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Pérou des perspectives économiques modérées

08/07/2022

Après un rebond de croissance spectaculaire en 2021 ; la croissance ralentit au Pérou. L’environnement international et la crise politique pèsent sur les perspectives économique et les finances publiques du pays.

Transcription

Après un rebond de plus de 13% en 2021, un des taux de croissance les plus élevés de la région, l’activité ralentira très fortement au Pérou au cours des deux prochaines années. Le retrait progressif des mesures de soutien (monétaires et fiscales) qui ont été mises en place par les autorités depuis le début de la pandémie, les pressions inflationnistes et les mouvements sociaux pèseront sur la demande interne. Dans le même temps, le ralentissement de la demande mondiale, la dégradation des termes de l’échange (principalement à cause des chocs géopolitiques), les ruptures d’approvisionnement et les dérèglements des chaînes de valeur freinent les exportations.

L’activité a retrouvé son niveau de 2019, mais peine à le dépasser. La capacité de rebond est en effet limitée : d’une part, la récession enregistrée en 2020 a exacerbé les faiblesses structurelles de l’économie, et dégradé la qualité du marché de l’emploi.

D’autre part, surtout, les tensions politiques qui perdurent depuis plusieurs années pèsent sur l’investissement et la croissance, qui avaient en fait ralenti bien avant le début de l’année 2020.

Pour le moment, l’économie ne montre pas de signe de déséquilibre majeur. Mais les tensions politiques devraient perdurer au moins à court terme, ce qui pèsera sur les perspectives d’investissement (domestique et étranger) et donc de croissance. Surtout, il est peu probable que le président parvienne à mettre en place la vaste réforme fiscale à laquelle il s’était engagé.

Le risque associé à un dérapage des finances publiques a bien augmenté depuis le début de la pandémie. Bien qu’à un niveau encore modéré la dette a fortement augmenté au cours des deux dernières années. Elle se situe aujourd’hui à environ 35% du PIB, alors qu’elle se situait à 25% du PIB fin 2019.

Mais plus que le niveau de la dette, c’est la détérioration du profil qui inquiète : l’augmentation soudaine s’est traduite par un recours accru au financement extérieur : la dette est à présent libellée à 50% en devises, et détenue à 50% par des non-résidents (chacun des deux indicateurs représentaient moins de 30% du total en 2019), ce qui augmente la vulnérabilité du pays en cas de remous sur les marchés financiers.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE