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Eco Emerging // 3 trimestre 2022
economic-research.bnpparibas.com
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ment, l’appréciation du dollar US (auquel le rial est ancré) par rapport
aux principales devises mondiales est un facteur important de modé-
ration de l’inflation.
ARABIE SAOUDITE : BILAN SIMPLIFIÉ DES BANQUES COMMERCIALES
Crédits au secteur privé
Créances sur le gouvernement
Dépôt s
g.a., %
mds USD
RETOUR DES EXCÉDENTS ET RÉFORMES BUDGÉTAIRES
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En 2022, les finances publiques saoudiennes devraient enregistrer
leur premier excédent depuis 2013. Les changements sur le marché
mondial du pétrole entre 2015 et 2019, puis les conséquences de la
pandémie sur l’activité en 2020, ont pesé lourdement sur les revenus
budgétaires pétroliers. Le déficit budgétaire a atteint en moyenne 9,9%
du PIB entre 2015 et 2020. Après un budget quasiment à l’équilibre en
Position extérieure nette (é.d.)
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021, la hausse des revenus pétroliers devrait entraîner un excédent
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de 10,8% du PIB en 2022. En supposant le maintien des prix élevés du
pétrole en 2023, l’excédent devrait atteindre 8,5% du PIB.
La difficile période 2015-2020 a eu des conséquences positives sur les
finances publiques en obligeant le gouvernement à prendre des me-
sures de consolidation et de diversification des revenus. L’introduction
de la TVA en 2018 et la hausse à 15% de son taux en 2020 sont les
principales mesures de diversification. Ainsi, la part des taxes sur les
biens et services est passée de 7% des revenus budgétaires totaux en
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2011 2012 2013 2014 2015 2016 2017 2018 2019 2020 2021 2022
GRAPHIQUE 2
SOURCES : BANQUE CENTRALE, BNP PARIBAS
de 2008. Par ailleurs, le ratio de la liquidé bancaire excédentaire placée
à la banque centrale (titres et contrats REPO), en pourcentage de la
masse monétaire (M2), est actuellement à un plus bas historique (1,9%
en mai contre 5,8% en moyenne en 2021). Afin de réduire les tensions
sur la liquidité, la banque centrale a injecté USD 13 mds (2,2% des
dépôts bancaires totaux) en dépôts à terme dans le système bancaire
en juin 2022.
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017 à 26% en 2021. Par ailleurs, la discipline budgétaire s’est sensi-
blement renforcée avec la mise en place d’un plan de maîtrise des dé-
penses publiques à moyen terme. Ainsi, les dépenses du gouvernement
devraient être équivalentes à environ 32% du PIB durant la période
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021-23 contre 37% en moyenne entre 2015 et 2020. Les dépenses
courantes devraient légèrement augmenter, tandis que les dépenses
d’investissement devraient continuer de décliner. Dans ce domaine,
la volonté du gouvernement est de transférer une partie des inves-
tissements vers le fonds souverain PIF, ainsi que de développer les
partenariats avec le secteur privé. Cet ensemble de facteurs se traduit
par une forte baisse du prix du baril de pétrole qui permet d’équilibrer
le budget. Celui-ci est passé de 91USD/baril en moyenne en 2014-18
à 63 USD/baril attendu en 2022. Dans ce contexte, les performances
budgétaires devraient être moins exposées à la volatilité du marché
pétrolier, même si la dépendence budgétaire aux revenus pétroliers
restera importante à moyen terme.
La principale cause de ces tensions est le découplage, depuis mars
020, entre la hausse du crédit au secteur privé (+14,4% en moyenne)
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et celle des dépôts (+9,4% en moyenne). Mécaniquement, si les banques
ne se procurent pas d’autres ressources (en émettant des titres sur
le marché local par exemple), cet écart entraînera une détérioration
de la position extérieure nette des banques qui devront se procurer
des ressources à l’extérieur pour répondre à la demande de crédit. Les
créances nettes des banques sur l’extérieur ont atteint USD 8,9 mds
en mai 2022 contre USD 30 mds mi-2020. La hausse du crédit est par-
ticulièrement forte pour le crédit à la consommation (+17% en g.a. en
Avec le retour des excédents budgétaires, la dette du gouvernement
devrait se réduire. Toutefois, en raison d’une gestion active de la dette,
la réduction sera plus lente que ne le laissent supposer les excédents
budgétaires attendus. Après un maximum de 32% du PIB atteint en
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021) et le crédit à l’immobilier, qui représente 29% du crédit au sec-
teur privé (+28% en T1 2022).
Par ailleurs, le changement de gestion de l’excédent budgétaire par
le gouvernement pourrait amplifier cette déconnexion entre emplois
et ressources bancaires au niveau national. Afin de limiter les effets
de surchauffe causés par l’injection de liquidités liée aux revenus
pétroliers, les excédents de trésorerie seront logés dans un compte
courant du gouvernement à la banque centrale, alors qu’une partie
était auparavant déposée dans des banques. Pour le moment, les
effets de cette politique ne sont pas visibles, et la part des dépôts
du gouvernement dans les dépôts bancaires totaux est restée stable
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020, la dette du gouvernement devrait atteindre 24% du PIB en 2023.
Même en situation d’excédent budgétaire, le gouvernement continue
d’émettre de la dette afin d’en optimiser le profil, d’en allonger la ma-
turité moyenne (déjà passée de 7,9 à 9,5 ans entre 2018 et 2021) et
d’en réduire le coût (de 2,91% à 2,77% entre 2018 et 2021). La solvabi-
lité du gouvernement s’améliore donc, même si ses actifs nets restent
relativement modestes. Les avoirs gouvernementaux détenus par la
banque centrale (a priori les plus liquides) étaient équivalents à 18%
du PIB en 2021, tandis que les actifs détenus par le fonds souverain PIF
étaient estimés à environ 55% du PIB en 2021.
(
26% en mai 2022). À moyen terme, cette politique devrait contribuer
à réduire la dépendance de l’activité économique vis-à-vis de la
conjoncture pétrolière. À court terme, cependant, si cela entraîne un
ralentissement du crédit au secteur privé par manque de ressources
locales et par volonté de ne pas déséquilibrer la position extérieure
TENSIONS SUR LA LIQUIDITÉ INTÉRIEURE
Paradoxalement, des tensions sur la liquidité interbancaire sont ap- nette des banques, cela pourrait constituer un frein à la croissance du
parues depuis le début de l’année malgré l’augmentation des revenus PIB hors hydrocarbures.
pétroliers (qui sont traditionnellement associés à une liquidité accrue
dans l’économie). Le taux d’intérêt interbancaire (SAIBOR) a fortement
augmenté depuis le début de l’année (de 0,9% jusqu’à un maximum de
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Achevé de rédiger le 1 juillet 2022
Pascal DEVAUX
pascal.devaux@bnpparibas.com
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,3% fin juin) et a atteint son plus haut niveau depuis la crise financière
La banque
d’un monde
qui change