui se pose la Banque d’Angleterre, alors que l’inflation accélère en même temps que les contaminations à la Covid-19, dont le nouveau variant « Omicron » inquiète [...]

LIRE L'ARTICLE
Norvège
Haut débit

Haut débit

Face à l’épidémie de coronavirus, la Norvège a su minimiser ses pertes, humaines autant qu’économiques. En 2021, l’envolée des prix mondiaux du gaz et du pétrole lui a largement profité [...]

LIRE L'ARTICLE