L’offensive tarifaire menée par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche s’est rapidement transformée en un face-à-face avec la Chine. Au terme d’un cycle d’annonces et de rétorsions, les tarifs supplémentaires appliqués par les Etats-Unis aux biens en provenance de Chine culminent à 145%, hors exemptions, contre 125% dans le sens inverse. Le choc est d’une ampleur sans précédent, et les deux hyperpuissances sont engagées dans un jeu à somme négative.
Principales mesures de protection commerciale mises en place depuis l'entrée en fonction de Donald Trump aux États-Unis le 20 janvier 2025
En accélérant la baisse des prix du pétrole, la synchronisation - entre la décision de l’OPEP+ d’accélérer le desserrement des quotas et l’annonce par l’administration Trump du déclenchement d’une guerre tarifaire - pourrait limiter les pressions inflationnistes pour le consommateur américain et faire pression sur les membres indisciplinés du cartel. La convergence d’intérêts entre les poids lourds du marché du pétrole risque cependant d’être de courte durée. En effet, cette politique devrait compliquer l’équation économique pour les producteurs américains. Parallèlement, en pesant sur les finances publiques, elle présente un risque pour la cohésion du cartel.
L’administration Trump a annoncé la semaine dernière des droits de douane contre le monde entier qui, ajoutés à ceux des semaines précédentes, vont porter le tarif extérieur moyen des États Unis à 22%, contre 2,5% à fin 2024. La réaction des marchés financiers est sans appel et suggère des craintes encore plus sérieuses pour la croissance américaine que pour la croissance mondiale. Beaucoup d’inconnues demeurent, mais ce scénario est le plus plausible. Pour les partenaires commerciaux des États-Unis, mieux vaudrait résister à la tentation de l’escalade et au contraire mettre les bouchées doubles pour renforcer les moteurs de la croissance domestique. L’Europe est particulièrement bien positionnée pour y parvenir.
La vulnérabilité des pays de l’ASEAN au protectionnisme commercial américain a sensiblement augmenté depuis 2017. Les États-Unis sont devenus une destination-clé pour ces pays, qui y exportent des biens à faible intensité technologique (comme les produits textiles et chaussures) mais aussi à intensité technologique moyenne (téléphones portables) et forte (circuits électroniques intégrés et semi-conducteurs). Le Vietnam, la Thaïlande et, dans une moindre mesure, la Malaisie, ont les plus gros excédents commerciaux avec les États-Unis. Ils sont donc susceptibles d’être les plus visés par un changement de la politique tarifaire américaine
Conséquence de l’explosion des dettes post-Covid et de la remontée des taux d’intérêt, la charge financière des États s’alourdit. Dans l’OCDE, elle atteint 3,3% du PIB, son plus haut niveau depuis 2010. Pour l’Union européenne, la fin de la période d’argent facile coïncide avec une augmentation substantielle de ses besoins d’emprunt, liée en partie à l’impératif de réarmement. Les finances publiques, déjà aux prises avec le dérèglement climatique et le vieillissement des populations, sont sous pression et ne pourront pas seules répondre à tous les défis.
Le bras de fer entre les États-Unis et l’Union européenne est lancé. L’administration Trump a relevé, le 12 mars dernier, de 25 % les droits de douane sur les importations américaines d’aluminium et d’acier. En réaction, l’UE a annoncé qu’elle rétablira, mi-avril, les droits de douane introduits lors du premier mandat de Donald Trump, suspendus depuis 2020.
Le message délivré par Pékin début mars lors du rassemblement annuel de l’Assemblée nationale populaire est clair : quelles que soient les difficultés liées aux rivalités commerciales et technologiques avec les États-Unis, l’économie chinoise devra atteindre une croissance proche de 5% en 2025. La cible est inchangée depuis 2023, et semble particulièrement ambitieuse cette année. En effet, la demande extérieure, moteur de la croissance chinoise en 2024, devrait s’affaiblir considérablement sous l’effet de la montée des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine. Les autorités comptent sur la demande intérieure pour prendre le relais, mais celle-ci se heurte à des freins encore puissants
Dans un article de 1933 consacré à l’autosuffisance nationale, l’économiste britannique John Maynard Keynes recommandait à « ceux qui souhaitent dégager un pays de ses liens » de le faire « avec prudence et sans précipitation », utilisant pour appuyer ses propos l’image suivante : « Il ne s’agit pas d’arracher la plante avec ses racines, mais de l’habituer progressivement à pousser dans une direction différente ». À près d’un siècle de distance, que valent les préceptes de l’auteur de la Théorie générale ?
Les PMI manufacturiers sont remontés en février, pour retrouver leur niveau moyen du T4 2024 (50,2 pour l’indice NBS et 50,8 pour l’indice Caixin). Dans les services, les PMI demeurent inférieurs à leur niveau du T4, mais supérieurs au seuil d’expansion (50 pour l’indice NBS et 51,4 pour l’indice Caixin). Les dernières données d’activité confirment cette évolution conjoncturelle rassurante, mais plutôt terne : la croissance de la production industrielle a marqué le pas après l’accélération de décembre, mais se maintient à presque 6% en g.a. Le ralentissement de l’activité dans les services a été plus marqué (+5,6% en g.a. en janvier-février, contre +6,3% au T4).
Pour réduire les déficits bilatéraux des États-Unis, sujet déjà évoqué dans un précédent Graphique de la Semaine, l’administration Trump a élargi son angle d’attaque, en s’attaquant aux écarts de droits de douane, entre le pays et ses partenaires commerciaux. L’instauration de tarifs réciproques, encore à l’étude, serait précisée début avril.
À qui le tour ? Sitôt investi président des États-Unis et comme il l’avait promis, Donald J. Trump a dégainé l’arme des droits de douane, « le plus beau mot du dictionnaire » selon lui. Le Mexique, le Canada et la Chine ont subi les premières attaques, tandis que l’Union européenne (UE) était explicitement visée.
D’après le consensus actuel, la divergence importante entre l’économie des États-Unis et celle de l’Union européenne, observée depuis la pandémie, devrait persister. Il est vrai que l’économie américaine bénéficie d’une dynamique de croissance forte et affiche un moral d’acier, alors que l’Europe n’a ni l’une ni l’autre. Mais extrapoler à partir d’un instantané, comme l’instinct nous pousse à le faire, est souvent une erreur. En réalité, il existe de solides raisons pour que l’écart entre la croissance des États-Unis et celle de l’Europe se réduise en 2025, comme le prévoit le scénario central de BNP Paribas, avec un ralentissement de l’économie américaine et une accélération de celle de la zone euro (quoique modeste)
La croissance économique chinoise a accéléré au T4 2024 (+1,6% en rythme trimestriel et +5,4% en glissement annuel), tirée par la solide performance des exportations et le léger renforcement de la consommation privée. Ces facteurs de soutien devraient persister début 2025, mais la croissance devrait ensuite retrouver sa tendance baissière. La demande intérieure devrait rester fragile et la hausse des droits de douane américains constituera un choc négatif important pour les exportations.
Le déficit de la balance commerciale sur les biens publié par les Douanes le 7 février devrait ressortir à EUR 83 mds en 2024, contre 100 mds en 2023 (mais 58 mds de 2019). L’amélioration du déficit nominal masque la baisse des exportations des biens. En revanche, l’amélioration de la balance en volume et le dynamisme des exportations de services sont des éléments positifs.
Les pays d’Europe centrale sont relativement bien positionnés dans les secteurs industriels à fort contenu technologique. Il existe toutefois des divergences au vu des parts respectives, dans la valeur ajoutée et dans les exportations du secteur manufacturier, des produits technologiques. La part du secteur « high-tech » est relativement modeste, mais celle du secteur « moyenne-haute technologie » est élevée. Or, ces deux secteurs présentent aussi une forte intensité en technologie. De ce fait, la prise en compte des secteurs de « moyenne-haute technologie » s’avère nécessaire pour avoir une vision plus complète de leur importance en Europe centrale.
La politique énergétique a été au centre de l’agenda de la campagne électorale de Donald Trump et de ses premières semaines à la Maison Blanche. Le nouveau président a pour objectif de confirmer la domination américaine sur le marché mondial des hydrocarbures (les États-Unis sont le premier producteur mondial de pétrole depuis 2019) et d’assurer un prix bas pour le consommateur américain. Cela se traduit concrètement par la volonté d’augmenter la production américaine d’hydrocarbures de trois millions de barils équivalent-pétrole par jour (mb/j), pour une production moyenne de pétrole brut de plus de 13 mb/j en 2024. Mais cet objectif est-il réaliste ?
L'année 2025 exaucera-t-elle tous les bons vœux échangés actuellement à travers le monde ? Sans doute pas, malheureusement. Mais si l'on s'en tient à l'économie mondiale et d’un point de vue européen, je vois cinq questions cruciales qui détermineront si l’année 2025 sera bonne.
Le 20 janvier prochain, Donald J. Trump sera investi pour la deuxième fois président des États-Unis. Avec lui, point de « doux commerce » ni de multilatéralisme, mais une logique des nations régie par les rapports de force
Le commerce extérieur des États-Unis est structurellement déficitaire.En 2023, le déficit de la balance des biens s’élève à plus de 1 000 milliards d’USD, soit 3,8 points de PIB.S’il est possible d’y voir la manifestation de la force du consommateur américain, Donald Trump analyse cela comme le résultat des « mauvais traitements » et des « pratiques abusives » de ses partenaires commerciaux.
L’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis fait craindre le renforcement des mesures protectionnistes. Des droits de douane seraient appliqués à l’ensemble des produits importés quelle qu’en soit la provenance. Outre la Chine, principal pays visé, les inquiétudes autour des conséquences macro-économiques et financières d’une telle politique ont singulièrement augmenté au Mexique.
L’issue des élections présidentielles américaines du 5 novembre décidera de l’ampleur du virage protectionniste emprunté outre-Atlantique. Pour autant, les exportations mondiales ont jusqu’à présent bien résisté à la hausse des barrières tarifaires. D’ici la fin de la décennie, le FMI prévoit une croissance des exportations de biens similaire voire légèrement supérieure à celle du PIB mondial. Le durcissement des mesures protectionnistes affectera la croissance globale, mais les effets sur le commerce mondial seront plus nuancés.
Dans ses dernières prévisions en date du 10 octobre, l'OMC a révisé légèrement à la hausse ses chiffres de croissance du commerce mondial de marchandises en 2024 à 2,7% (contre une estimation initiale de 2,6%) et à 3,0% en 2025 (contre 3,3% précédemment). Bien qu’en repli de 0,6% m/m en juillet, les exportations mondiales en volume se sont en effet maintenues sur une trajectoire ascendante jusqu’à cet été. On note toutefois des divergences importantes entre les zones géographiques.
Le secteur exportateur chinois a bien résisté à la montée des tensions commerciales et des rivalités technologiques avec les États-Unis depuis 2018. L'industrie chinoise a montré une solide capacité d'adaptation en réponse à la montée des barrières douanières. Elle conserve sa place de leader dans le commerce mondial.
Le rallongement des flux maritimes mondiaux, et les problèmes de logistique qui en résultent, continuent de tirer le fret et les prix des porte-conteneurs vers le haut, mais n’engendrent pas, à ce stade, de frein notable à l’activité, ni de hausse importante des prix à l’importation. La remontée des cours s’est bien amplifiée en juin : l’indice Freightos a progressé de 43% m/m le mois dernier, contre une augmentation de près de 15% en mai. L’indice se situait, fin juin, 30% au-dessus du précédent pic observé à la mi-février mais accusait encore un niveau 60% inférieur aux records atteints à l’automne 2021.