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2023, une année surprenante jusqu'au bout

15/12/2023

Comme d'habitude, la fin de l'année invite les analystes et les journalistes à faire le bilan de l'année des 12 mois qui viennent de s'écouler. Pour les économistes, le moment est venu de faire le bilan de leur prévision, de regarder dans quelle mesure l'année a été surprenante ou plutôt en ligne avec ce qu'on attendait.

Lorsqu'on regarde 2023, ça a été une année qui, dans une certaine mesure, a été conforme aux attentes, mais qui, au global, a quand même été une année particulièrement surprenante jusqu'à la fin.

Transcription


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Comme d'habitude, la fin de l'année invite les analystes et les journalistes à faire le bilan de l'année des 12 mois qui viennent de s'écouler. Pour les économistes, le moment est venu de faire le bilan de leur prévision, de regarder dans quelle mesure l'année a été surprenante ou plutôt en ligne avec ce qu'on attendait.

Lorsqu'on regarde 2023, ça a été une année qui, dans une certaine mesure, a été conforme aux attentes, mais qui, au global, a quand même été une année particulièrement surprenante jusqu'à la fin.

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Commençons avec les domaines où la dynamique observée en 2023 a été plus ou moins en ligne avec ce qu'on anticipait. Le premier élément, c'est la baisse de l'inflation. Elle a été très importante grâce à des effets de base favorables qui ont joué. En fait, c'est à mettre en rapport avec la baisse du prix de l'énergie.

Mais en outre, on a également constaté une baisse de l'inflation sous-jacente. Lorsqu'on exclut l'effet prix d'énergie et l'effet prix des produits alimentaires, de façon sous-jacente, l'inflation a également baissé. On s'en félicite bien évidemment.

Deuxième facteur qui a joué, où en fait la dynamique a été en ligne avec les attentes, c'est la casse-stagnation ou la très faible croissance qu'on a observée en zone euro, qui est le résultat de l'effet retardé du choc inflationniste en 2022, qui a pesé sur la structure de coûts des entreprises, sur le pouvoir d'achat des ménages, mais également, bien sûr, la hausse des taux d'intérêt suite au resserrement monétaire de la BCE.

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Et puis, le troisième facteur, en ligne avec les attentes, c'est la transmission monétaire, c'est la transmission de la hausse des taux officiels vers l'économie. Elle a été bien au rendez-vous en termes de dynamique du crédit bancaire, à la fois du côté offre et du côté demande.

Offre, ça veut dire une plus grande prudence des banques dans l'octroi de crédit, et puis la demande qui a baissé, et ça on l'a bien vu dans le secteur immobilier, où en fait, les mises en chantier ont fortement baissé, et dans certains pays, il y a également eu une baisse des prix dans ce secteur.

Parlons maintenant des surprises de 2023, où, il faut le dire, la liste est bien longue. En haut de liste, on trouve la hausse des taux officiels des banques centrales, la réserve fédérale, la BCE, qui a été plus importante que ce qu'on imaginait en début d'année.

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Cette hausse qui était nécessaire face au risque inflationniste, face à ce défi majeur de ramener l'inflation vers l'objectif, et cette hausse a par moments provoqué des soubresauts dans le marché obligataire, on pense notamment au mois d'été, en particulier le mois de septembre, où le rendement des bons du Trésor américain à 10 ans a frôlé les 5%.

Une dynamique à la hausse qui a eu un impact très important dans le marché obligataire partout dans le monde. Il n'empêche que les investisseurs, dans des actifs risqués comme les actions, ont gardé leur sang froid. Ces investisseurs l'ont également fait face à la hausse du risque géopolitique au Moyen-Orient.

Mais lorsqu'on regarde le développement économique, cet appétit pour le risque des investisseurs d'action qui est donc resté élevé, il est à mettre en rapport avec cette résilience étonnante de la croissance américaine, de l'économie américaine, face au renchérissement des conditions de financement.

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La croissance de l'activité est restée très dynamique, en partie parce que les consommateurs ont puisé dans leur épargne, accumulée pendant le Covid. Un autre élément qui a joué pour soutenir l'appétit pour les investisseurs, à la fois aux US qu'en zone euro, c'est la résilience étonnante du marché du travail.

Et puis, dernier élément, c'est que plus le taux montait, plus l'espoir se manifestait, que l'on se rapproche du pic cyclique des taux officiels. Finalement, l'année 2023 aura été surprenante jusqu'à la fin. La récente accélération de la baisse de l'inflation et surtout le changement de ton, de discours de certains banquiers centraux, ont conduit à une modification profonde des anticipations des marchés financiers.

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Quant au début de l'assouplissement monétaire, les marchés s'attendent maintenant à ce que la première baisse des taux officiels aux Etats-Unis intervienne au printemps 2024, ce qui nous semble un scénario tout à fait réaliste. Il en découle que la probabilité d'un atterrissage en douceur de l'économie américaine a fortement augmenté.

C'est évidemment une très bonne nouvelle pour les US, mais également pour le reste du monde, à commencer avec la zone euro étant donné la relation commerciale importante entre les US et la zone euro. La zone euro, qui devrait d'ailleurs également sur le plan cyclique bénéficier d'une perspective de baisse de l'inflation qui continue, mais qui ouvre là encore la voie à un début d'assouplissement monétaire qui, selon les marchés, devrait intervenir au printemps.

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Et c'est une vue que nous partageons. Donc on peut dire 2023, une année pleine de surprises, c'est vrai, mais surtout qui se termine sur une note d'espoir pour 2024. Je vous remercie de nous avoir suivis tout au long de l'année. Au nom de toute l'équipe, je vous souhaite une excellente fin d'année et on se donne rendez-vous début 2024.

Bonne fête.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE