Après une chute de 6,0% au deuxième trimestre, le PIB de la Norvège mainland – c’est-à-dire hors secteur pétrolier – a rebondi de 5,2% entre juillet et septembre. Sans surprise, ce sont les secteurs qui ont le plus souffert de la crise sanitaire et des mesures prises pour y faire face qui ont connu la reprise la plus forte au troisième trimestre. De même la consommation des ménages a connu un rebond important, avec une hausse de près de 10%. Comme ailleurs, c’est immédiatement après la levée des mesures de restriction que la reprise a été la plus forte. L’indicateur mensuel du Bureau central de statistiques (SSB) montre que le PIB a augmenté de seulement 0,6% en septembre. Face à une nouvelle accélération de la progression du virus, les autorités norvégiennes ont décidé au début du mois de novembre d’imposer de nouvelles mesures de restriction, notamment en ce qui concerne les rassemblements, et de recommander aux habitants de rester chez eux autant que possible.
LE RÔLE DES POLITIQUES FISCALE ET MONÉTAIRE
Lorsqu’il a dévoilé son budget pour 20211 avant le nouveau resserrement des mesures de restriction, le gouvernement reconnaissait déjà le besoin de maintenir une politique fiscale expansionniste. Le déficit du gouvernement est financé depuis 2001 par des transferts du fonds pétrolier, c’est ce que l’on appelle le déficit public structurel du secteur non-pétrolier. En 2021, ce dernier devrait représenter 3,0% de la valeur totale du fonds pétrolier (ou 9,4% du PIB), après 3,9% (12,3% du PIB) en 2020. Si le gouvernement est contraint dans l’utilisation du fonds, il dispose tout de même d’une certaine flexibilité pour faire face à des chocs tels que celui qu’a connu l’économie norvégienne cette année. Pendant ce temps-là, la Norges Bank a quelque peu adouci son langage. Dans son communiqué faisant suite à sa réunion de septembre, la banque centrale discutait de l’augmentation de son taux de base dans les prochaines années. Cependant, à l’issue de sa dernière réunion début novembre, elle est retournée à plus de prudence, soulignant le fait que son taux directeur resterait inchangé à 0% jusqu’à ce qu’il y ait des signes clairs que les conditions économiques se normalisent2. Dans son dernier rapport, la Norges Bank indiquait que l’augmentation du taux de contagion et le resserrement des mesures de restriction en Norvège et à l’étranger allaient probablement freiner la reprise de l’économie à court terme.
LES PERSPECTIVES ÉCONOMIQUES POUR 2021
Depuis le début de la crise, la Norvège est le pays d’Europe qui a été le moins touché par la pandémie en termes du nombre de décès rapporté à la population. Cela a permis aux autorités d’imposer des mesures de restriction moins sévères qu’ailleurs. Ainsi, même si le pays a souffert dans le même temps d’une forte chute des prix du pétrole, son principal produit d’exportation, son économie a été particulièrement résiliente. Dans son dernier Economic Outlook3, l’OCDE estime que le PIB de la Norvège mainland s’est contracté de 3,2% en 2020. C’est la cinquième meilleure performance anticipée parmi les trente-sept pays membres de l’OCDE. En ce qui concerne l’économie norvégienne dans son ensemble – incluant le secteur pétrolier – la chute ne serait que de 1,2%. Seule la Corée du Sud ferait mieux (cf. graphique 2).
hubert.debarochez@bnpparibas.com