Au deuxième trimestre, la Finlande s’est distinguée en Europe comme le pays ayant enregistré la plus faible baisse de son PIB, avec une chute de « seulement » 4,4%. Néanmoins, la reprise a ensuite été moins vigoureuse que chez ses voisins, et continuera certainement à l’être dans les mois à venir. Pour autant, l’économie finlandaise reste une des plus résistantes d’Europe, notamment grâce à la relativement faible progression du virus et au soutien des autorités fiscales et monétaires.
Au premier semestre, la Finlande a moins souffert économiquement que la plupart des autres pays développés. Elle a en effet été relativement moins touchée par la pandémie, ce qui a permis aux autorités d’imposer des mesures de restriction plus souples que dans la plupart des autres pays d’Europe.
Bilan économique de 2020
Cela étant dit, la reprise économique au second semestre sera certainement moins forte qu’ailleurs. L’économie finlandaise était entrée déjà affaiblie dans la crise liée à la pandémie de Covid-19, son PIB s’était même contracté au dernier trimestre 2019.
De surcroît, ses exportations ont chuté particulièrement lourdement, et devraient constituer le premier facteur expliquant la chute du PIB cette année. Le ministère des Finances, la Commission européenne et l’OCDE anticipent tous une chute des exportations de l’ordre de 12% cette année.
En termes de croissance pour 2020 dans son ensemble, la comparaison de la Finlande avec ses voisins nordiques est intéressante. Au premier semestre, les PIB de la Suède et du Danemark avaient chuté 8,1% et 8,3%, respectivement, alors que celui de la Finlande avait baissé de « seulement » 5,7%. D’après ses prévisions d’automne1 , publiées en novembre, la Commission européenne anticipe une chute du PIB pour l’ensemble de l’année 2020 plus lourde en Finlande qu’au Danemark ou qu’en Suède. Cela signifierait donc une reprise plus vigoureuse dans ces deux derniers pays. De plus, les prévisions de la Commission impliquent que cette tendance se confirmera en 2021 (cf. graphique 2).
À quoi doit-on s'attendre dans les prochaines années ?
Ainsi, le retour à la normale de l’économie ne sera pas rapide en Finlande, d’autant que la seconde vague qui touche actuellement le pays, ainsi que ses voisins et partenaires commerciaux, devrait encore ralentir la reprise économique. De surcroît, si les récentes annonces concernant l’efficacité de plusieurs vaccins contre le virus laissent entrevoir une sortie de crise dans les prochains mois, une troisième vague pourrait frapper l’Europe avant qu’une vaste campagne de vaccination n’ait pu être menée. Néanmoins, l’économie finlandaise devrait dans tous les cas pouvoir compter sur les autorités monétaires et fiscales pour soutenir le retour à une croissance durable. À sa réunion de décembre, la Banque centrale européenne a encore assoupli sa politique, notamment en augmentant l’enveloppe consacrée à son programme d’achats d’actifs de EUR 500 mds et en étendant l’horizon fixé pour ses achats nets au moins jusqu’à fin mars 20222.
Dans son Economic Survey d’automne3 , le ministère des Finances finlandais anticipe un déficit de 7,7% du PIB cette année et, malgré une diminution dans les années à venir, de près de 3% en 2024. En 2019, le déficit avait été de 1%. Dans son budget prévisionnel pour 2021 le gouvernement prévoit que ses mesures pour faire face à la crise sanitaire et économique s’élèveront toujours à près de 1% du PIB, après un peu plus de 2% en 2020.
En effet, si la consommation privée et les exportations devraient supporter la croissance dans les mois à venir, certaines zones de l’économie mettront plus de temps à se remettre de la crise. Dans son dernier Economic Outlook4, l’OCDE affirme que le retour à la normale de l’investissement dans le pays sera long. De plus, d’après le ministère des Finances, le taux de chômage atteindra 8,2% l’an prochain et se maintiendra au-dessus de 7,5% en 2024.