Eco Perspectives

Parti pour rester ?

17/04/2019

Trois ans après s’être prononcé par référendum pour une sortie de l’Union européenne (UE) et moyennant une procédure de divorce de deux ans, le Royaume-Uni a finalement décidé… de ne rien décider. Ayant échoué par trois fois à faire ratifier par la Chambre des communes l’accord de retrait conclu avec les 27 partenaires européens, la Première ministre britannique, Mme Theresa May, n’a eu d’autre choix que demander un report du Brexit. Ce que les 27 lui ont accordé, par deux fois.

Croissance et inflation

D’abord repoussée au 12 avril, la date limite de sortie du Royaume-Uni de l’UE est désormais fixée au 31 octobre 2019, qui ne marque pas seulement la fête d’Halloween mais aussi la fin de mandat officielle de la Commission « Juncker ». D’ici là, le champ des possibles reste vaste (voir schéma).

Champ (non exhaustif) des possibles

Si le Conseil européen exclut toute réouverture de l’accord de retrait, il offre la possibilité à la Chambre des communes de le ratifier à tout moment jusqu’au 31 octobre 2019, la sortie devenant effective le premier jour du mois suivant. Toutefois, seule une approbation avant le 22 mai minuit (pour une sortie le 1er juin) permettrait aux Britanniques d’éviter de participer aux élections européennes. Un « non » à tout (à l’accord, aux élections…) ré-ouvrant la possibilité d’un « no deal » après le 31 mai, il devient plus que probable que le Royaume-Uni joue les prolongations dans l’UE. Ce qui implique de lui réattribuer 73 sièges au Parlement européen, quitte à les supprimer ou les redistribuer après le 31 octobre, selon un schéma déjà arrêté (où la France récupérerait, par exemple, 5 sièges).

Cette forme d’intérim constituant, bien sûr, une première, le Conseil a voulu se prémunir du blocage des institutions en enjoignant le Royaume-Uni à « s'abst[enir] de toute mesure susceptible de mettre en péril la réalisation des objectifs de l'Union, en particulier lorsqu'il participe aux processus décisionnels […]». De fait, la question du Brexit n’a sans doute pas fini d’interférer dans les débats. Si elle n’est pas nulle, la probabilité de voir l’accord de retrait finalement ratifié par le Parlement britannique reste faible. Il ressort des votes indicatifs à la Chambre des communes que le maintien dans l’union douanière, permettant une forme de Brexit « adoucie », est la mieux à même d’emporter la majorité. Un vote de l’Accord retenant cette option est théoriquement possible[1], mais il serait nécessairement bipartisan. La majorité, déjà fragile, de Mme May aurait beaucoup de difficulté à lui survivre.

La tenue d’élections européennes et/ou la possibilité que celles-ci soient suivies d’élections générales anticipées pourraient aussi donner l’occasion de reposer la question du Brexit. A moins que, toujours dans l’impasse, le Royaume-Uni demande une fois de plus à différer sa sortie, au-delà du 31 octobre.

[1] Moyennant sans doute quelques ajustements apportés à la déclaration politique.

LES ÉCONOMISTES EXPERTS AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
L’inconfort persiste malgré des signes encourageants

L’inconfort persiste malgré des signes encourageants

Les données récentes sur la Chine et la zone euro indiquant une stabilisation de la croissance ont été accueillies avec soulagement. Aux États-Unis, la croissance devrait rester à un niveau satisfaisant à court terme malgré le ralentissement [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
Inversion vaut-elle récession ?

Inversion vaut-elle récession ?

Si elle ralentit, la croissance économique des Etats-Unis conserverait un rythme somme toute enviable en 2019. Le Fonds monétaire international la situe encore à 2,3%, un chiffre qui, toutefois, contraste avec un discours de plus en plus prudent [...]

LIRE L'ARTICLE
Zone euro
Freins externes, espoirs internes

Freins externes, espoirs internes

Le secteur manufacturier de la zone euro souffre de la baisse de la croissance du commerce international et du niveau toujours élevé des incertitudes [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Coup de blues dans l’industrie

Coup de blues dans l’industrie

Depuis le milieu de l’année 2018, l’activité économique a quasiment stagné, en grande partie sous l’effet du ralentissement du commerce international [...]

LIRE L'ARTICLE
France
Une goutte de stabilisation dans un océan d’incertitudes

Une goutte de stabilisation dans un océan d’incertitudes

Les enquêtes sur le climat des affaires donnent des signes de stabilisation. Les données d’activité pour janvier et février sont plutôt positives [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Récession à court terme, défi démographique à long terme

Récession à court terme, défi démographique à long terme

L’Italie, qui a vu sa production industrielle baisser continûment en 2018, est en récession pour la troisième fois en dix ans. La demande intérieure a déçu, les ménages comme les entreprises restant extrêmement prudents [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
La croissance résiste

La croissance résiste

Dans un environnement économique morose, la croissance espagnole est l’une des plus résistantes de la zone euro, et commence l’année 2019 sur une tendance assez dynamique [...]

LIRE L'ARTICLE
Chine
Que voir dans la multiplication des défauts des entreprises ?

Que voir dans la multiplication des défauts des entreprises ?

Les entreprises industrielles ont souffert du resserrement de leurs conditions de crédit en 2017 et début 2018, puis du ralentissement de leur activité et de leur chiffre d’affaires [...]

LIRE L'ARTICLE
Inde
Bilan économique à la veille des élections

Bilan économique à la veille des élections

Après bientôt cinq années au pouvoir, le bilan de Narendra Modi est globalement positif même si la dernière année de son mandat a été difficile avec un ralentissement de la croissance au T3 2018/19 [...]

LIRE L'ARTICLE
Brésil
Redressement à retardement

Redressement à retardement

Les espoirs suscités par l’élection de Jair Bolsonaro sont retombés. Au premier trimestre 2019, certains indicateurs font état d’une possible contraction de l’activité alors même que les indices de confiance semblaient s’améliorer [...]

LIRE L'ARTICLE
Russie
Une croissance sous contraintes

Une croissance sous contraintes

La croissance économique a ralenti sur les premiers mois de 2019 et serait proche de son potentiel (1,5%) selon la banque centrale [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Ciel pâle

Ciel pâle

L’activité économique reste peu dynamique et le ralentissement observé en 2018 devrait perdurer. Début 2019, l’activité dans le secteur manufacturier du pays s’est, d’ailleurs, dégradée [...]

LIRE L'ARTICLE