Basée à Paris, la Direction des Études Économiques de BNP Paribas est composée d’économistes et de statisticiens :
Les Études économiques ont pour mission de répondre aux besoins des clients, des lignes de métiers et des fonctions de BNP Paribas en matière de recherche économique. Notre équipe d’économistes et de statisticiens couvre un nombre important de pays avancés, en développement et émergents, l’économie réelle, les marchés financiers et l’économie bancaire. Ce site, qui présente nos analyses, nos vidéos et nos podcasts, permet de partager le résultat de nos recherches avec tous ceux qui souhaitent mieux comprendre le contexte économique ou qui s’intéressent à des problématiques spécifiques.
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En 2024, la croissance économique de l’Angola rebondit difficilement. L’économie non pétrolière fait face à de multiples vents contraires tandis que le secteur des hydrocarbures renoue timidement avec la croissance. Malgré des excédents courants importants, la pression sur les comptes extérieurs demeure forte depuis la reprise, en 2023, du service de la dette extérieure due à la Chine. Le kwanza continue de se déprécier face au dollar, ce qui détériore fortement la solvabilité de l’État. L’étau se resserre sur le gouvernement. Il doit faire face à des amortissements de dette extérieure de plus en plus élevés à l’heure où le risque d’un tarissement des flux de capitaux chinois s’accroît.
En Afrique du Sud, les perspectives macroéconomiques sont moroses. Après une année 2023 marquée par des pénuries d’électricité sans précédent, la croissance économique ne devrait rebondir que très faiblement en 2024. L’entrée de nouvelles forces politiques au gouvernement en juin 2024, à la suite des élections générales de mai, a néanmoins insufflé un regain de confiance chez les investisseurs. En effet, la nouvelle coalition gouvernementale, dont les partis populistes sont les grands absents, laisse espérer une certaine continuité politique, la poursuite de la consolidation budgétaire et la mise en œuvre de réformes visant à accroître le potentiel de croissance économique à moyen terme. Cependant, ce gouvernement d’union nationale repose sur des alliances précaires
Depuis le début de l’année 2024, les autorités nigérianes ont accéléré la mise en œuvre des réformes qui visent à endiguer la détérioration des comptes extérieurs et retrouver la stabilité macroéconomique. Avec l’assouplissement du régime de change et le relèvement des taux d’intérêt, la banque centrale a envoyé un signal fort aux investisseurs étrangers. Cependant, il faudra du temps et la mise en œuvre d’importantes réformes structurelles pour que les entrées de capitaux décollent significativement et durablement. En parallèle, la consolidation budgétaire est compliquée par un choc inflationniste sans précédent et son impact sur la croissance économique. Le coût élevé de la mise en œuvre des réformes pourrait contraindre le gouvernement à faire marche arrière.
Depuis 2022, les comptes extérieurs de l’Afrique du Sud se sont dégradés. Après deux années d’excédents exceptionnels en 2020 et 2021, la balance courante est redevenue déficitaire depuis le T2 2022, en raison de la normalisation des termes de l’échange et de la forte croissance des importations (32% du PIB en 2022-23). En parallèle, le compte financier n’a pas retrouvé sa dynamique prépandémique jusqu’à présent. Les flux nets d’investissement de portefeuille, qui avoisinaient les 3% de PIB en moyenne sur 2010-19, sont devenus négatifs depuis 2020, tandis que les entrées nettes d’investissement direct étranger (IDE) sont restées modestes (1,5% de PIB en moyenne sur 2020-23).
L’économie sud-africaine a terminé l’année 2023 en évitant de justesse la récession. La mauvaise qualité des infrastructures du pays ralentit fortement l’activité. En outre, le gouvernement manque de marge de manœuvre budgétaire et la désinflation est lente et irrégulière, ce qui oblige la banque centrale à maintenir sa politique monétaire restrictive. Face aux nombreux défis macroéconomiques, le Congrès national africain (ANC) a amorcé des réformes attendues de longue date mais à un rythme jugé insuffisant. Il devrait en payer le prix aux élections générales du mois de mai et perdre la majorité absolue au Parlement pour la première fois de son histoire
En 2024, 24 nouveaux pays se joindront à l’Initiative de Commerce Guidé de la Zone continentale de libre-échange africaine (ZLECAf). Avec l’ambition d’accélérer le commerce intrarégional, la ZLECAf pourrait augmenter les revenus de l’Afrique et accroître sa résilience aux chocs extérieurs. Toutefois, au-delà des barrières tarifaires, des obstacles structurels doivent d’abord être résolus pour pouvoir observer le plein potentiel de la plus grande zone de libre-échange au monde.
Le processus de restructuration de la dette extérieure du gouvernement éthiopien s’est récemment débloqué. L’accord de paix entre les autorités fédérales et les forces rebelles du Tigré, signé en novembre 2022, a mis fin à deux années de guerre civile et a permis de relancer les négociations avec les institutions internationales. Ainsi, presque trois ans après avoir sollicité le Cadre commun du G20 pour restructurer sa dette, l’Éthiopie est parvenue à un accord intérimaire de suspension du service de sa dette bilatérale. Ce n’est qu’un début : les autorités éthiopiennes doivent maintenant trouver un accord avec l’ensemble des créanciers extérieurs pour obtenir une restructuration complète
D’après le rapport de la Banque mondiale publié la semaine dernière, le stock de dette extérieure de l’ensemble des pays à revenu faible et intermédiaire (PRFI) s’est contracté en 2022, pour la première fois depuis 2015. Toutefois, ce constat ne s’applique pas à l’Afrique sub-saharienne (constituée exclusivement de PFRI à l’exception des Seychelles) : la dette extérieure de la région a continué d’augmenter en 2022, pour atteindre USD 832,8 mds, un chiffre en croissance de 2,1% par rapport à 2021.
Depuis le début de l’année 2023, la production de pétrole de l’Angola n’atteint pas la cible fixée par le gouvernement et recule par rapport à 2022, ce qui pénalise fortement la croissance économique. Combinée à la baisse du cours du brent, cette sous-performance fragilise les comptes extérieurs du pays qui doit, par ailleurs, faire face à des remboursements de dette extérieure particulièrement élevés. La liquidité en dollars s’est donc dégradée au deuxième trimestre 2023 et le kwanza s’est fortement déprécié. La solvabilité du gouvernement s’est également détériorée. Pour y remédier, les autorités ont annoncé début août des coupes budgétaires importantes
Au cours des derniers mois, le continent africain a profondément souffert des pressions inflationnistes. En Afrique de l’Est et australe, l’inflation a culminé à 19,4% en glissement annuel (g.a.) en novembre 2022. Elle a depuis amorcé une lente et difficile décélération : en juillet 2023, l’inflation régionale a reculé à 15,5%, après un nouveau pic à 20,6% en juin. Cette moyenne masque néanmoins de fortes disparités nationales.
La semaine dernière, chefs d’Etat et représentants du secteur privé africains se sont réunis à Nairobi, au Kenya, pour la toute première édition d’un sommet africain sur le climat. Cette rencontre, organisée en amont de la COP 28, s’est clôturée avec la signature de la déclaration de Nairobi, par laquelle l’Afrique se dote d’ambitions communes à l’échelle du continent dans la lutte contre le changement climatique.
Après s’être financé durant des années auprès des marchés internationaux et de la Chine, le Kenya fait face à une hausse considérable du service de la dette extérieure, qui a entraîné de fortes pressions sur la liquidité extérieure et sur le shilling. La croissance soutenue de 2021-2022 n’a pas suffi à stabiliser les ratios d’endettement. Le soutien des créanciers multilatéraux, renouvelé fin mai 2023, a permis de reconstituer partiellement les réserves officielles de change et de rassurer quelque peu les investisseurs. Mais le risque d’instabilité sociale a nettement augmenté en raison des efforts engagés de consolidation budgétaire et d’une inflation élevée persistante.
Depuis plusieurs mois, la solvabilité extérieure du Kenya se détériore. Après des années d’endettement auprès des marchés internationaux et de la Chine, le service de la dette publique extérieure a considérablement augmenté : il représentait 22% des recettes d’exportations en 2022. En outre, la sécheresse locale accroît la dépendance du pays aux importations et les termes de l’échange se sont nettement dégradés depuis le début de la guerre en Ukraine. À cela s’ajoute la dynamique de resserrement monétaire mondial.
Après des années de sous-investissements dans son réseau électrique, l’Afrique du Sud subit des délestages électriques quotidiens dont l’intensité n’a fait qu’augmenter sur les derniers mois. L’activité économique s’en trouve fortement impactée. Le rétablissement des capacités de production d’électricité sera lent, ce qui pèsera fortement en 2023 sur la croissance et sur la balance commerciale. Les contraintes sur l’offre contribueront à maintenir une inflation élevée, tandis que le taux de chômage est préoccupant. Dans ces conditions, le parti au pouvoir, l’ANC, sera poussé à revoir à la baisse sa trajectoire de consolidation budgétaire. Par ailleurs, la reprise partielle de la dette de l’entreprise d’électricité Eskom contribuera à augmenter fortement la dette publique.
Le 22 février dernier, le Trésor sud-africain a présenté son cadre budgétaire à la veille de la nouvelle année fiscale qui débutera au 1er avril. Après une légère réévaluation à la hausse du solde budgétaire depuis le mois d’octobre 2022, le Trésor table désormais sur un excédent primaire dès l’année fiscale en cours. Cette performance devrait se consolider progressivement au cours des trois prochaines années.