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EcoPerspectives // 2 trimestre 2020
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Pays-Bas
Plan d’urgence pour protéger les emplois et les entreprises
Après la mise en confinement restreint des Pays-Bas, la confiance des chefs d’entreprises s’est effondrée. Afin de limiter les
répercussions sur l’économie, le gouvernement a annoncé un plan complet de mesures visant à protéger les emplois et les
entreprises. Le pays bénéficie, en effet, d’une position budgétaire favorable, qui lui confère une puissance de feu suffisante. Quoi
qu’il en soit, chaque mois de confinement pourrait amputer la croissance du PIB d’environ 2 points. En cas de redressement rapide
de l’économie néerlandaise, le repli du PIB pourrait être contenu aux environs de 3,5 % en 2020.
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La confiance plonge en mars
1
- Croissance et inflation
(
g.a., %)
Suite à l’épidémie de coronavirus, le climat économique s’est
sérieusement dégradé. La confiance des chefs d’entreprises s’est
effondrée en mars, ces derniers anticipant une forte baisse de
l’activité. En particulier, les secteurs orientés vers la consommation,
comme le commerce de détail, l’hôtellerie et le voyage ont fait état
d’une détérioration notable du climat des affaires. Dans le secteur
manufacturier, les entreprises continuent de signaler des carnets de
commandes bien remplis ainsi qu’un niveau bas des stocks de
produits finis. Cependant, ces signaux positifs vont probablement
disparaître avec l’entrée du pays en confinement.
Croissance du PIB
Prévisions
Inflation
Prévisions
6
5
4
5.5
3
2
1
0
1
2.7
2.7
1.7
1.6
1.7
0.4
-
-2
-
3
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Un plan d’urgence
-4
-
3.5
2
018
2019
2020
2021
2018
2019
2020
2021
Le gouvernement a pris une série de mesures en faveur des
salariés, des indépendants et des entreprises. Pour préserver les
revenus des salariés, un régime d’une durée de trois mois a été
annoncé. Les entreprises, qui s’attendent à une baisse d’au moins
Source : BNP Paribas Global Markets
des garanties de prêt et autres mesures de soutien au cours des
prochains trimestres.
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0 % de leur chiffre d’affaires, pourront ainsi demander une
subvention allant jusqu’à 90 % des salaires versés au personnel
permanent ou aux intérimaires, à la condition de ne procéder à
aucun licenciement. Les travailleurs indépendants pourront
percevoir une aide pouvant aller jusqu’à EUR 1 500 par mois.
■ Les baisses de production pourraient être
importantes
Suite au confinement, l’activité devrait se contracter dans bon
nombre de secteurs. Cette mesure affecte, en particulier, les
secteurs des services, comme l’hôtellerie, le tourisme et les
services à la personne. D’autres secteurs, comme l’industrie
manufacturière, pourraient être touchés en raison de la rupture des
chaînes d’approvisionnement et de l’effondrement de la demande.
Selon les estimations du Bureau central du Plan (CPB), en cas de
confinement d’une durée de trois mois, l’activité économique
pourrait accuser un repli de 10 % à 15 % au T2. Dans ce scénario,
la croissance du PIB se contracterait de 1,2 % en 2020, contre une
progression de 1,4 %, selon les estimations de début mars. Le
déficit public s’élèverait à 1,3 % du PIB, alors que le CPB prévoyait
auparavant un excédent de 1,1 % du PIB.
Pour éviter les problèmes de liquidité, les entreprises qui auront du
mal à obtenir un prêt ou une garantie auprès d’un établissement de
crédit pourront bénéficier de la garantie de l’État. Les jeunes
entreprises se verront accorder un moratoire de six mois sur le
remboursement de leur crédit. De plus, les sociétés pourront
demander un report de paiement de l’impôt.
Les coûts budgétaires du plan d’urgence sont considérables, de
l’ordre de EUR 10 à 20 mds par trimestre. Selon les estimations du
gouvernement, le coût du dispositif de chômage partiel pourrait déjà
s’élever en soi à EUR 10 mds, si 25 % des employeurs y
recouraient pour 45 % de la masse salariale sur une durée de trois
mois, un coût abordable même si la crise dure plusieurs trimestres.
En 2019, l’excédent budgétaire s’est élevé à EUR 14 mds (1,7 % du
PIB) et la dette publique se montait à peine à 48,6 % du PIB.
Le CPB pourrait avoir sensiblement sous-estimé les conséquences
économiques du confinement. Selon les estimations de l’OCDE,
chaque mois de confinement pourra amputer la croissance du PIB
d’environ 2 points. En cas de confinement restreint d’une durée de
presque deux mois et de redressement rapide, le PIB pourrait
enregistrer une contraction de près de 3,5 % en 2020, ce qui en
ferait la récession la plus sévère depuis la Deuxième Guerre
mondiale.
En raison de la crise, la dette publique va rapidement augmenter
dans les prochains mois : les recettes fiscales vont, en effet,
diminuer tandis que les prestations de sécurité sociale sont
appelées à augmenter. De plus, l’État pourrait avoir à renforcer sa
participation dans les sociétés en difficulté. Les finances publiques
sont heureusement en bonne santé. Le principal problème pourrait
venir de la mise en œuvre, dans de bonnes conditions d’efficacité,