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EcoEmerging // 4 trimestre 2017
economic-research.bnpparibas.com
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Des marges de manœuvre budgétaires limitées
3- Balance des paiements
Somme glissante sur 3 mois, % PIB
A ce jour, le gouvernement n’a pas encore voté l’augmentation des
dépenses publiques pour soutenir la croissance ni pour accroître la
participation du gouvernement dans les banques publiques afin de
pallier leurs importants besoins en capitaux. En effet, même si le
déficit budgétaire du gouvernement et des administrations a
diminué de 1,4 point de PIB au cours des cinq dernières années
pour s’établir à 6,4% du PIB, ses marges de manœuvre restent
limitées et les risques de dérapage budgétaire sont en hausse.
▬ Solde courant █ IDE nets █ Inv. nets de portefeuille █ Autres
investissements █ Dérivés financiers
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4
2
0
Le déficit du gouvernement fédéral a diminué de 2,4 points de PIB
au cours des cinq dernières années, pour s’établir à 3,5% du PIB à
la fin de l’exercice 2017. Néanmoins, sa base fiscale reste
particulièrement faible et les revenus (hors recettes en capital)
s’élevaient à seulement 9,1% du PIB en mars 2017. Par ailleurs, en
raison du ralentissement de l’activité économique, les recettes du
gouvernement ont sensiblement baissé au cours des cinq premiers
mois de l’exercice budgétaire 2017/2018 et le déficit du
gouvernement atteignait déjà 96,1% de sa cible budgétaire annuelle
au mois d’août. A moyen et long terme, la banque centrale indienne
estime que la mise en place de la TVA devrait permettre de réduire
le déficit du gouvernement et de l’ensemble des administrations de
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-4
-6
2013
2014
2015
2016
2017
Source : CEIC
■ Léger creusement du déficit courant au T1-FY18
Depuis la mi-2013, la vulnérabilité extérieure de l’Inde a
sensiblement diminué. Fin septembre 2017, les réserves de change
s’élevaient à USD 402 mds, l’équivalent de 11,5 mois d’importations
et couvraient 1,7 fois les besoins de financement à court terme du
pays. La consolidation de la balance des paiements indienne résulte,
d’une part, de la forte baisse du déficit courant (qui s’élevait à
seulement 0,7% du PIB sur l’ensemble de l’exercice 2016/17) et,
d’autre part, de la hausse des investissements directs étrangers
(2% du PIB) dans un environnement des affaires plus favorable. Par
ailleurs, la dette extérieure à court terme (par maturité résiduelle) a
diminué, reflet de la stratégie de désendettement des entreprises
indiennes.
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,7 à 1,2 point de PIB.
Dans le même temps, les risques de dérapage budgétaire au
niveau des Etats sont élevés. Au cours des cinq dernières années,
alors que le déficit du gouvernement fédéral diminuait, celui des
Etats augmentait de 1 point de PIB pour atteindre 3% du PIB, et ce,
en dépit des importants transferts de revenus entre le
gouvernement et les Etats. Cette détérioration résulte en grande
partie de la restructuration de la dette des entreprises publiques
d’électricité qui a généré une forte hausse des dépenses d’intérêt,
de l’ordre de 0,7 point de PIB selon la banque centrale.
Par ailleurs, les dépenses des Etats pourraient augmenter
sensiblement à court et moyen terme. En effet, cinq Etats (Uttar
Pradesh, Maharashtra, Punjab, Karnataka et Rajasthan) ont
annoncé d’importants programmes d’annulations de créances pour
les fermiers pendant l’exercice budgétaire 2017/2018. A titre de
comparaison, lors du dernier vaste programme d’annulation de
créances en 2008, le coût avait été estimé à 1,3% du PIB alors que
les annulations de créances n’avaient concerné que 43 millions de
fermiers. Aujourd’hui, cette charge pourrait être bien supérieure car
la population dans les Etats concernés représente un tiers de la
population indienne. Néanmoins, deux Etats, dont l’Uttar Pradesh
Néanmoins, la balance des paiements indienne reste encore
structurellement fragile comme en témoigne la hausse du déficit
courant au premier trimestre 2017/2018.
Le déficit courant s’est élevé à 2,4% du PIB en rythme annualisé au
T1-FY18, suite à la forte augmentation du déficit commercial qui a
atteint 6,8% du PIB alors qu’il n’était que de 4,5% du PIB un an plus
tôt. Cette dégradation reflète l’augmentation des prix des matières
premières, la forte hausse des importations d’or et le ralentissement
des exportations. Au T1-FY18, les entrées de capitaux restaient
néanmoins largement suffisantes pour couvrir le déficit courant en
raison, notamment, des importants investissements de portefeuille
(
le plus peuplé), ont déjà passé des provisions pour faire face à ces
(
2,1% du PIB). Néanmoins, depuis le mois d’août, les entrées de
dépenses supplémentaires.
capitaux ont ralenti et les pressions sur la balance des paiements
indienne se sont légèrement renforcées, ce qui s’est traduit par une
dépréciation de 2% de la roupie face au dollar.
Dans un tel environnement, il est possible que le ministre des
Finances reporte sa proposition d’augmenter ses dépenses
budgétaires au dernier trimestre de l’exercice en cours. Le
gouvernement se trouve dans une position délicate car il doit
arbitrer entre la consolidation de ses finances et le soutien à la
croissance et aux banques publiques.
A moyen terme, le déficit courant devrait se stabiliser autour de 2%
du PIB. Les pressions sur la balance des paiements devraient rester
modestes car les IDE devraient rester suffisants pour couvrir le
déficit courant.