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Eco Emerging // 4 trimestre 2020 (achevé de rédiger le 28 septembre 2020)
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généré une baisse des taux sur le crédit aux entreprises que de 67 pb
et de 27 pb pour le crédit à la consommation. Ces taux restent donc
élevés même en termes réels (en moyenne 8% et 9,7% respectivement).
La croissance du crédit bancaire a continué de décélérer à seulement
IMPORTATIONS
Importations de biens de consommation
Importations de biens en capital
Importations de matériaux
Base 100 = déc. 2019
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% en g.a. en juillet 2020 contre 9,7% il y a un an.
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L’assouplissement monétaire reste néanmoins contraint par un autre
objectif de la banque centrale : la stabilisation du cours de la roupie.
Dans un contexte de recrudescence des cas de Covid-19 en août, les
tensions à la baisse sur la monnaie ont été telles que les autorités mo-
nétaires ont maintenu leurs taux directeurs inchangés lors du dernier
comité de politique monétaire.
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En dépit d’un environnement macroéconomique difficile, le secteur
bancaire indonésien semble bien résister à la crise actuelle. Fin juin,
les risques de crédit, bien qu’en hausse, restaient encore contenus.
Le ratio de créances douteuses n’était que de 3,1% (contre 2,5% en fin
d’année) alors que celui des prêts « special-mention », c’est-à-dire
ayant des retards de paiement inférieurs à 90 jours et/ou susceptibles
de se transformer en créances douteuses, avait baissé à 5,2% après
avoir atteint un point haut de 6,9% en avril. Ces bonnes statistiques
s’expliquent en partie par la possibilité pour les banques d’attendre le
T1 2021 pour classer les prêts en catégorie « créance douteuse ». La
qualité des actifs bancaires pourrait donc se dégrader à partir de cette
date. Mais les banques devraient pouvoir absorber la détérioration.
Leurs ratios de solvabilité restaient très satisfaisants (22,5% en juin) et
leur liquidité abondante (le ratio des prêts aux dépôts était de 89% en
juin). En revanche, les indicateurs de profitabilité se sont sensiblement
dégradés conjointement à la hausse des provisions et à la baisse des
taux d’intérêt.
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GRAPHIQUE 2
SOURCE : BI
dette car le marché obligataire domestique est insuffisamment déve-
loppé (17,4% du PIB).
ROUPIE SOUS PRESSION MALGRÉ LA CONSOLIDATION DES
COMPTES EXTÉRIEURS
Les comptes extérieurs de l’Indonésie restent solides. Au T2 2020, la
balance des paiements (hors variation des réserves de change) a af-
fiché un excédent de USD 9,2 mds, soit l’équivalent de 3,8% du PIB
annualisé. Le déficit du compte courant a continué de diminuer au T2,
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en dépit de la forte baisse des exportations , pour n’atteindre plus
que 1,2% du PIB en rythme annualisé (contre 3% du PIB au T2 2019).
FINANCES PUBLIQUES : LE DÉFICIT ENCORE CONTENU
Sur les sept premiers mois de l’année, le déficit budgétaire est resté Cette baisse du déficit courant s’explique principalement par la forte
contenu. Il n’a atteint que 31,8% de la cible annuelle révisée par le contraction des importations de produits pétroliers mais aussi de biens
gouvernement en juin 2020 à 6,34% du PIB. Cette relative bonne tenue d’équipement et de consommation, conjointement à la contraction de
des comptes publics, en dépit d’une baisse des recettes de 13,2% par la demande intérieure. Les premières statistiques disponibles pour le
rapport à la même époque de l’année dernière, s’explique essentiel- troisième trimestre confirment la bonne tenue du surplus commercial.
lement par des dépenses publiques extrêmement contenues. En effet, Sur l’ensemble de l’année 2020, le déficit courant devrait être contenu
ces dernières n’ont augmenté que de 1,3% et s’élevaient à seulement à 1,2% du PIB selon la Banque centrale.
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5,7% de l’objectif annuel. Néanmoins, le gouvernement estime que les
Au T2 2020, le surplus du compte financier a augmenté sous l’impul-
sion d’une hausse des investissements de portefeuille après les impor-
dépenses publiques devraient être engagées au S2.
Les émissions de dette du gouvernement ont été souscrites à hauteur tantes sorties de capitaux enregistrées au T1 2020. En revanche, les
de 62,4% par les banques privées et, dans une moindre mesure, par investissements directs étrangers, déjà modestes, ont baissé encore
les banques publiques (25,4%). Bien qu’en hausse, les achats par la davantage pour n’atteindre plus que 1,7% du PIB au T2. Ils sont néan-
banque centrale ont été, jusqu’à présent, relativement limités (10,4%). moins suffisants pour couvrir le déficit courant.
Néanmoins, l’augmentation attendue des dépenses pour la deuxième
partie de l’année devrait être principalement financée par des émis-
sions de dette à taux d’intérêt nuls achetée par la banque centrale sur
le marché primaire pour un montant de IDR 575 trn (i.e. 47,1% du dé-
ficit prévisionnel annuel). Officiellement, le gouvernement a annoncé
que seules les dépenses sociales et de santé seraient couvertes par la
banque centrale. Toutefois, cette dernière restera le prêteur en dernier
ressort du gouvernement pour l’ensemble de l’année 2020.
La dette extérieure reste contenue à 36,5% du PIB (2019). La position
extérieure nette du pays est débitrice de 22,5% du PIB, mais principa-
lement en raison du stock d’investissements directs étrangers (18,2%
du PIB). Fin juillet, les réserves de change s’élevaient à USD 127 mds
(
+USD 5 mds depuis la fin de l’année 2019) soit l’équivalent de 7 mois
d’importations ou 1,5 fois les besoins de financement à court terme du
pays. Néanmoins, l’Indonésie reste vulnérable aux sorties de capitaux
:
en 2019, le flux d’investissements de portefeuille a atteint 2% du PIB.
Fin juin 2020, la dette du gouvernement était contenue à 35,5% du PIB, Ainsi, en période de forte volatilité sur les marchés financiers, comme
bien qu’elle ait augmenté de 5 points de pourcentage au S1. La struc- cela fut le cas au cours des derniers mois, l’Indonésie a enregistré d’im-
ture de la dette est, en revanche, plus risquée que dans d’autres pays, portants mouvements de capitaux lesquels ont généré une forte vola-
tels que l’Inde. En effet, 37,9% de la dette indonésienne est libellée tilité de la roupie. Fin septembre, la roupie était dépréciée de 6,7% face
en devises et reste détenue à hauteur de 58,2% par les investisseurs au dollar par rapport à sa valeur du début d’année.
étrangers. Le gouvernement était, jusqu’à présent, fortement dépen-
dant des investisseurs étrangers pour assurer le financement de sa
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Sur les huit premiers mois de 2020, les prix des matières premières exportées ont baissé en
moyenne de 4,7% (-17,3% pour le charbon, -11,4% pour le caoutchouc, -8,7% pour l’aluminium, -5% pour le cuivre).
La banque
d’un monde
qui change