Le processus de restructuration de la dette extérieure du gouvernement éthiopien s’est récemment débloqué. L’accord de paix entre les autorités fédérales et les forces rebelles du Tigré, signé en novembre 2022, a mis fin à deux années de guerre civile et a permis de relancer les négociations avec les institutions internationales. Ainsi, presque trois ans après avoir sollicité le Cadre commun du G20 pour restructurer sa dette, l’Éthiopie est parvenue à un accord intérimaire de suspension du service de sa dette bilatérale. Ce n’est qu’un début : les autorités éthiopiennes doivent maintenant trouver un accord avec l’ensemble des créanciers extérieurs pour obtenir une restructuration complète
Au cours des derniers mois, le continent africain a profondément souffert des pressions inflationnistes. En Afrique de l’Est et australe, l’inflation a culminé à 19,4% en glissement annuel (g.a.) en novembre 2022. Elle a depuis amorcé une lente et difficile décélération : en juillet 2023, l’inflation régionale a reculé à 15,5%, après un nouveau pic à 20,6% en juin. Cette moyenne masque néanmoins de fortes disparités nationales.
En Éthiopie, la pandémie du coronavirus a déclenché une crise économique qui remet en cause le modèle de développement du pays de ces dix dernières années. Les réformes tardives, les coûts logistiques importants et la pénurie de devises étrangères ont fortement ralenti la modernisation de l’économie. De plus, le conflit interne dans la région du Tigre menace la stabilité politique du pays et aggrave la crise humanitaire. Sans ressources, le pays n’a pas les moyens de faire face aux conséquences économiques de la pandémie et il reste fortement dépendant des aides étrangères. L’endettement en devises est devenu trop important par rapport aux recettes d’exportation. Le pays a demandé une restructuration de sa dette extérieure dans le cadre commun proposé par le G20
Le pays devrait enregistrer son taux de croissance du PIB le plus faible depuis 2003. Même si le coronavirus a relativement épargné la population, la conjoncture économique s’est considérablement dégradée : le pays subit à la fois un choc domestique et une baisse des revenus extérieurs qui exerce une pression sur les réserves de change, déjà structurellement faibles. L’aide financière des bailleurs de fonds internationaux limite à court terme le risque de liquidité mais le contexte actuel souligne largement la nécessité de réformes. En parallèle, subsiste un risque politique accru avec l’émergence de tensions socio-politiques dont les enjeux sont significatifs pour la stabilité politique et économique du pays.
Pour soutenir la croissance économique, le gouvernement éthiopien abandonne son modèle économique centré sur l’investissement public financé par la dette, pour adopter une stratégie d’ouverture aux capitaux étrangers. Des entreprises publiques seront privatisées et les restrictions aux investissements étrangers sont levées. Dans l’immédiat, l’aide approuvée dernièrement par le FMI vise à remédier aux pénuries de devises, en échange d’une gestion plus stricte des entreprises publiques. La libéralisation du taux de change sera progressive afin d’éviter les tensions inflationnistes et leurs conséquences sociales.