En accélérant la baisse des prix du pétrole, la synchronisation - entre la décision de l’OPEP+ d’accélérer le desserrement des quotas et l’annonce par l’administration Trump du déclenchement d’une guerre tarifaire - pourrait limiter les pressions inflationnistes pour le consommateur américain et faire pression sur les membres indisciplinés du cartel. La convergence d’intérêts entre les poids lourds du marché du pétrole risque cependant d’être de courte durée. En effet, cette politique devrait compliquer l’équation économique pour les producteurs américains. Parallèlement, en pesant sur les finances publiques, elle présente un risque pour la cohésion du cartel.
Face au désengagement américain, l’Union européenne a décidé de serrer les rangs et de réinvestir massivement dans sa défense. Le Conseil européen a ainsi approuvé, le 6 mars dernier, un plan permettant théoriquement de mobiliser 800 milliards d’euros. Ce plan est divisé en deux volets. Le premier permettra à chaque État membre de dévier de sa trajectoire de dépenses à hauteur de 1,5% du PIB en moyenne sur une période de quatre ans, sans être visé par une procédure de déficit excessif. Ce dispositif permettrait – en théorie – de dégager une marge de manœuvre budgétaire supplémentaire de 650 milliards d’euros. Pour l’heure, plusieurs gouvernements nationaux ont annoncé qu’ils ne feraient pas usage de la clause dérogatoire (France) ou y sont défavorables (Italie, Espagne).
L’administration Trump a annoncé la semaine dernière des droits de douane contre le monde entier qui, ajoutés à ceux des semaines précédentes, vont porter le tarif extérieur moyen des États Unis à 22%, contre 2,5% à fin 2024. La réaction des marchés financiers est sans appel et suggère des craintes encore plus sérieuses pour la croissance américaine que pour la croissance mondiale. Beaucoup d’inconnues demeurent, mais ce scénario est le plus plausible. Pour les partenaires commerciaux des États-Unis, mieux vaudrait résister à la tentation de l’escalade et au contraire mettre les bouchées doubles pour renforcer les moteurs de la croissance domestique. L’Europe est particulièrement bien positionnée pour y parvenir.
La vulnérabilité des pays de l’ASEAN au protectionnisme commercial américain a sensiblement augmenté depuis 2017. Les États-Unis sont devenus une destination-clé pour ces pays, qui y exportent des biens à faible intensité technologique (comme les produits textiles et chaussures) mais aussi à intensité technologique moyenne (téléphones portables) et forte (circuits électroniques intégrés et semi-conducteurs). Le Vietnam, la Thaïlande et, dans une moindre mesure, la Malaisie, ont les plus gros excédents commerciaux avec les États-Unis. Ils sont donc susceptibles d’être les plus visés par un changement de la politique tarifaire américaine
Comment Pékin réagira aux prochaines mesures protectionnistes américaines ? La Banque centrale va-t-elle laisser le yuan se déprécier pour compenser l’effet des hausses de droits de douane sur la compétitivité prix des exportations chinoises ?
Conséquence de l’explosion des dettes post-Covid et de la remontée des taux d’intérêt, la charge financière des États s’alourdit. Dans l’OCDE, elle atteint 3,3% du PIB, son plus haut niveau depuis 2010. Pour l’Union européenne, la fin de la période d’argent facile coïncide avec une augmentation substantielle de ses besoins d’emprunt, liée en partie à l’impératif de réarmement. Les finances publiques, déjà aux prises avec le dérèglement climatique et le vieillissement des populations, sont sous pression et ne pourront pas seules répondre à tous les défis.
Depuis quelques semaines, sous l’effet des annonces et de la mise en œuvre, assez erratiques, des premières mesures des Trumponomics 2.0, un vent moins favorable souffle sur l’économie américaine, qu’il s’agisse de Main Street ou de Wall Street. Entre craintes grandissantes sur l’inflation et sur la croissance, pendant combien de temps encore la Fed peut-elle prolonger le statu quo sur ses taux directeurs ?
Le président Donald Trump a promis de ramener les emplois manufacturiers aux États-Unis en refaisant de l'Amérique "la superpuissance manufacturière du monde qu'elle était autrefois". Il s'agit bien entendu du principal objectif de sa politique tarifaire radicale (en plus de lever des recettes et de faire pression sur les partenaires commerciaux pour obtenir des concessions non-commerciales). Selon son analyse, le déficit commercial persistant des États-Unis est la preuve que le reste du monde « arnaque » les États-Unis, par le biais de barrières commerciales injustes et de taux de change trop faibles. En conséquence, la base industrielle des États-Unis est en train de se déliter, sapant ainsi le niveau de vie des Américains.
Le message délivré par Pékin début mars lors du rassemblement annuel de l’Assemblée nationale populaire est clair : quelles que soient les difficultés liées aux rivalités commerciales et technologiques avec les États-Unis, l’économie chinoise devra atteindre une croissance proche de 5% en 2025. La cible est inchangée depuis 2023, et semble particulièrement ambitieuse cette année. En effet, la demande extérieure, moteur de la croissance chinoise en 2024, devrait s’affaiblir considérablement sous l’effet de la montée des mesures protectionnistes à l’encontre de la Chine. Les autorités comptent sur la demande intérieure pour prendre le relais, mais celle-ci se heurte à des freins encore puissants
Sans surprise, le FOMC a maintenu la cible de taux des Fed Funds à 4,25% - 4,5% lors de la réunion des 18 et 19 mars. Jerome Powell et le Comité commencent à intégrer les risques baissiers sur l’activité et haussiers pour l’inflation. À court terme, la stabilité des dot plots, la relativisation des risques de long terme liés aux tarifs douaniers et le maintien du message de patience visent, en creux, à offrir des gages de stabilité au milieu du tumulte actuel. Selon notre scénario, le FOMC réduirait le taux directeur assez fortement en 2026.
Les inquiétudes concernant la croissance américaine grandissent. La crainte d’un rebond de l’inflation et le choc d’incertitude politique pèsent sur le sentiment des ménages et des entreprises. Les premières données d’activité du T1 2025 s’ajoutent aux signaux d’une détérioration en cours. Il est, par ailleurs, à ce stade peu probable de voir la Réserve fédérale (Fed) venir au secours de l’économie. Tour d’horizon rapide des avertissements envoyés par la conjoncture américaine.
Dans un article de 1933 consacré à l’autosuffisance nationale, l’économiste britannique John Maynard Keynes recommandait à « ceux qui souhaitent dégager un pays de ses liens » de le faire « avec prudence et sans précipitation », utilisant pour appuyer ses propos l’image suivante : « Il ne s’agit pas d’arracher la plante avec ses racines, mais de l’habituer progressivement à pousser dans une direction différente ». À près d’un siècle de distance, que valent les préceptes de l’auteur de la Théorie générale ?
On dit que le consensus de Davos a toujours tort, mais il faut généralement plus de deux mois pour le vérifier. Pas cette année.
Nous sommes à près d’une semaine d’un vote qui pourrait changer la face de l’Allemagne. Le 18 mars, le Bundestag décidera de l’adoption de deux projets structurants portant sur la défense et les infrastructures. Un plan budgétaire massif qui pourrait dépasser les EUR 1 000 Mds sur les 10 prochaines années et relancer la croissance allemande, aux abonnés absents depuis près de 3 ans.
La production nouvelle de crédits bancaires (hors renégociations) aux ménages et aux sociétés non financières (SNF) de la zone euro a poursuivi en janvier 2025 son accélération sur fond de baisse des taux d’intérêt. En cumul annuel, les nouveaux crédits au secteur privé non financier (SPNF) ont augmenté de 8,6% sur un an, après 7,4% en décembre 2024, pour s’établir à EUR 3 437 mds.
Résilience des conditions de financement extérieur. L’élection de Donald Trump à la Maison Blanche a provoqué un rallye sur le dollar US et ravivé les incertitudes sur les conditions de financement extérieur des pays émergents. Le peso argentin, la livre turque et le rand sud-africain sont parmi les monnaies émergentes qui ont enregistré les plus fortes dépréciations entre le 5 novembre 2024 et le 24 février 2025, perdant respectivement 6,3%, 5,7% et 5,2% de leur valeur face au dollar US. Dans l’ensemble, les emprunteurs souverains émergents devraient plutôt bien résister face au renforcement du dollar et au risque de sélectivité accrue des investisseurs envers les actifs risqués. Cependant, tous ne sont pas logés à la même enseigne
Le résultat des élections allemandes révèle un vainqueur clair : la CDU/CSU. Seuls cinq partis ont pu entrer au parlement, réduisant ainsi la fragmentation du Bundestag. Une grande coalition avec le SPD est possible. Les négociations devraient débuter rapidement afin d’établir une feuille de route commune. À leur terme, il faut s’attendre à des changements : un gouvernement allemand plus à l’initiative dans les affaires européennes, plus d’investissements publics, le renforcement des dépenses de défense et, par conséquent, un déficit budgétaire et une dette publique allemands qui pourraient augmenter.
Les pourparlers de paix ont débuté. Nous ne savons pas exactement quand ni où ils aboutiront mais les choses évoluent rapidement. Si l'attention se concentre à juste titre sur les défis géostratégiques colossaux qui n’avaient pas été anticipés, il n'est pas trop tôt pour commencer à tracer la carte des principales implications économiques pour l'Europe.
Les enjeux des élections allemandes du 23 février sont importants. Le PIB allemand stagne depuis 3 ans et les capacités de production dans l’industrie ont subi leur première baisse depuis la réunification. La question du maintien du territoire allemand en tant que site de production (standort deutschland) se pose à nouveau. Dans ce contexte, ces élections permettront-elles d’entamer une nouvelle ère (zeitenwende) dans la politique économique allemande, comme ce fut le cas avec les lois Hartz dans les années 2000 ? L’attention se portera sur deux points en particulier : la réforme du frein à l’endettement, ainsi que celles concernant le coût de l’énergie.
Alors que la croissance française a atteint 1,1% en 2023 et 2024, les incertitudes, notamment de nature politique, devraient la conduire un peu en deçà en 2025 (0,7% selon nos prévisions). La différence s’explique en premier lieu par la faiblesse de l’acquis de croissance après le 4e trimestre 2024 et le 1er trimestre 2025. Toutefois, le pire est probablement derrière nous et la croissance devrait se raffermir à partir du 2e trimestre. En effet, la mise en œuvre du budget 2025 devrait restaurer la confiance et permettre une augmentation de la consommation publique par rapport au T1 (où elle avait été pénalisée par la reconduction du budget 2024)
À qui le tour ? Sitôt investi président des États-Unis et comme il l’avait promis, Donald J. Trump a dégainé l’arme des droits de douane, « le plus beau mot du dictionnaire » selon lui. Le Mexique, le Canada et la Chine ont subi les premières attaques, tandis que l’Union européenne (UE) était explicitement visée.
Alors que la Réserve fédérale (Fed) a baissé de 100 pb sa cible de taux à partir du 18 septembre 2024, les rendements obligataires ont augmenté d’environ 80 pb. Cette déconnexion, rare, évoque une version inversée du conundrum obligataire de Greenspan (2004–2005) : durant cet épisode, qui a aussi touché l’Europe, la hausse des taux courts avait eu peu d’effets sur les taux longs. Comment expliquer ces mouvements contraires entre taux courts et taux longs ? Quelles en sont les implications ?
D’après le consensus actuel, la divergence importante entre l’économie des États-Unis et celle de l’Union européenne, observée depuis la pandémie, devrait persister. Il est vrai que l’économie américaine bénéficie d’une dynamique de croissance forte et affiche un moral d’acier, alors que l’Europe n’a ni l’une ni l’autre. Mais extrapoler à partir d’un instantané, comme l’instinct nous pousse à le faire, est souvent une erreur. En réalité, il existe de solides raisons pour que l’écart entre la croissance des États-Unis et celle de l’Europe se réduise en 2025, comme le prévoit le scénario central de BNP Paribas, avec un ralentissement de l’économie américaine et une accélération de celle de la zone euro (quoique modeste)
L’impulsion du crédit au secteur privé a continué de se redresser dans la zone euro au quatrième trimestre 2024 (1,5 après entre 1,1 et 1,2 depuis septembre 2024). Redevenue positive depuis août (0,8), elle atteignait, en décembre 2024, son niveau le plus élevé depuis novembre 2022 (2,7). L’enquête de la BCE sur la distribution du crédit dans la zone euro confirme la reprise de la demande de crédit au quatrième trimestre 2024. Les incertitudes politiques ont toutefois entraîné un resserrement des critères d’octroi des prêts aux entreprises en France et en Allemagne.
La politique énergétique a été au centre de l’agenda de la campagne électorale de Donald Trump et de ses premières semaines à la Maison Blanche. Le nouveau président a pour objectif de confirmer la domination américaine sur le marché mondial des hydrocarbures (les États-Unis sont le premier producteur mondial de pétrole depuis 2019) et d’assurer un prix bas pour le consommateur américain. Cela se traduit concrètement par la volonté d’augmenter la production américaine d’hydrocarbures de trois millions de barils équivalent-pétrole par jour (mb/j), pour une production moyenne de pétrole brut de plus de 13 mb/j en 2024. Mais cet objectif est-il réaliste ?