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Eco Emerging // 3 trimestre 2022
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CORÉE DU SUD
PLUTÔT POSITIF
Grâce à ses solides fondamentaux macroéconomiques, la Corée du Sud figure parmi les pays ayant le mieux résisté à
la crise liée à l’épidémie de Covid-19. Ses perspectives de croissance restent relativement bien orientées. Le nouveau
gouvernement, en fonction depuis le mois de mai dernier, a l’intention de poursuivre les réformes engagées au cours
du précédent mandat et d’accroître les dépenses de recherche et développement. La dette des ménages a augmenté
rapidement en 2021 et est élevée, mais les mesures macro-prudentielles mises en place par les autorités semblent
porter leurs fruits : la hausse a ralenti et les risques qui pèsent sur la stabilité financière sont contenus.
ENVIRONNEMENT EXTERNE DÉFAVORABLE À LA CROISSANCE
PRÉVISIONS
La Corée du Sud a bien résisté à la crise liée à l’épidémie de Covid-19.
En 2020, le PIB a reculé de moins de 1%. En dépit de plusieurs vagues
2
019
2020
2021 2022e 2023e
de contaminations, l’efficacité des politiques mises en place (y compris
la campagne de vaccination) a permis de ne pas entraver la reprise
de l’activité et de maintenir la stabilité financière du pays. Le PIB réel
a retrouvé son niveau du T4 2019 dès le premier trimestre 2021 et
a progressé de 4% en 2021. Les perspectives à moyen terme restent
favorables.
PIB réel, variation annuelle, %
Inflation, IPC, moyenne annuelle, %
Solde budgétaire, % du PIB
1,8
0,4
-0,9
0,4
4,0
2,5
2,7
4,6
2,1
2,6
-0,6
39,5
3,6
-5,8
44,0
4,6
-4,4
47,4
4,9
-4,2
49,8
2,8
-4,5
52,1
2,5
Dette des adm. publiques, % du PIB
Balance courante, % du PIB
La croissance économique devrait toutefois ralentir en 2022. Elle
a atteint 2,9% en g.a. au T1 contre 4,2% au trimestre précédent : les
exportations ont continué leur progression vigoureuse (+7,3% en g.a.
au T1 2022, après 7,9% en g.a. au T4 2021), tirées par la demande
mondiale de semiconducteurs. La consommation privée a en revanche
marqué le pas, pénalisée par de nouvelles restrictions (+4,3% en g.a. au
T1 2022, après 6,2% en g.a. au T4 2021).
Dette externe, % du PIB
28,4
404
7,5
30,1
408
7,5
31,8
463
7,3
30,8
450
6,9
29,8
465
7,4
Réserves de change, mds USD
Réserves de change, en mois d'imports
E: ESTIMATIONS ET PRÉVISIONS
TABLEAU 1
SOURCE : BNP PARIBAS RECHERCHE ECONOMIQUE GROUPE
Avec la dégradation de l’environnement international, l’activité a ra-
lenti davantage au T2 2022 et l’inflation a continué d’accélérer. L’indice
des nouvelles commandes à l’exportation a enregistré une forte chute
en avril et restait fin juin inférieur au niveau du mois de mars. Les
exportations ont ralenti (enregistrant une progression de 13,2% en g.a.
après 18,4% en g.a. au T1) et l’indice PMI manufacturier s’est tassé au
cours du trimestre. L’inflation a atteint 5,4% en g.a. en mai, soit le taux
le plus élevé depuis plus de dix ans.
CORÉE DU SUD : CONTRIBUTION À LA CROISSANCE RÉELLE DU PIB
Conso. privée
FBCF
Conso. publique
Exports nettes
PIB (g.a., %)
pp
8
Variation de stocks
6
4
D’une part, les confinements imposés en Chine au printemps 2022 dans
le cadre de sa politique « zéro covid » ont pesé sur les exportations
et la production coréennes (en perturbant l’approvisionnement
en biens intermédiaires). D’autre part, bien que les conséquences
directes de la guerre en Ukraine restent modérées pour la Corée (les
liens commerciaux et financiers avec les deux pays belligérants sont
limités, et la dépendance énergétique vis-à-vis de la Russie est faible),
les conséquences indirectes du conflit pèsent sur la croissance. Le
ralentissement de la demande mondiale freine les exportations et,
surtout, la hausse des prix de l’énergie et des matières premières
agricoles renforce l’inflation coréenne et ralentit la croissance de la
consommation privée et de l’investissement.
2
0
-2
-
-
4
6
2016
2017
2018
2019
2020
2021
2022
GRAPHIQUE 1
SOURCE : BANQUE CENTRALE
de soutien, à deux reprises depuis le début de l’année 2022 pour un
montant total proche de 5% du PIB. Les objectifs en termes de consoli-
dation budgétaire ont donc été revus à la baisse : le déficit est à présent
CONSOLIDATION BUDGÉTAIRE PLUS LENTE QUE PRÉVU
Depuis 2020, les autorités ont profité des larges marges de manœuvre attendu à 3,3% du PIB en 2022 (après 4,4% en 2021) contre 2,5% précé-
dont ils disposaient pour massivement soutenir l’économie. Au total, demment. Le ralentissement de la croissance et la persistance de pres-
les mesures de soutien ont représenté près de 10% du PIB au cours des sions inflationnistes nous poussent à penser que de nouvelles mesures
deux dernières années, et le FMI estime que d’autres mesures, pour de soutien seront annoncées au troisième trimestre 2022. Nous atten-
un montant également proche de 10% du PIB, ont été financées hors dons un déficit en légère baisse, mais supérieur à 4% du PIB en 2022.
budget.
La reprise épidémique au premier trimestre et les pressions inflation-
nistes ont poussé le gouvernement à annoncer de nouvelles mesures
La banque
d’un monde
qui change