En Chine, l’activité économique a de nouveau fortement ralenti en mars, puis elle s’est contractée au mois d’avril à cause des mesures de confinement et de l’effet du ralentissement de la demande mondiale sur les exportations. Les politiques budgétaire et monétaire soutiennent l’activité, mais les perspectives de croissance à court terme restent néanmoins incertaines. Dans cet environnement compliqué, comment évoluent les risques de crédit ?
Les risques de crédit en Chine sont d’abord alimentés par l’excès de dette de l’économie, qui s’est aggravé avec la crise du Covid de 2020 et devrait de nouveau s’aggraver en 2022. La dette domestique totale du secteur non financier était de 247% du PIB fin 2019. Elle a augmenté à 270% du PIB fin 2020, conséquence du ralentissement de la croissance du PIB et de l’accélération du crédit intérieur.
En 2021, grâce au rebond de la croissance économique et au ralentissement de la distribution de crédit, le ratio de dette sur PIB est redescendu à 264%. Mais il reste très élevé. En revanche, l’endettement extérieur de la Chine est très modéré, estimé à 15% du PIB.
Alors que la hausse du ratio de dette en 2020 a été généralisée, sa baisse en 2021 a surtout été le fait des entreprises privées. Le ratio de dette du PIB des entreprises publiques, très élevé, n’a que légèrement diminué. Et la dette des ménages s’est juste stabilisée, à 62% du PIB.
En ce qui concerne la dette des administrations publiques, celle du gouvernement central est restée stable en 2021 et est très modérée. En revanche, la dette des collectivités locales a continué d’augmenter en dépit du rebond économique. Elle semble modérée. Mais en réalité, les situations financières des collectivités locales sont extrêmement variables d’une province à l’autre. Et surtout, une majorité des collectivités continuent de compléter leurs ressources en ayant recours à des emprunts indirects via des véhicules de financement. Ces entités expliquent largement la hausse de l’endettement du secteur des entreprises publiques depuis deux ans.
La récente contraction de l’activité constitue un nouveau choc sur les revenus des entreprises et des ménages. Elle devrait accélérer la hausse des risques de défaut, déjà observée depuis l’an dernier.
La hausse des risques de défaut des entreprises a été particulièrement visible sur les marchés obligataires locaux. Le nombre de défauts y a augmenté de plus de 10% en 2021 par rapport à 2020.
Dans le secteur bancaire, le ratio moyen de créances douteuses reste bas, inférieur à 2% à fin 2021. Néanmoins, il devrait augmenter à court terme. Les institutions les plus exposées à la dégradation de la qualité des actifs sont les petites banques commerciales, ainsi que les institutions financières non bancaires, le fameux shadow banking.
Les risques de défaut proviennent d’abord et surtout du secteur immobilier. Plus d’un tiers des défauts obligataires en 2021 a déjà été le fait de promoteurs immobiliers, et la crise du secteur s’est aggravée ces dernières semaines.
Les risques à court terme augmentent aussi pour les entreprises des secteurs de services les plus affectés par les récentes mesures de confinement, et/ou les resserrements réglementaires des derniers mois. Les risques de défaut augmentent aussi progressivement pour les véhicules de financement et plus généralement pour les entreprises publiques.
Enfin, la dette des ménages est un problème pour les ménages à bas revenus, qui font face à un service de la dette important et qui sont vulnérables à la dégradation actuelle du marché du travail.