Aussi la réunion de la BoJ à la fin du mois revêt-elle une importance toute particulière. Elle pourrait aboutir à l’adoption d’une politique de « contrôle de la pente de la courbe » par laquelle la Banque centrale chercherait non seulement à conserver le contrôle du niveau des taux d’intérêt sur l’ensemble de la courbe (contrôle de la courbe de taux) mais aussi sur l’écart de taux entre, par exemple, les emprunts à 40 ans et à 10 ans ou ceux assortis d’échéances inférieures (contrôle de la pente de la courbe de taux). À cette fin, les achats de JGB pourraient se concentrer sur la partie courte de la courbe, laissant la possibilité aux rendements de remonter sur les très longues échéances, ou, tout au moins, de ne pas baisser. Est-ce que c’est ce qui va réellement se passer ? Cela reste à voir, mais on peut en douter : les investisseurs avides de rendement pourraient être tentés de saisir cette opportunité d’achat dès que les rendements sur les longues échéances seront légèrement plus attractifs.
L’adoption d’une telle politique par la BoJ aurait également son importance pour le reste du monde. Tout d’abord, parce que les décisions prises au Japon peuvent avoir des effets d’entraînement dans les autres pays. Lors de la publication de son calendrier d’achats d’obligations pour le mois d’octobre, la BoJ a précisé qu’elle effectuerait moins de rachats que d’ordinaire sur la partie longue de la
courbe[3], ce qui a suffi à provoquer une hausse des rendements des Treasuries. Ensuite, les décisions de la BoJ seront suivies de près en Europe. Avec des taux d’intérêt résolument en territoire négatif, même sur les longues échéances, dans de nombreux pays de la zone euro, et une inflation qui reste à un niveau bien inférieur à l’objectif de la BCE, la thèse selon laquelle la zone euro suit la même trajectoire que le Japon (japonisation) fait de plus en plus d’émules : « pour savoir où en sera la zone euro dans deux ans, il suffit de voir où en est le Japon aujourd’hui ! ». De ce point de vue, si la Banque du Japon devait opter pour une politique de « contrôle de la pente de la courbe de taux », cela aurait pour conséquence d’intensifier le débat dans la zone euro sur les effets indésirables de la politique de la BCE pour les fonds de pension et les compagnies d’assurance.