Graphiques de la semaine

Chili : rejet du projet de constitution

06/09/2022
PDF

Au Chili, une large majorité de votants (près de 62%, avec un taux de participation exceptionnel) a rejeté le projet de nouvelle constitution lors du référendum organisé le 4 septembre dernier. Ce projet, contenant près de 400 articles, ne proposait pas de réforme profonde du modèle économique chilien ; la Banque centrale devait rester indépendante, tandis que les droits de propriété et du travail n’étaient pas remis en cause. Elle garantissait en revanche un meilleur accès de la population à un ensemble de droits sociaux (logement, éducation, soins), alors qu’actuellement l’État prend à sa charge uniquement les besoins qui ne sont pas couverts par le secteur privé. Cela supposait une augmentation substantielle et pérenne des dépenses publiques.

Le débat n’est pas clos pour autant : une très large majorité de la population et l’ensemble des partis politiques se sont prononcés en faveur d’une nouvelle constitution, et a minima de l’amendement de la constitution en vigueur. Dès avant le référendum, le président Gabriel Boric (élu au mois de décembre 2021) a ouvert la voie à l’établissement d’une nouvelle assemblée constituante. Plusieurs solutions sont possibles : nouvelle assemblée, assemblée « mixte » composée de membres nouvellement élus et de députés, ou assemblée composée de députés déjà élus uniquement. Les discussions devraient débuter dans les prochains jours. Mais le rejet du projet dépasse le cadre strictement constitutionnel. Le nombre et l’ampleur des réformes proposées par le gouvernement pour la suite du mandat devront être revus à la baisse.

Le résultat du référendum a été plutôt bien accueilli par les marchés. Depuis la mi-juillet, la monnaie s’est continument appréciée à mesure que la victoire du « non » l’emportait dans les sondages. Les perspectives à moyen terme demeurent néanmoins mitigées. Le climat politique devrait rester tendu tout au long du mandat et les décisions d’investissement pourraient être de nouveau repoussées, ce qui pèsera sur le potentiel de croissance du pays.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE