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EcoEmerging// 1 trimestre 2018
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en devises s’est arrêtée. Les ménages hongrois se financent
aujourd’hui en monnaie locale, ils ne sont donc plus exposés au
risque de change. Le crédit au logement, fortement encouragé par
le gouvernement qui cherche à améliorer l’accès à la propriété des
familles modestes, est très dynamique (+5% en g.a. en novembre
3
%
- Rentabilité financière des banques (ROE)
█
ROE des banques
moyenne des banques européennes (banques
importantes uniquement)
2
1
1
0%
5%
0%
2
017, après +3% en 2016). Le crédit à la consommation continue
EU
en revanche de se contracter en 2017 (pour la sixième année
consécutive), et n’est aujourd’hui qu’à 61% de son pic de 2009.
5%
■
Les ratios prudentiels s’améliorent
0%
5%
-
Dans son dernier rapport sur la soutenabilité financière, la Banque
nationale de Hongrie (MNB) se félicite de la capacité renforcée des
banques hongroises à résister aux chocs.
-
-
-
10%
15%
20%
La capitalisation s’est renforcée en effet. Le ratio Capital Equity
Tier 1 (CET1) a dépassé les 15% mi-2017, contre 11% en 2010. A
partir de la deuxième moitié de 2017, la MNB a imposé aux
banques la constitution d’une couche de capital supplémentaire
pour faire face au risque systémique (0,5%-2% des actifs pondérés
par rapport au risque (RWA)).
-25%
-30%
Source : EBA
La meilleure rentabilité des banques soutient cette dynamique
favorable. Selon les données d’EBA à la mi-2017, les banques
hongroises détenaient le record de rentabilité de l’UE (graphique 3),
grâce notamment à la baisse de la taxe sur l’actif bancaire (de
■ Bulle en formation ?
Face à la hausse des salaires et à l’augmentation de l’offre de crédit,
les prix immobiliers rebondissent fortement : ils augmentaient de
10% en g.a. mi-2017 (46% au-dessus du point bas atteint en 2013).
0
,53% à 0,24%) et à la réduction des provisions suite à
Depuis 2015, la croissance des prix immobiliers est à deux chiffres,
la Hongrie détient le record régional.
l’amélioration de la qualité des actifs.
■
L’économie se porte très bien
Le retour des financements étrangers des banques hongroises, que
l’on observe à partir du début de 2017, constitue également un point
d’attention. Ceux-ci ont atteint EUR 17 mds en octobre 2017 (+26%
par rapport à la fin 2016). Certes, leur montant reste encore très en
deçà du pic atteint en 2008 (EUR 33 mds), mais si cette tendance
se poursuivait, elle serait à même de renforcer la surchauffe en
répétant les erreurs des années 2005-2007.
La croissance économique s’est accélérée pour atteindre 3,9% en
g.a. en moyenne sur les trois premiers trimestres de l’année 2017.
L’investissement rebondit fortement et rattrape sa perte de vitesse
de 2016. Au cours des six premiers mois de 2017, l’investissement
augmente de 23% en g.a. Sans surprise, ce rebond résulte d’une
accélération substantielle des projets mis en œuvre avec le soutien
des fonds européens : la Hongrie figure parmi les pays dont
l’absorption des fonds européens pour l’exercice 2014-2020 est la
plus avancée. Revers de la médaille : l’augmentation des prix.
Selon l’OCDE le déflateur d’investissement atteint 17% en g.a. au
Q2 2017.
L’économie hongroise a atteint son potentiel, ce qui ouvre le débat
sur la pertinence de la poursuite d’un soutien aussi massif des
politiques publiques dans les trimestres à venir. Les financements
européens étant calibrés sur des échéances à moyen terme, ils vont
continuer à stimuler l’activité d’ici 2020. En revanche, le policy mix,
qui reste très accommodant, aurait un rôle à jouer. A 0,9% depuis
mai 2016, le taux directeur est à son minimum historique. La
réorientation de la politique budgétaire, qui prévoit de nouvelles
réductions d’impôts en 2018 et une hausse des dépenses de 6%
par rapport au 2017, pourrait limiter les risques de surchauffe.
Cependant, nous ne nous attendons pas à un ajustement fiscal
avant la fin des élections législatives, prévues en avril 2018.
La consommation accélère également : elle augmente de 4,8% au
T2 2017 après une hausse de 3,5% en g.a. au T1 2017. Elle
bénéficie de la hausse des salaires (+13% en g.a. en valeur
nominale au cours des dix premiers mois de 2017). Le marché du
travail approche du plein emploi : le taux de chômage a atteint 3,6%
en octobre 2017, un minimum jamais atteint depuis 1990.
Sans surprise, les prix à la consommation sont orientés à la hausse
également. L’indice harmonisé HICP a atteint 2,4% en moyenne en
2
017, après trois années proches, voire en deçà, de zéro.