Malgré le ralentissement de l’inflation et l’augmentation du pouvoir d’achat des ménages (mesuré par le revenu disponible brut réel[1] ), la consommation privée en zone euro reste faible par rapport à la période pré-Covid. Cette atonie peut s’expliquer par l’écart entre l’inflation harmonisée et la perception des ménages de l’évolution des prix. Les récentes évolutions de l’inflation et des soldes d’opinion des ménages sur les tendances passées des prix montrent, en effet, une divergence plus marquée qu’auparavant. Depuis début 2025, les soldes d’opinion associés ne se modèrent plus beaucoup. Cela reflète une persistance de l’inflation dans la perception des ménages malgré le ralentissement observé. Ces derniers ont probablement encore en tête (au moins en partie) la hausse accumulée sur l’ensemble de l’épisode inflationniste, plutôt que celle sur les 12 derniers mois.
Toutefois, les perceptions sur l’évolution future des prix sont plus alignées avec le niveau actuel de l’inflation ; à l’exception de l’Italie, elles sont de nouveau proches de leur niveau moyen pré-crise inflationniste. C’est un signal positif pour la BCE, un meilleur ancrage des anticipations d’inflation donnant plus de crédibilité à sa politique monétaire .
La France se distingue : elle a retrouvé depuis 10 mois une inflation faible, comparable à celle pré-pandémie de Covid-19 Paradoxalement, la confiance des ménages français sur l’évolution passée des prix n’est pas meilleure malgré une augmentation significative de leur pouvoir d'achat, mesuré par le revenu disponible brut réel, depuis le T4 2020. Il en découle une hausse de leur taux d'épargne plus forte (+3,5 points depuis le T4 2019 contre +2,8 en zone euro). Toutefois, comme dans les autres pays, les anticipations des ménages français sont revenues à la normale (et même un peu en deçà).
[1] Cf. Lucie Barette et Hélène Baudchon « Le pouvoir d’achat des ménages a-t-il retrouvé son niveau d’avant la poussée d’inflation ? », janvier 2025.