Les inquiétudes concernant la croissance américaine grandissent. La crainte d’un rebond de l’inflation et le choc d’incertitude politique pèsent sur le sentiment des ménages et des entreprises. Les premières données d’activité du T1 2025 s’ajoutent aux signaux d’une détérioration en cours. Il est, par ailleurs, à ce stade peu probable de voir la Réserve fédérale (Fed) venir au secours de l’économie. Tour d’horizon rapide des avertissements envoyés par la conjoncture américaine.
États-Unis : des signes d’inquiétude
Sentiment en berne
D’après les enquêtes de confiance du Conference Board et de l’Université du Michigan, le moral des ménages américains est tombé à son plus bas depuis la fin 2022 (touché alors par les hausses de prix, de taux et les craintes de récession). Les anticipations d’inflation à 1 an s’élèvent à +4,9% a/a (+2,7% en octobre), alors que celles à 5 ans atteignent +3,9%, un record depuis 1992. En parallèle, l’envolée post-électorale du sentiment des petites entreprises (NFIB) a fait long feu. Le retrait de l’indice d’optimisme du NFIB demeure limité (-3,5 points en deux mois) mais l’indice d’incertitude atteint en février son second plus haut niveau historique, ce qui pourrait affecter les décisions d’investissement et les embauches.
Les données dures dans le dur
Les ventes au détail ont débuté 2025 sur leur pire performance mensuelle (-1,2%) depuis juillet 2021, avant de décevoir à nouveau en février. De plus, la correction boursière (-9,0% entre le 19 février et le 14 mars sur le S&P 500) pourrait entamer l’effet richesse sur la consommation. Par ailleurs, le déficit commercial a atteint un record historique en janvier, en amont de la mise en place de droits de douane supplémentaires. Le nowcast de la Fed d’Atlanta en porte la trace et estime la croissance du PIB réel à -2,1% t/t en rythme annualisé (-4,4pp par rapport au T4 2024). Ce résultat pointe clairement vers une détérioration de la situation économique. Néanmoins, ce chiffre doit être nuancé par la structure du modèle et l’impact mécanique de la hausse des importations. Cette détérioration pourrait s’amplifier avec la probable traduction du choc d’incertitude sur la demande et du choc tarifaire sur les prix. Dès lors, bien que modéré à ce jour, le risque de récession est réapparu aux États-Unis.
Pas de quoi perturber la Fed… pour le moment
Le FOMC devrait maintenir sa cible de taux à +4,25% - +4,5% lors de sa réunion des 18-19 mars. Par ailleurs, il ne semble pas pertinent d’envisager d’action préventive de la Fed : les chiffres d’inflation ne le permettent pas et les tarifs douaniers devraient contrarier la poursuite de la désinflation. Seul un écroulement inattendu du marché de l’emploi pourrait hâter le mouvement. Aussi, nous maintenons notre scénario d’une stabilité du taux directeur tout au long de l’année 2025.
Achevé de rédiger le 17 mars 2025