Ghana :
Ghana : inquiétude sur la dette
Contrairement aux spreads de la plupart des pays de la région, les spreads souverains ghanéens en USD contre les bons du Trésor américains se sont écartés brutalement de 430 points de base (pb) depuis octobre pour dépasser les 1100 pb. À ce niveau de prime de risque, l’accès aux marchés financiers internationaux est prohibitif.
Avec un endettement qui avoisine les 80% du PIB contre 61% à fin 2019, la soutenabilité de la dette du Ghana inquiète les investisseurs, et le programme de consolidation n’a pas convaincu. Le gouvernement table sur une hausse substantielle des revenus pour ramener le déficit budgétaire de plus de 12% du PIB en 2021 à 7,4% cette année et 5,5% en 2023. Or, la base fiscale du Ghana est étroite (14-15% du PIB). En outre, la dynamique de dette est vulnérable à de multiples chocs, en particulier au durcissement de la politique monétaire aux États-Unis. La moitié de la dette publique est libellée en devise et presque 20% de la dette domestique est détenue par des investisseurs non-résidents.
La marge de manœuvre est d’autant plus étroite que la forte pression inflationniste a conduit la banque centrale à relever son taux directeur de 100 pb en novembre, à 14,5%. D’autres hausses devraient suivre au risque de renchérir un peu plus les conditions d’emprunts de l’État, déjà très onéreuses. Quasiment la moitié des ressources budgétaires sont déjà absorbées par les intérêts de la dette, dont 80% pour de la dette domestique. La forte contrainte de financement pourrait ainsi pousser le gouvernement à faire des ajustements, notamment sur les investissements publics, au détriment de la reprise économique.
18/01/2022