Le PIB danois a connu un rebond de 4,9% (t/t) au troisième trimestre 2020 qui ne parvient néanmoins pas à compenser sa forte chute de 7% (t/t) au deuxième trimestre. Le PIB devrait se contracter de 3,9% en moyenne sur l’année 2020. La croissance devrait reprendre en 2021 à 3,5% selon les prévisions de la Commission européenne. De nouvelles mesures de lutte contre la Covid-19 et un environnement extérieur affaibli pourraient cependant venir gripper la reprise.
REGAIN DE CONFIANCE CHEZ LES MÉNAGES
La vitesse de rétablissement de l’économie danoise dépend de la reprise du commerce mondial. Depuis le début de la crise, les exportations de services ont été durement touchées puisqu’elles ont diminué de 11,6% au deuxième trimestre de 2020 notamment en raison de l’absence de touristes étrangers. Le rebond intervenu au T3 (+5,6%) est loin d’être suffisant pour permettre aux exportations de retrouver leur niveau de 2019. En outre, la perspective d’un Brexit dur pourrait ajouter un frein supplémentaire, le Royaume-Uni étant le quatrième partenaire commercial du Danemark. Après une chute de 6,38% (t/t) au deuxième trimestre et malgré un rebond de 3,3% (t/t) au troisième trimestre, l’investissement des entreprises ne devrait retrouver son niveau d’avant-crise qu’à l’arrivée d’un vaccin courant 2021. Face à la seconde vague de l’épidémie de Coronavirus, la confiance des chefs d’entreprises reste basse (le PMI manufacturier de novembre atteint 47,7) et devrait le rester au premier semestre de 2021. Le marché de l’immobilier connaît cependant un rebond marqué depuis la fin du mois de juin avec une croissance des prix de l’immobilier supérieure à son niveau d’avant-crise1. La consommation des ménages a rebondi rapidement depuis la fin du premier confinement en mars 2020 et retrouvé son niveau d’avant-crise dès le mois de juin 2020.
Elle ne devrait donc décliner que de 2% en 2020 et augmenter de 4% en 2021. Cet optimisme des ménages devrait se poursuivre grâce aux mesures de soutien à la consommation et à la résistance du marché du travail2. Une partie du plan spécial de retraite a ainsi été versée aux ménages en octobre, ce qui a provoqué une hausse de leurs revenus représentant 2,6% du PIB. Par ailleurs, la relance de la consommation pourrait augmenter la volatilité des prix en 2021. Lors du confinement des mois d’avril et mai 2020, l’inflation a atteint 0% et se situait à 0,2% au mois d’octobre 2020. Ce fort ralentissement est lié à la chute brutale du cours du baril de pétrole. Il aurait été plus marqué encore sans l’introduction d’une taxe supplémentaire sur le tabac3 au mois d‘avril. L’inflation devrait accélérer en 2021 et se rapprocher de 1%. La priorité pour la Banque centrale du Danemark reste cependant de stabiliser la monnaie, alors que le cours de la couronne en euro a tendance à monter, jusqu’à dépasser régulièrement le « peg » (EUR 0,1340 pour 1 DKK) ; la Banque centrale du Danemark se dit ainsi ouverte à la vente massive de couronnes danoises pour en limiter l’appréciation.
Le taux directeur a diminué de 15 points de base, à -0,6%, en mars 2020 ne devrait pas être abaissé de nouveau en 2021. Au second semestre de 2020, le gouvernement a rapidement remplacé les larges programmes de subventions du premier confinement par des mesures plus ciblées, notamment à destination des entreprises à l’arrêt et de leurs salariés. La politique budgétaire expansionniste devrait se poursuivre en 2021 et 2022 et pourrait continuer de creuser le déficit budgétaire qui atteindra probablement 3,4% du PIB en 2020. Sur les DKK 66 milliards de garantie de prêts mis à la disposition des entreprises en 2020, seuls DKK 4,8 mds ont été réclamés ; les montants restants pourront donc toujours être octroyés aux entreprises en difficulté en 2021. De vastes programmes de formation devraient également être déployés. L’agenda de réformes structurelles, notamment en matière de transition écologique, sera maintenu en 2021 et 2022.
jean-luc.proutat@bnpparibas.com