Les chiffres de croissance du PIB au premier semestre ont été brouillés par un jeu de vases communicants. Au T2, la croissance en zone euro a été pénalisée par la baisse des exportations, alors que celle des importations aux États-Unis a entraîné un net rebond. C’est un contrecoup du T1, où les exportations additionnelles, anticipant le choc tarifaire, avaient soutenu la croissance en zone euro, tout en pénalisant celle des États-Unis. Au-delà de cette volatilité inhabituelle, c’est bien la robustesse de la croissance qui frappe. En zone euro, la croissance allemande est bien de retour, quoique modérément, et l’assouplissement de la politique monétaire produit ses effets, une robustesse qui resterait de mise au 2e semestre
Les présidents Trump et von der Leyen ont annoncé hier depuis l'Écosse qu'un accord commercial avait été conclu. Est-ce un bon accord ? La plupart des commentateurs politiques et de nombreux éditorialistes répondaient ce matin par la négative. Mais les marchés boursiers applaudissent. Notre avis : on ne pouvait raisonnablement espérer meilleur accord. En particulier, il élimine le risque d'une escalade de la guerre commerciale entre les deux plus grandes puissances commerciales mondiales et crée un environnement plus prévisible pour les entreprises des deux côtés de l'Atlantique.
Cette fois-ci, il ne s’agit plus d’estimations issues de modèles, mais de données réelles, fournies par les douanes. Disponibles partiellement jusqu’au deuxième trimestre de 2025 en Chine comme en Allemagne, elles indiquent une chute spectaculaire des exportations vers les États-Unis dans le sillage des droits de douane imposés par l’Administration Trump, ainsi qu’une capacité étonnante du commerce international à se redéployer.
Le dernier resserrement monétaire réalisé aux États-Unis entre mars 2022 et juillet 2023 s’est traduit par des sorties d’investissements de portefeuille des non-résidents bien plus massives que lors du précédent (2016-2018) et du fameux taper tantrum de 2013. Pour autant, la vulnérabilité des économies émergentes aux durcissements monétaires outre-Atlantique est moindre qu’il y a une dizaine d’années. D’une part, l’impact des mouvements de capitaux flight to quality des investisseurs privés non-résidents, sur les primes de risque et les rendements obligataires en monnaie locale, est moins important. D’autre part, le niveau et la structure de la dette des entreprises se sont améliorés.
L’ISM manufacturier s’améliore modestement en juin, avec un bond notable de la production (50,3, +4,9pp), qui atteint la zone d’expansion pour la première fois depuis février. L’ISM non manufacturier repasse en zone de croissance (50,8, +0,9pp) grâce au rebond de l’activité et des nouvelles commandes.
Donald Trump a, le plus souvent, temporisé au lendemain de ses annonces déstabilisantes sur les tarifs douaniers. Il n’empêche, le mal est fait et l'incertitude est forte. La croissance comme le financement de l’économie américaine pourraient en porter la trace. Pour le moment, la santé du secteur pétrolier semble préservée.
Tandis que la Réserve fédérale (Fed) estime que l’incertitude a faibli, sa conviction s’est renforcée quant à une hausse imminente de l’inflation liée aux tarifs douaniers. Le Comité (FOMC) apparaît néanmoins grandement divisé concernant la balance des risques. Nous maintenons notre prévision d’une absence de baisse de taux en 2025 face à un regain inflationniste combiné à une croissance insuffisamment ralentie.
Dans les prochains mois, un assouplissement de la norme de levier bâloise (Supplementary Leverage Ratio, SLR) pourrait être proposé par les régulateurs américains. L’objectif est d’alléger la contrainte bilancielle des primary dealers, qui sont pour la plupart des filiales de grandes banques, et d’améliorer ainsi les conditions d’intermédiation du marché des titres du Trésor américain.
L’ISM manufacturier recule pour un 4e mois consécutif en mai, à 48,5. Les tensions commerciales apparaissent dans le ralentissement des livraisons et la contraction des stocks. Surtout, les importations atteignent un plus bas depuis 2009 et les nouvelles commandes à l’exportation un plus bas depuis le printemps 2020.
Un climat des affaires mal orienté. L’ISM Manufacturing recule depuis 4 mois (de -0,2pp à 48,6 en avril). La production, les embauches et les nouvelles commandes se situent en zone de contraction. L’indice des prix payés (69,8) est à un plus haut depuis 2022. En parallèle, l’ISM Non-Manufacturing est resté positif mais ralentit (50,8 en mars contre 54,1 en décembre 2024).
Depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale, dont nous fêtons les 80 ans cette semaine, le dollar américain a dominé sans égal le système monétaire et financier international. De temps à autre, cette hégémonie a fait l’objet de questions qui ont, brièvement, fait la une de la presse financière. Néanmoins, malgré l’excitation que cela n’a pas manqué de susciter, jusqu’ici la réponse était invariablement : « Circulez, il n’y a rien à voir ». Cette fois-ci, c'est différent. La réaction des marchés financiers aux annonces tarifaires du « Liberation Day » le montre : le dollar et les bons du Trésor américain ont été liquidés au lieu d’être vus par les investisseurs comme des valeurs refuges de dernier recours, comme lors des précédentes crises
Chaque année, au printemps et à l’automne, les décideurs économiques et financiers du monde entier se réunissent à Washington DC pour assister aux Réunions de printemps du FMI et de la Banque mondiale. Des milliers d’économistes et de responsables du secteur privé financier les accompagnent. C’est, pour chacun, l’occasion de partager et de comparer avec ses pairs, dans des cadres formels et informels éparpillés dans la capitale américaine, ses propres perspectives économiques. En 25 ans de participation, l’édition de la semaine dernière a été l'une des plus intéressantes des réunions auxquelles j’ai assisté car j’ai eu le sentiment, comme tous les participants, de vivre un moment charnière de l'histoire économique. Voici les points essentiels que je retiens de ces réunions.
L’offensive tarifaire menée par Donald Trump depuis son retour à la Maison-Blanche s’est rapidement transformée en un face-à-face avec la Chine. Au terme d’un cycle d’annonces et de rétorsions, les tarifs supplémentaires appliqués par les Etats-Unis aux biens en provenance de Chine culminent à 145%, hors exemptions, contre 125% dans le sens inverse. Le choc est d’une ampleur sans précédent, et les deux hyperpuissances sont engagées dans un jeu à somme négative.
La Réserve fédérale américaine a, depuis juin 2022, très largement réduit sa détention de titres de dette du Trésor américain dans le cadre de son programme de resserrement quantitatif, ou QT, après l’avoir massivement élargie, entre mars 2020 et mai 2022, à l’occasion de son programme d’assouplissement quantitatif, ou QE. Le graphique que nous commentons ici montre quels secteurs institutionnels se sont substitués à la Fed pour absorber le papier émis par le Trésor.
Après la surperformance de 2023-2024, la croissance américaine est attendue en net ralentissement sous l’effet des chocs d’incertitude et tarifaire provoqués par la nouvelle administration. Les craintes de récession font un retour remarqué. Dans le même temps, l’inflation enregistrerait un rebond marqué sous l’effet des droits de douane supplémentaires. Face à la stagflation qui se dessine, la Fed devrait se garder d’assouplir sa politique monétaire en 2025.
L’administration Trump a annoncé la semaine dernière des droits de douane contre le monde entier qui, ajoutés à ceux des semaines précédentes, vont porter le tarif extérieur moyen des États Unis à 22%, contre 2,5% à fin 2024. La réaction des marchés financiers est sans appel et suggère des craintes encore plus sérieuses pour la croissance américaine que pour la croissance mondiale. Beaucoup d’inconnues demeurent, mais ce scénario est le plus plausible. Pour les partenaires commerciaux des États-Unis, mieux vaudrait résister à la tentation de l’escalade et au contraire mettre les bouchées doubles pour renforcer les moteurs de la croissance domestique. L’Europe est particulièrement bien positionnée pour y parvenir.
Le bras de fer entre les États-Unis et l’Union européenne est lancé. L’administration Trump a relevé, le 12 mars dernier, de 25 % les droits de douane sur les importations américaines d’aluminium et d’acier. En réaction, l’UE a annoncé qu’elle rétablira, mi-avril, les droits de douane introduits lors du premier mandat de Donald Trump, suspendus depuis 2020.
Depuis quelques semaines, sous l’effet des annonces et de la mise en œuvre, assez erratiques, des premières mesures des Trumponomics 2.0, un vent moins favorable souffle sur l’économie américaine, qu’il s’agisse de Main Street ou de Wall Street. Entre craintes grandissantes sur l’inflation et sur la croissance, pendant combien de temps encore la Fed peut-elle prolonger le statu quo sur ses taux directeurs ?
Le président Donald Trump a promis de ramener les emplois manufacturiers aux États-Unis en refaisant de l'Amérique "la superpuissance manufacturière du monde qu'elle était autrefois". Il s'agit bien entendu du principal objectif de sa politique tarifaire radicale (en plus de lever des recettes et de faire pression sur les partenaires commerciaux pour obtenir des concessions non-commerciales). Selon son analyse, le déficit commercial persistant des États-Unis est la preuve que le reste du monde « arnaque » les États-Unis, par le biais de barrières commerciales injustes et de taux de change trop faibles. En conséquence, la base industrielle des États-Unis est en train de se déliter, sapant ainsi le niveau de vie des Américains.
Sans surprise, le FOMC a maintenu la cible de taux des Fed Funds à 4,25% - 4,5% lors de la réunion des 18 et 19 mars. Jerome Powell et le Comité commencent à intégrer les risques baissiers sur l’activité et haussiers pour l’inflation. À court terme, la stabilité des dot plots, la relativisation des risques de long terme liés aux tarifs douaniers et le maintien du message de patience visent, en creux, à offrir des gages de stabilité au milieu du tumulte actuel. Selon notre scénario, le FOMC réduirait le taux directeur assez fortement en 2026.
Échaudée par la crise des marchés monétaires, qu’elle n’avait pas anticipée, lors de son premier resserrement quantitatif (Quantitative Tightening, QT1), la Réserve fédérale américaine (Fed) entend piloter le deuxième (QT2) avec grande prudence.Cela suppose de réduire son portefeuille de titres sans créer de pénurie de monnaie centrale, au regard des exigences de liquidité imposées aux banques soumises au dispositif Bâle 3. À défaut de pouvoir estimer le montant optimal de réserves en banque centrale nécessaire à la bonne transmission de sa politique monétaire, la Fed se donne pour objectif de ramener le stock de réserves à un niveau suffisamment « ample »
Les inquiétudes concernant la croissance américaine grandissent. La crainte d’un rebond de l’inflation et le choc d’incertitude politique pèsent sur le sentiment des ménages et des entreprises. Les premières données d’activité du T1 2025 s’ajoutent aux signaux d’une détérioration en cours. Il est, par ailleurs, à ce stade peu probable de voir la Réserve fédérale (Fed) venir au secours de l’économie. Tour d’horizon rapide des avertissements envoyés par la conjoncture américaine.
Dans un article de 1933 consacré à l’autosuffisance nationale, l’économiste britannique John Maynard Keynes recommandait à « ceux qui souhaitent dégager un pays de ses liens » de le faire « avec prudence et sans précipitation », utilisant pour appuyer ses propos l’image suivante : « Il ne s’agit pas d’arracher la plante avec ses racines, mais de l’habituer progressivement à pousser dans une direction différente ». À près d’un siècle de distance, que valent les préceptes de l’auteur de la Théorie générale ?
La confiance des ménages se détériore en février selon le Conference Board (98,3, -7,0 points) et plus encore en mars selon l’Université du Michigan (57,9, -6,8 points) en raison de la dégradation des anticipations (voir graphique). Selon l’enquête de l’Université du Michigan, le bond des anticipations d’inflation à 1 an (+4,9%, +0,6pp) s’accompagne d’un record sur 32 ans des anticipations à 5 ans (+3,9%, +0,4pp).
On dit que le consensus de Davos a toujours tort, mais il faut généralement plus de deux mois pour le vérifier. Pas cette année.
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