En 2019, les gains de pouvoir d’achat des ménages français sont attendus en forte hausse. D’après nos prévisions, ils seraient proches de 2,5 %, soit la progression la plus importante depuis 2007.
Ce gain important a plusieurs origines. Les baisses d’impôts sont la partie la plus visible mais le soutien aux revenus d’activité et les revalorisations de prestations sociales sont également déterminants.
Le reflux de l’inflation y participe aussi mais il constitue un facteur réversible, notamment si la remontée actuelle des prix du pétrole se poursuivait.
Le pouvoir d’achat des ménages est, de manière récurrente, au cœur des débats en France. L’attention particulière dont il fait l’objet aujourd’hui est à mettre en regard de la décennie écoulée au cours de laquelle il a très peu progressé. Cette faiblesse constitue l’un des facteurs explicatifs du malaise social actuel, exprimé par le mouvement des « gilets jaunes ». Une partie de la réponse se trouve donc dans un redressement du pouvoir d’achat, notamment au travers de baisses d’impôts.
Trois salves de mesures ont été prises en ce sens : celles inscrites aux budgets 2018 et 2019, les mesures d’urgence économiques et sociales (MUES) votées fin décembre 2018, et les mesures postérieures au grand débat national annoncées le 25 avril 2019 lors de la conférence de presse d’Emmanuel Macron. Les deux premières salves soutiennent des gains de pouvoir d’achat proches de 2,5% en 2019 d’après nos prévisions (après 1% en 2018). En 2020, le pouvoir d’achat sera encore soutenu par une partie de ces premières mesures auxquelles viennent s’ajouter les dernières en date. Selon un tout premier chiffrage, notre prévision de hausse du pouvoir d’achat gagne ainsi 0,5 point, passant de 1% à 1,5%.
Avant d’aller plus loin, le terme « pouvoir d’achat » nécessite d’être défini. Largement employé, il n’a pas le même sens pour tous. Il recouvre des situations individuelles très différentes et éloignées de l’indicateur macroéconomique de référence défini par la comptabilité nationale, ce qui contribue au décalage, parfois important, entre le vécu et le ressenti de chacun et les chiffres agrégés.
Au sens de la comptabilité nationale, il s’agit d’une mesure du revenu disponible brut (RDB) réel. Le revenu est dit « disponible » car c’est la part qui reste à la disposition des ménages après le paiement de leurs impôts et cotisations (dont le poids dans le revenu avant impôts est légèrement supérieur à 20%). Le revenu avant impôts (RAI) est constitué pour l’essentiel des revenus d’activité, qui en représentent près de 60%. S’y ajoutent les prestations sociales (environ 30%) et les revenus du capital (15%). Ensuite, le revenu est « brut » car non corrigé de la consommation de capital fixe liée aux activités des entrepreneurs individuels et à la détention d’un logement. Enfin, il est dit « réel » une fois corrigé des prix. Les gains de pouvoir d’achat se mesurent ainsi par la différence entre le taux de croissance du RDB nominal et l’inflation[1].