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Zone euro : l’inflation au plus haut depuis 2008

05/10/2021
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Estimation flash

Depuis la fin 2020, l’inflation dans la zone euro remonte de façon quasi verticale. Il y a un an, elle était légèrement négative en glissement annuel ; en septembre 2021, selon l’estimation préliminaire d’Eurostat, elle s’élevait à 3,4%, un plus haut depuis septembre 2008. Cette remontada est particulièrement vive en Allemagne, suivie de l’Espagne, et, dans une moindre mesure, de l’Italie et de la France. En Allemagne, l’évolution de l’inflation porte la trace de l’abaissement temporaire de la TVA au second semestre 2020. En Espagne, la hausse des prix de l’énergie est notamment accentuée par un niveau de TVA sur l’électricité plus élevé que dans la plupart des autres pays européens. L’actualisation des pondérations dans l’indice des prix a également joué un rôle important en début d’année.

Cette poussée signifie-t-elle que l’inflation est de retour ? Non, pas pour l’instant en tout cas, la hausse des prix n’étant ni généralisée ni auto-entretenue. L’inflation sous-jacente est moins élevée (1,9%). La hausse de l’inflation est, pour l’essentiel, le résultat d’une déformation relative, que l’on pense temporaire, des prix. Un effet de base important dû aux prix du pétrole est à l’œuvre. Il est accentué par la forte progression récente des prix du gaz. S’y ajoutent l’effet des contraintes d’offre sur le prix d’un certain nombre de matières premières et d’intrants industriels et l’effet du surcroît de demande en sortie de confinement sur certains produits.

Ces facteurs de hausse devraient se dissiper en 2022 mais avant de refluer, l’inflation devrait encore grimper d’ici la fin de l’année. Nous prévoyons qu’elle atteigne son pic au T4 (frôlant 4% en glissement annuel). Et aussi temporaire et circonscrite soit-elle, cette poussée d’inflation n’est pas sans conséquences sur les marges des entreprises et le pouvoir d’achat des ménages, et donc sur la croissance. La transmission à l’ensemble des prix à la consommation, l’enclenchement d’une boucle prix-salaires sur fond des fortes difficultés de recrutement, entraînant un dérapage plus durable de l’inflation, est un autre point d’attention mais il n’y a pas encore de signes en ce sens.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE