Pour les ménages, le montant cumulé 2018-2020 des baisses d’impôts atteint EUR 21 mds (net des hausses) ; pour les entreprises, ce même chiffre est de EUR 16 mds.
Face aux baisses d’impôts conséquentes et documentées, les mesures de financement sont un peu moins importantes et bien moins détaillées.
Dans ce budget, le soutien à la croissance, au travers du soutien au pouvoir d’achat des classes modestes et moyennes, prime sur la réduction du déficit.
Les documents relatifs au budget 2020[1] sont au complet ainsi que l’ensemble des chiffres-clés sous-jacents aux nouveaux objectifs de déficit budgétaire du gouvernement pour 2019 et 2020 (cf. tableau 1). Cet article les passe en revue ainsi que les autres points de ce budget ayant retenu notre attention.
Réduction du déficit : objectif secondaire
Contrairement aux précédents, l’équation budgétaire de 2020 apparaît moins compliquée. Le gouvernement l’a, en effet, résolue en arbitrant plus clairement en faveur de la croissance et en passant au second plan la réduction du déficit budgétaire. Un objectif désormais secondaire, mais que nous abordons en premier lieu, car le déficit reste l’indicateur résumant le mieux un budget.
Selon le PLF 2020, le gouvernement prévoit un déficit de 3,1% du PIB en 2019 et de 2,2% en 2020, après un déficit observé de 2,5% en 2018. Le déficit attendu en 2020 est le plus bas depuis 2001 et l’ampleur de l’amélioration par rapport à 2019, la plus importante depuis 2013. Mais ces bonnes nouvelles doivent être fortement relativisées. Tout d’abord, la réduction importante du déficit en 2020 est tout autant en trompe-l’œil que son creusement marqué en 2019. Les chiffres de 2020 ne portent en effet plus la trace t, contrairement à ceux de 2019, du coût budgétaire ponctuel de la bascule du CICE en baisse de charges (qui se monte à près d’1 point de PIB). Pour 2019 et 2020, la bonne mesure du déficit est celle corrigée des éléments exceptionnels (les one-offs) : à cette aune, il se réduit de 0,1 point chaque année et atteint 2,1% du PIB en 2020.
Le déficit attendu pour 2020 (2,2%) est peut-être le plus bas depuis 2001, mais il est nettement moins bas ( à hauteur de 0,8 point de PIB) que l’objectif fixé dans le PLF 2019 (déficit de 1,4%). Un écart notable existe également entre le nouvel objectif de déficit pour 2019 du PLF 2020 (3,1%) et celui établi dans le PLF 2019 (2,8%). Qu’est-ce qui explique ces déficits plus élevés alors que le déficit 2018, publié entretemps, a été un peu moins important que prévu (2,5% selon l’estimation actuelle de l’INSEE contre 2,6% dans le PLF 2019).
La croissance moins élevée que prévu est un premier élément de réponse. Le gouvernement a, en effet, revu à la baisse ses prévisions de 0,3 et 0,4 point, respectivement, pour 2019 et 2020. Il table désormais sur une croissance de 1,4% cette année et de 1,3% l’année prochaine, des chiffres bien plus proches de la croissance potentielle que les précédents. Cette révision se traduit par une moindre amélioration de la composante conjoncturelle du déficit[2], à hauteur de 0,2 point en 2019 et en 2020. Revenu à l’équilibre en 2018 (d’après l’estimation du gouvernement), le solde conjoncturel resterait donc nul en 2019 et ne gagnerait plus que 0,1 point en 2020.
Le relâchement de l’ajustement structurel est le second élément de réponse. Il joue à hauteur de 0,2 point dans la dégradation du déficit 2019 entre les deux PLF (l’ajustement ayant été ramené de +0,3 point à +0,1 point) et à hauteur de 0,3 point dans celle du déficit 2020 (ajustement désormais nul, que traduit la stabilité du déficit structurel, à 2,2%). Ce relâchement porte la trace de la crise des « gilets jaunes » et des réponses budgétaires apportées. Celles-ci ont pris, tout d’abord, la forme des mesures d’urgence économiques et sociales (MUES) votées fin décembre 2018 et intégrées in extremis dans la loi de finances initiale (LFI 2019)[3]. La révision à la baisse de l’ajustement structurel pour 2019 a été faite à cette occasion. Puis, une nouvelle série de mesures postérieures au grand débat national ont été annoncées le 25 avril 2019 lors de la conférence de presse d’Emmanuel Macron (cf. infra pour les détails). Le Programme de stabilité d’avril 2019, publié avant ces annonces, prend néanmoins déjà acte de la dégradation prévisible du déficit pour 2020 et ne compte plus que sur un ajustement structurel de 0,1 point en 2020 (au lieu de 0,3 dans le PLF 2019)[4]. Le PLF 2020 va un cran plus loin et affiche un ajustement structurel nul en 2020.