Le sommet UE-Royaume-Uni du 19 mai acte une nouvelle phase de rapprochement économique, plus de cinq ans après le Brexit qui a, sans conteste, fragilisé l’économie britannique. Les défis structurels auxquels est confronté le Royaume-Uni – inflation forte, investissements des entreprises atone, productivité faible – en découlent en partie.
Le redressement progressif de la demande, perceptible depuis près de six mois, semble se poursuivre en zone euro. Il reste à confirmer étant donné les incertitudes entourant la politique commerciale américaine. Néanmoins, la tendance à l’amélioration n’a pas été remise en cause par les décisions prises jusqu’ici. À moyen terme, la mise en œuvre du plan de réarmement européen et celle des plans d’investissement allemands devraient renforcer cette dynamique.
Les investissements requis pour répondre aux enjeux de la compétitivité, de la transition énergétique et technologique dans l’Union européenne sont gigantesques et leur besoin, imminent (2025-2030). S’y ajoutent désormais les dépenses visant à renforcer les capacités militaires de l'Union européenne. Pour en assurer le financement, l’UE doit bien sûr accélérer sa feuille de route vers l’Union de l’épargne et des investissements. Mais face à l’urgence, elle doit aussi tenir compte de son écosystème financier et s’appuyer sur ses banques. Le report de la FRTB (Fundamental Review of Trading Book) en 2027 et la proposition législative de la Commission européenne relative à la titrisation, attendue en juin, vont dans ce sens.
Le déficit public de la France s’est dégradé en 2023 comme en 2024. La dynamique des dépenses a été maintenue, alors même que les recettes publiques avaient perdu la leur. Le budget 2025 devrait permettre un début de consolidation grâce à un rebond des recettes. Toutefois, le poids des dépenses dans le PIB devrait se révéler relativement stable. L’enjeu de la poursuite de la consolidation budgétaire en 2026 reste donc entier. Cet exercice sera contraint par la hausse attendue de la charge d’intérêt et des dépenses militaires.
Ces dernières années, les économies d’Europe centrale ont déjoué les pronostics pessimistes sur leur capacité à résister aux chocs. Ainsi, en 2020, le PIB de la région s’est moins contracté que celui des pays avancés de l’Union européenne. En 2022, au début de la guerre en Ukraine, la région était considérée comme la plus exposée d’Europe, en raison de sa forte dépendance énergétique à l’égard de la Russie. Mais la récession attendue n’a pas eu lieu grâce à de généreuses mesures de relance budgétaire. L’Europe centrale est maintenant confrontée au choc que constitue la hausse des tarifs douaniers américains. La situation sera-t-elle différente cette fois-ci ?
Depuis janvier 2025, les États-Unis annoncent des revirements majeurs dans leur politique étrangère et commerciale. Pour les pays en développement qui dépendent de l’aide internationale, l’interruption de l’USAID et la hausse des tarifs douaniers sur les importations états-uniennes constituent un double choc qui fragilise durablement leurs perspectives économiques.
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont nous fêtons les 80 ans cette semaine, le dollar américain a dominé sans égal le système monétaire et financier international. De temps à autre, cette hégémonie a fait l’objet de questions qui ont, brièvement, fait la une de la presse financière. Néanmoins, malgré l’excitation que cela n’a pas manqué de susciter, jusqu’ici la réponse était invariablement : « Circulez, il n’y a rien à voir ». Cette fois-ci, c'est différent. La réaction des marchés financiers aux annonces tarifaires du « Liberation Day » le montre : le dollar et les bons du Trésor américain ont été liquidés au lieu d’être vus par les investisseurs comme des valeurs refuges de dernier recours, comme lors des précédentes crises
La grande majorité des pays d’Amérique latine se sont vu appliquer des droits de douane de 10%, soit le taux plancher, dès le 2 avril, par l’administration Trump. Cette clémence tient à la composition de leurs exportations - matières premières et énergie - quand les droits de douane « réciproques » de l’administration Trump visaient surtout les exportateurs de biens manufacturés, et au fait qu’ils enregistrent, pour la plupart, un déficit commercial avec les États-Unis.
Chaque année, au printemps et à l’automne, les décideurs économiques et financiers du monde entier se réunissent à Washington DC pour assister aux Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Des milliers d’économistes et de responsables du secteur privé financier les accompagnent. C’est, pour chacun, l’occasion de partager et de comparer avec ses pairs, dans des cadres formels et informels éparpillés dans la capitale américaine, ses propres perspectives économiques. En 25 ans de participation, l’édition de la semaine dernière a été l'une des plus intéressantes des réunions auxquelles j’ai assisté car j’ai eu le sentiment, comme tous les participants, de vivre un moment charnière de l'histoire économique. Voici les points essentiels que je retiens de ces réunions.
• Le déficit public de la zone euro a diminué en 2024 pour s’établir à -3,1% du PIB• L’Italie et la Grèce affichent des excédents primaires même si leurs charges d’intérêts restent élevées• La correction budgétaire, que doivent fournir les pays dont le déficit s’est accru en 2024 (France, Autriche, Belgique, Finlande), agira néanmoins comme un frein à la croissance de la zone
Afin de stabiliser sa dette publique, l’Italie génère des excédents budgétaires primaires depuis plusieurs années. Le niveau de leurs déficits actuels et l’augmentation prévisible de la charge d’intérêt devraient placer les États-Unis, le Royaume-Uni et la France dans une situation similaire. Chacun de ces pays sera, à terme, contraint d’équilibrer son budget primaire dans les années à venir.
Les annonces du 2 avril, dévoilant une augmentation massive et généralisée (quoique différenciée par pays) des droits de douane américains, constituent un tournant majeur. Reste encore à déterminer quelles en seront toutes les conséquences. Qu’elles soient négatives, au premier chef pour les États-Unis, ne fait pas de doute. Les turbulences sur les marchés financiers américains en attestent déjà. Même en cas de désescalade (notre scénario central), une incertitude extrêmement importante demeure et l’activité s’en trouvera durablement pénalisée.
Le mercredi 5 mars, le rendement du Bund à 10 ans a augmenté de 30 points de base, soit la plus forte hausse depuis la chute du mur de Berlin. Il a continué à augmenter les jours suivants, atteignant un pic le 11 mars. L'élément déclencheur a été l'annonce faite par Friedrich Merz (CDU) et les dirigeants de la CSU et du SPD lors d'une conférence de presse nocturne le mardi 4 mars 2025, durant laquelle ils avaient annoncé leur accord pour :réformer le frein à l'endettementexempter du frein à l’endettement les dépenses de défense supérieures à 1 % du PIB créer un fonds de 500 milliards d'euros pour les investissements dans les infrastructures.L'évolution du marché obligataire allemand a eu des répercussions importantes sur les marchés de la zone euro mais ce n'est pas une surprise.
En accélérant la baisse des prix du pétrole, la synchronisation - entre la décision de l’OPEP+ d’accélérer le desserrement des quotas et l’annonce par l’administration Trump du déclenchement d’une guerre tarifaire - pourrait limiter les pressions inflationnistes pour le consommateur américain et faire pression sur les membres indisciplinés du cartel. La convergence d’intérêts entre les poids lourds du marché du pétrole risque cependant d’être de courte durée. En effet, cette politique devrait compliquer l’équation économique pour les producteurs américains. Parallèlement, en pesant sur les finances publiques, elle présente un risque pour la cohésion du cartel.
Face au désengagement américain, l’Union européenne a décidé de serrer les rangs et de réinvestir massivement dans sa défense. Le Conseil européen a ainsi approuvé, le 6 mars dernier, un plan permettant théoriquement de mobiliser 800 milliards d’euros. Ce plan est divisé en deux volets. Le premier permettra à chaque État membre de dévier de sa trajectoire de dépenses à hauteur de 1,5% du PIB en moyenne sur une période de quatre ans, sans être visé par une procédure de déficit excessif. Ce dispositif permettrait – en théorie – de dégager une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire de 650 milliards d’euros. Pour l’heure, plusieurs gouvernements nationaux ont annoncé qu’ils ne feraient pas usage de la clause dérogatoire (France) ou y sont défavorables (Italie, Espagne).
L’administration Trump a annoncé la semaine dernière des droits de douane contre le monde entier qui, ajoutés à ceux des semaines précédentes, vont porter le tarif extérieur moyen des États Unis à 22%, contre 2,5% à fin 2024. La réaction des marchés financiers est sans appel et suggère des craintes encore plus sérieuses pour la croissance américaine que pour la croissance mondiale. Beaucoup d’inconnues demeurent, mais ce scénario est le plus plausible. Pour les partenaires commerciaux des États-Unis, mieux vaudrait résister à la tentation de l’escalade et au contraire mettre les bouchées doubles pour renforcer les moteurs de la croissance domestique. L’Europe est particulièrement bien positionnée pour y parvenir.
La vulnérabilité des pays de l’ASEAN au protectionnisme commercial américain a sensiblement augmenté depuis 2017. Les États-Unis sont devenus une destination-clé pour ces pays, qui y exportent des biens à faible intensité technologique (comme les produits textiles et chaussures) mais aussi à intensité technologique moyenne (téléphones portables) et forte (circuits électroniques intégrés et semi-conducteurs). Le Vietnam, la Thaïlande et, dans une moindre mesure, la Malaisie, ont les plus gros excédents commerciaux avec les États-Unis. Ils sont donc susceptibles d’être les plus visés par un changement de la politique tarifaire américaine
Comment Pékin réagira aux prochaines mesures protectionnistes américaines ? La Banque centrale va-t-elle laisser le yuan se déprécier pour compenser l’effet des hausses de droits de douane sur la compétitivité prix des exportations chinoises ?
Conséquence de l’explosion des dettes post-Covid et de la remontée des taux d’intérêt, la charge financière des États s’alourdit. Dans l’OCDE, elle atteint 3,3% du PIB, son plus haut niveau depuis 2010. Pour l’Union européenne, la fin de la période d’argent facile coïncide avec une augmentation substantielle de ses besoins d’emprunt, liée en partie à l’impératif de réarmement. Les finances publiques, déjà aux prises avec le dérèglement climatique et le vieillissement des populations, sont sous pression et ne pourront pas seules répondre à tous les défis.
Depuis quelques semaines, sous l’effet des annonces et de la mise en œuvre, assez erratiques, des premières mesures des Trumponomics 2.0, un vent moins favorable souffle sur l’économie américaine, qu’il s’agisse de Main Street ou de Wall Street. Entre craintes grandissantes sur l’inflation et sur la croissance, pendant combien de temps encore la Fed peut-elle prolonger le statu quo sur ses taux directeurs ?
Le président Donald Trump a promis de ramener les emplois manufacturiers aux États-Unis en refaisant de l'Amérique "la superpuissance manufacturière du monde qu'elle était autrefois". Il s'agit bien entendu du principal objectif de sa politique tarifaire radicale (en plus de lever des recettes et de faire pression sur les partenaires commerciaux pour obtenir des concessions non-commerciales). Selon son analyse, le déficit commercial persistant des États-Unis est la preuve que le reste du monde « arnaque » les États-Unis, par le biais de barrières commerciales injustes et de taux de change trop faibles. En conséquence, la base industrielle des États-Unis est en train de se déliter, sapant ainsi le niveau de vie des Américains.
Le message délivré par Pékin début mars lors du rassemblement annuel de l’Assemblée nationale populaire est clair : quelles que soient les difficultés liées aux rivalités commerciales et technologiques avec les États-Unis, l’économie chinoise devra atteindre une croissance proche de 5% en 2025. La cible est inchangée depuis 2023, et semble particulièrement ambitieuse cette année. En effet, la demande extérieure, moteur de la croissance chinoise en 2024, devrait s’affaiblir considérablement sous l’effet de la montée des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine. Les autorités comptent sur la demande intérieure pour prendre le relais, mais celle-ci se heurte à des freins encore puissants
Sans surprise, le FOMC a maintenu la cible de taux des Fed Funds à 4,25% - 4,5% lors de la réunion des 18 et 19 mars. Jerome Powell et le Comité commencent à intégrer les risques baissiers sur l’activité et haussiers pour l’inflation. À court terme, la stabilité des dot plots, la relativisation des risques de long terme liés aux tarifs douaniers et le maintien du message de patience visent, en creux, à offrir des gages de stabilité au milieu du tumulte actuel. Selon notre scénario, le FOMC réduirait le taux directeur assez fortement en 2026.
Les inquiétudes concernant la croissance américaine grandissent. La crainte d’un rebond de l’inflation et le choc d’incertitude politique pèsent sur le sentiment des ménages et des entreprises. Les premières données d’activité du T1 2025 s’ajoutent aux signaux d’une détérioration en cours. Il est, par ailleurs, à ce stade peu probable de voir la Réserve fédérale (Fed) venir au secours de l’économie. Tour d’horizon rapide des avertissements envoyés par la conjoncture américaine.
Dans un article de 1933 consacré à l’autosuffisance nationale, l’économiste britannique John Maynard Keynes recommandait à « ceux qui souhaitent dégager un pays de ses liens » de le faire « avec prudence et sans précipitation », utilisant pour appuyer ses propos l’image suivante : « Il ne s’agit pas d’arracher la plante avec ses racines, mais de l’habituer progressivement à pousser dans une direction différente ». À près d’un siècle de distance, que valent les préceptes de l’auteur de la Théorie générale ?
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