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Eco Emerging // 4 trimestre 2020 (achevé de rédiger le 28 septembre 2020)
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répondre rapidement à la demande des pays partenaires quand celle-ci
a commencé à se redresser). La Chine a ainsi augmenté sa part dans les
exportations mondiales (environ 14% au S1 contre 13,3% en 2019). Avec
la baisse des importations en valeur (les volumes augmentent mais les
effets-prix restent négatifs), l’excédent commercial s’est renforcé ces
derniers mois. La Chine est loin d’atteindre le niveau d’achats de biens
américains prévu par son accord de « Phase 1 » signé avec Washington
en début d’année (ses importations sur les sept premiers mois de 2020
représentaient un peu moins de la moitié du montant ciblé sur cette
période, selon les estimations du Peterson Institute for International
Economics), mais cet accord n’est actuellement remis en cause par
aucune des deux parties.
LES TAUX DE CHÔMAGE OFFICIELS SOUS-ESTIMENT LE CHOC DU T1
7%
Taux de chômage urbains:
basé sur les inscrits
basé sur les sondages
basé sur les sondages, 31 villes
6
5
4
3
2
LA CONSOMMATION PRIVÉE TOUJOURS CONTRAINTE
La consommation privée montre des signes d’amélioration mais
semble encore loin d’un retour à la normale. Les ventes au détail
ont certes affiché un taux de croissance légèrement positif en g.a.
au mois d’août pour la première fois de l’année (+0,5%), mais elles
étaient toujours en baisse en volume (-1,1%) et encore loin de leur
niveau de 2019 sur les huit premiers mois de l’année (-8,6% en g.a.).
Le commerce électronique a continué de gagner en importance. Le
montant des ventes de biens par internet a augmenté de 16% en g.a.
en août et équivalait à 36% des ventes au détail au S1 2020, contre 25%
en 2019. De toute évidence, les ménages restent inquiets. Après s’être
effondré tout au long du premier semestre, l’indice de confiance des
consommateurs a commencé à remonter en juillet, mais reste bien en
dessous des niveaux de 2018-2019. Cette méfiance est liée au risque
sanitaire ainsi qu’à la dynamique du marché du travail.
2014
2015
2016
2017
2018
2019
2020
GRAPHIQUE 2
SOURCES : MINISTÈRE DES RESSOURCES HUMAINES ET
DE LA SÉCURITÉ SOCIALE, NBS
la dégradation du marché du travail s’illustre aussi par une montée
significative des emplois précaires (temps partiel, travailleurs
indépendants, commerçants en ligne, etc.), en partie encouragée par
les autorités.
Conséquence de ces dynamiques, le revenu disponible moyen par tête
a baissé de 1,3% en g.a. en termes réels au S1 2020 (la baisse de 3,9%
au T1 a été suivie d’une légère amélioration au T2). Cette évolution
a résulté de la baisse du salaire réel ainsi que de l’effondrement
des revenus nets d’entreprises (travailleurs autonomes). Les
pertes de revenus d’activité pèsent d’autant plus lourdement sur la
consommation privée qu’elles ont concerné davantage les ménages
à bas revenus, et qu’elles ont été peu compensées par la hausse des
prestations sociales. Les autorités ont bien introduit quelques mesures
d’aide directe aux ménages, mais leur plan de relance a surtout mis
l’accent sur les programmes de soutien en faveur des entreprises et
sur l’investissement public. De fait, l’amélioration des conditions du
marché du travail, observée dès la fin du confinement, pourrait se
poursuivre à court terme, grâce aux projets de construction dans le
secteur public, et surtout si la bonne performance des exportations
se maintient, soutenant ainsi l’activité dans le secteur manufacturier.
Cela reste néanmoins incertain car dépendant de l’environnement
extérieur. Alors que les ménages pourraient ressentir encore longtemps
les effets du choc sur leurs revenus, le renforcement du système de
protection sociale s’avère de plus en plus nécessaire pour stimuler la
consommation privée à court comme à moyen terme.
LES STIGMATES DE LA CRISE SUR LE MARCHÉ DU TRAVAIL
Le principal taux de chômage officiel (calculé à partir des seuls individus
inscrits dans les agences locales pour l’emploi) a peu augmenté, passant
de 3,62% au T4 2019 à 3,84% au T2 2020 (soit 10,1 millions d’individus).
Le taux de chômage établi par le Bureau statistique national (NBS) sur
la base de sondages, considéré comme plus exhaustif, s’est dégradé
plus sévèrement, passant de 5,3% en décembre 2019 à 6,2% en février
(
graphique 2). Il est redescendu depuis mars mais reste supérieur aux
taux d’avant-crise (5,6% en août). Ces taux de chômage officiels sous-
estiment cependant largement le choc subi par la population. Tout
d’abord, leur périmètre de calcul est limité : i) il ne prend en compte
que le marché du travail urbain et ii) une grande partie des travailleurs
migrants qui ont perdu leur emploi en zones urbaines pendant le
confinement, et dont beaucoup sont retournés dans leur résidence
en zones rurales, ne sont pas comptabilisés comme chômeurs. Selon
l’estimation la plus répandue, au moins 80 millions d’individus auraient
perdu leur emploi à fin février dans l’ensemble du pays (sur un total
d’emplois de 775 millions en 2019, dont 291 millions occupés par des
travailleurs migrants).
La situation s’est améliorée dès le mois de mars, avec la baisse du
taux de chômage et le retour des travailleurs migrants dans les zones
urbaines, mais certaines catégories d’individus restent très fragilisées.
Christine PELTIER
christine.peltier@bnpparibas.com
Les taux de chômage moyens masquent en effet de fortes disparités,
les travailleurs les moins qualifiés et les jeunes diplômés étant les plus
affectés. En 2020, 8,7 millions de jeunes diplômés doivent entrer sur le
marché du travail, la plupart pendant l’été – le taux de chômage des
2
0-24 ans a par conséquent continué d’augmenter en août selon le NBS
(
il serait proche de 20%). Cette situation préoccupe particulièrement
le gouvernement, qui a demandé aux administrations et entreprises
publiques d’accroître fortement leurs embauches cette année. Enfin,
La banque
d’un monde
qui change