er
Eco Emerging // 1 trimestre 2021
economic-research.bnpparibas.com
1
0
Nous estimons l’excédent courant du Vietnam à 3,2% du PIB en 2020,
contre 3,8% en 2019. La hausse de l’excédent commercial a compensé
partiellement l’importante détérioration du déficit de la balance des
services (chute du tourisme) et la baisse des transferts des travailleurs
émigrés. Malgré la diminution des entrées de capitaux étrangers,
le Vietnam a continué d’accumuler des réserves de change, qui ont
atteint USD 89 mds en septembre, pour enfin couvrir plus de quatre
mois d’importations de biens et services. Le dong s’est légèrement
apprécié contre le dollar depuis la mi-2020.
SOUTIEN MONÉTAIRE
4
3
3
2
2
1
1
0
5
0
5
0
5
0
5
0
14
12
Crédit au secteur privé, g.a.,%
Taux directeur % (é.d.)
1
8
6
4
2
0
0
RALENTISSEMENT MODÉRÉ DE LA DEMANDE INTERNE
La croissance du secteur manufacturier a atteint 5,8% en 2020 contre
1
2
1,3% en 2019, et celle des services s’est établie à 2,3% contre 7,3% en
019. Alors que les secteurs liés au tourisme (6% du PIB) sont restés
sinistrés, les activités de services dépendant de la demande intérieure
se sont soit maintenues pendant la période de confinement (information
2
011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020
&
communications, santé), soit bien redressées depuis mai (commerce
en particulier). De fait, après leur contraction pendant le confinement
-27% en g.a. en avril), les volumes de ventes au détail ont rebondi dès
GRAPHIQUE 2
SOURCES : FMI, STATE BANK OF VIETNAM
(
la levée des restrictions, pour afficher une baisse inférieure à 1% sur
l’ensemble de 2020.
entre 2014 et 2019 (de plus de 5% du PIB à 3,3%) et une réduction de sa
dette entre 2016 et 2019 (de 47,6% du PIB à 43,4%, selon les données du
FMI). La crise de l’an dernier ne devrait qu’interrompre temporairement
cette tendance favorable. Le plan de soutien budgétaire a été modeste,
estimé à environ 3% du PIB, et le déficit ne dépassera pas 6% du PIB
en 2020. Il devrait diminuer dès 2021. Le gouvernement a financé ses
besoins sans difficulté, sur le marché obligataire local et en utilisant
ses réserves. Sa dette reste modérément élevée, estimée à près de 47%
du PIB fin 2020, et devrait se stabiliser en 2021.
Le marché du travail et les ménages vietnamiens ont été relativement
moins affectés par le choc de la Covid-19 que dans les autres pays de
la région, étant donné le rebond rapide de l’activité productive dès
le T2 2020. Selon la Banque mondiale, seuls 3% de la main d’œuvre
auraient perdu leur emploi l’an dernier. Cependant, 33% des ménages
auraient subi une perte de revenus (contre par exemple 79% en Indo-
nésie), les inégalités se sont creusées et les aides financières accordées
par le gouvernement se sont révélées plus faibles que prévu. En re-
vanche, le ralentissement de l’inflation des prix à la consommation (de
UN TEST IMPORTANT POUR LE SECTEUR BANCAIRE
3
,7% en g.a. au T4 2019 à 1,4% au T4 2020) a aidé les ménages.
La croissance de la consommation privée a finalement atteint 0,6% en Il existe un important maillon faible dans l’économie vietnamienne :
2
020, contre 7,4% en 2019. Elle devrait rebondir vigoureusement dans alors que les banques sont insuffisamment capitalisées et manquent de
les mois à venir, sans toutefois retrouver dès 2021 les niveaux affichés matelas de protection contre les chocs, les entreprises, en particulier
avant la crise. Le ralentissement de la croissance de l’investissement dans le secteur public, sont excessivement endettées (les crédits
a été beaucoup plus modéré (+4,1% en 2020 contre 7,9% en 2019). à l’économie représentaient 145% du PIB en 2020). Certaines de ces
D’une part, la perte de vigueur de l’investissement privé a été contenue institutions pourraient donc être sévèrement fragilisées, constituant
notamment grâce au maintien de solides perspectives d’exportations. alors une menace pour les finances publiques. Certes, la performance
En particulier, les IDE ont mieux résisté au Vietnam que dans le reste du secteur bancaire s’était améliorée en 2018-2019, notamment grâce
de la région. Selon les données de balance des paiements, les entrées au renforcement du cadre réglementaire, un profil de financements
d’IDE n’ont baissé que de 4% en g.a. sur les neuf premiers mois de 2020 plus solide et une meilleure qualité des nouveaux prêts. En outre,
et avaient déjà retrouvé au T3 leur niveau du T3 2019. D’autre part, depuis le début de la crise sanitaire, l’assouplissement monétaire
l’investissement public a été renforcé l’an dernier. L’accélération de la et règlementaire (baisse des taux d’intérêt, injection de liquidités,
mise en œuvre des projets d’investissement (la plupart déjà en cours allègement des règles macro-prudentielles) et les aides apportées
ou planifiés) a en effet constitué le volet le plus important du plan aux banques et à leurs clients (réaménagement des prêts) ont atténué
de soutien budgétaire vietnamien. Alors que les dépenses publiques les difficultés (graphique 2). Cependant, certaines entreprises sont
totales ont augmenté de 8% en g.a. sur les neuf premiers mois de 2020, affaiblies et rencontrent des problèmes de trésorerie, notamment dans
les dépenses en investissement (un quart du total) ont affiché une les secteurs du tourisme et des transports, et les créances douteuses
hausse de 40%.
dans les portefeuilles de prêts bancaires ont commencé à augmenter.
Leur hausse devrait s’accélérer quand les mesures de soutien prendront
fin dans le courant de l’année 2021. Dans ce contexte, certaines petites
banques privées en manque de fonds propres et de financements
stables pourraient faire face à d’importantes difficultés.
CHOC TEMPORAIRE SUR LES FINANCES PUBLIQUES
Les finances publiques se sont consolidées au cours des cinq années
précédant la crise de la Covid-19, laissant au gouvernement un peu
d’espace pour absorber le choc et soutenir l’activité. En effet, grâce à
une gestion plus disciplinée des dépenses, à la privatisation partielle
de certaines entreprises d’État et à la forte croissance économique, le
gouvernement a enregistré une baisse continue de son déficit budgétaire
Achevé de rédiger le 11 janvier 2021
Christine PELTIER
christine.peltier@bnpparibas.com
La banque
d’un monde
qui change