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EcoEmerging// 1 trimestre 2020
economic-research.bnpparibas.com
entreprises (+2,5% en g.a. en novembre). La baisse graduelle du
chômage (11,8%, données cvs en novembre contre 12,3% en
janvier), la hausse récente de l’emploi formel et la progression des
salaires réels (1,2% g.a. en novembre) devraient profiter à la
consommation des ménages, tandis que la baisse des taux longs
devrait finir par soutenir l’investissement.
3
- Balance commerciale
▬
Balance commerciale (é.d.) ▪▪▪ Exportations ▬ Importations
USD mds
USD mds
300
250
200
150
70
6
0
50
■
Des comptes externes sous pression
4
0
Les révisions méthodologiques apportées aux statistiques de la
balance des paiements en 2019 dépeignent un tableau un peu plus
sombre des comptes externes. Le déficit courant pour l’année 2018
est passé de USD 15 mds (-0,8% du PIB) à USD 42 mds (-2,2% du
PIB) en raison d’un déficit de la balance des revenus plus important
que prévu (+USD 19,6 mds). En 2019, le déficit s’est creusé
davantage (-2,8% du PIB sur 12 mois en novembre) en raison d’un
fort repli de l’excédent commercial (-20%).
30
20
10
0
100
-10
2
014
2015
2016
2017
2018
2019
Source : BCB
La balance commerciale a notamment souffert de la chute des
ventes de soja (-21% g.a.), le premier poste d’exportations du pays,
due à la baisse de la demande chinoise suite à une épidémie de
grippe porcine. La Chine – qui absorbe environ 80% des
exportations de soja brésilien destiné principalement à l’alimentation
animale – a dû, dans le même temps, intensifier ses importations de
viande de porc, bœuf et poulet. La hausse des exportations de
viande, conjuguée à celle des minerais de fer, n’a toutefois pas été
suffisante pour contrebalancer la baisse des exportations de soja,
de pétrole ainsi que la forte chute des ventes de véhicules (-27,5%
g.a.). En 2020, la décélération de ses deux principaux partenaires
commerciaux (la Chine et les États-Unis) devrait peser sur les
exportations du Brésil. Ces dernières devraient aussi continuer de
pâtir de l’ajustement macroéconomique en Argentine (dont les
importations ont baissé de USD 5,2 mds en 2019), et ne profiter que
baissières sur le real. La monnaie, qui a atteint un plus bas
historique contre le dollar à 4,27, a manqué de facteurs de soutien :
d’une part, l’intérêt limité des compagnies étrangères pour la vente
aux enchères des droits pétroliers en novembre a conscrit les flux
d’IDE initialement escomptés; d’autre part, les entreprises ayant des
recettes d’exportation détenues offshore ont préféré accélérer
l’amortissement de leurs engagements extérieurs plutôt que
rapatrier leurs avoirs. Pour contenir les pressions sur la monnaie et
atténuer sa volatilité, la BCB a ainsi vendu USD 36,9 mds sur le
marché des changes. Accusant le pays de « dévaluation massive »,
les États-Unis – dont le secteur agricole est en forte concurrence
avec le Brésil – ont rétabli, fin 2019, des tarifs douaniers sur l’acier
(
25%) et l’aluminium (10%) brésiliens.
■ Jair Bolsonaro : an 1
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marginalement de la dépréciation du BRL, selon une étude de l’IIF .
La première année de Jair Bolsonaro à la tête du Brésil a été
marquée par la dégradation rapide de l’image du chef de l’Etat. Son
taux d’approbation est tombé à 30%, un plus bas historique pour un
président durant sa première année en exercice. Son gouvernement
peut toutefois se féliciter d’avancées notables sur le plan des
finances publiques. En 2019, le secteur public consolidé devrait
avoir réduit son déficit primaire d’au moins 0,4 point de PIB par
rapport à 2018 (-1,6% du PIB). De plus, après avoir mené à bien
une réforme des retraites ambitieuse, son gouvernement a présenté,
début novembre, de nouvelles mesures budgétaires (le plan Mais
Brasil) pour endiguer la progression des dépenses obligatoires,
réformer la fonction publique, décentraliser les revenus, simplifier la
fiscalité et renforcer la responsabilité budgétaire. En conséquence,
l’agence S&P a relevé la perspective encadrant sa note souveraine
(BB-) de stable à positive, laissant augurer une première hausse de
la note du Brésil depuis 2011.
Du côté du compte financier, les flux d’investissements directs
étrangers (IDE) ont également été revus à la baisse, d’USD 88 mds
à USD 78 mds sur la base de nouvelles données d’enquête. En
2019, les IDE se sont maintenus (USD 77 mds sur 12 mois en
novembre) mais leur composition a changé : les prêts intragroupes
ont fortement baissé (-USD 17 mds) tandis que les investissements
greenfields et autres fusions acquisitions ont augmenté
(
+USD 16 mds). Les IDE nets financent toujours le déficit du
compte courant mais le taux de couverture se réduit (2,9% PIB en
novembre contre 4% du PIB en 2018). Dans le même temps, les
sorties nettes d’investissements de portefeuille se sont accentuées
(
USD 10,9 mds sur 12 mois en novembre 2019 contre USD 6,4 mds
fin 2018) en raison de la réduction de l’écart de taux d’intérêt avec
les pays développés. À la Bourse, alors que l’indice B3-Ibovespa a
pris 31% en 2019, la participation des investisseurs étrangers est
passée de 52% en 2018 à 44% en 2019, tandis que la détention de
titres de dette souveraine par les non-résidents sur le marché local
est tombé à un plus bas en novembre (11,1%).
Plus généralement, les sorties nettes de devises ont atteint un
record de USD 44,8 mds expliquant en partie les fortes pressions
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Weak currencies are failing to lift exports, November 2019, Institute of
International Finance.