L'année 2024 touche à sa fin, mais les incertitudes politiques et économiques persistent et devraient se prolonger en 2025, sous de nouvelles formes. La plateforme programmatique de Donald Trump est connue. En revanche, les mesures qui seront effectivement mises en œuvre leur calendrier et leurs répercussions économiques font partie des grandes inconnues connues de 2025. En tout état de cause, l’incertitude en elle-même représente un frein important à la croissance l’année prochaine. Une convergence des taux de croissance entre les États-Unis et la zone euro devrait s’amorcer dans le courant de 2025, via un ralentissement de la croissance américaine
Depuis 2019, l’endettement du secteur privé de l’ensemble des pays émergents en pourcentage du PIB progresse tandis que, dans le même temps, celui des pays avancés diminue. L’analyse par pays montre toutefois que la Chine en est très largement responsable et que, même hors Chine, les ratios d’endettement masquent des effets d’agrégation positifs. Ainsi, sur la base des ratios médians et des écarts des taux d’endettement à leur tendance (credit gap), hors Chine, le secteur privé s’est désendetté dans nombre de pays jusqu’au troisième trimestre 2024. Les conditions économiques et financières actuelles et à venir laissent davantage anticiper une poursuite de cette baisse.
Imagineriez-vous qu'un homme politique, qui centre sa stratégie économique sur l’augmentation des impôts des ménages et des entreprises, puisse se faire élire ? Ou que le parlement d'un État membre de l'Union européenne vote contre une initiative de l'UE visant à réduire ces mêmes impôts ? Probablement pas. Et pourtant, ces deux cas de figure se sont produits tout récemment : Donald Trump et ses partenaires républicains ont pris le contrôle de la Maison Blanche et du Congrès américain, tandis que le Parlement français a voté, à une large majorité, contre l'accord commercial UE-Mercosur.
Pour l’heure, Donald Trump n’a pas précisé ses intentions en matière de réglementation bancaire. Le risque existe toutefois qu’il œuvre en faveur d’une traduction a minima de la finalisation de Bâle 3 en droit américain. Une issue qui ruinerait les efforts d’harmonisation des cadres prudentiels internationaux et introduirait de fortes distorsions de concurrence entre banques américaines et européennes.
Beaucoup de choses ont changé depuis la publication en septembre dernier des perspectives économiques pour le quatrième trimestre. Celles-ci prévoyaient généralement avec allégresse que l’économie mondiale s'orientait vers un atterrissage en douceur après le regain d'inflation le plus aigu et le resserrement monétaire le plus brutal observés depuis plusieurs décennies. Sur le plan économique, les statistiques plus récentes ont permis d’affiner les perspectives de croissance, du marché du travail et de l'inflation. La Chine a dévoilé un vaste plan de relance, et le Royaume-Uni présenté un budget radical pour 2025
L’élection de Donald Trump à la tête des États-Unis fait craindre le renforcement des mesures protectionnistes. Des droits de douane seraient appliqués à l’ensemble des produits importés quelle qu’en soit la provenance. Outre la Chine, principal pays visé, les inquiétudes autour des conséquences macro-économiques et financières d’une telle politique ont singulièrement augmenté au Mexique.
En Espagne, en Italie et au Portugal, les cinq plus grands groupes bancaires ont, en moyenne et sur base consolidée, dégagé une rentabilité financière (ROAE) annualisée de respectivement 15,0%, 15,6% et 18,1% au cours des trois premiers trimestres 2024. Ces niveaux sont inédits depuis 2007.
L’avant-dernière réunion du FOMC de 2024 a débouché, comme attendu, sur une réduction de 25 pb de la cible de taux, à +4,5% - +4,75%. Les échéances à venir s’annoncent plus complexes pour la Fed, entre un atterrissage en douceur de l’économie restant à délivrer, et la victoire présidentielle de Trump dont les projets économiques sont susceptibles d’accroître l’inflation, et dont l’inimitié à l’encontre de Powell est notoire.
Le soleil brillait la semaine dernière à Washington, DC, lors des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI), mais l’ombre des élections américaines imminentes planait sur les réunions rassemblant ministres des Finances, gouverneurs des banques centrales, économistes du secteur privé et professionnels de la finance du monde entier. Le fait que l’économie mondiale soit en meilleure forme que prévu a été éclipsé
Le 30 septembre dernier, la Federal Housing Finance Agency (FHFA) a annoncé son intention de relever les limites d’exposition par contrepartie appliquées aux comptes de dépôts des Federal Home Loan Banks (FHLB) au même niveau que celles fixées pour leurs prêts de fonds fédéraux, une piste déjà évoquée dans son rapport de décembre 2023. Cette harmonisation pourrait conduire les FHLB à privilégier les dépôts auprès des banques, car ceux-ci sont mieux rémunérés. L’offre sur le marché des fonds fédéraux, sur lequel les FHLB occupent une place prépondérante en qualité de prêteurs, s’en trouverait réduite, tirant le taux effectif des fonds fédéraux vers le haut.
Le PIB réel italien des trois dernières années est plus élevé que précédemment estimé, à la faveur de la révision générale 2024 des comptes nationaux. Cette dernière, réalisée tous les cinq ans et publiée par l’Istat le 23 septembre dernier, inclut le changement de base avec année de référence 2021. En conséquence, le PIB en volume dépasse enfin, même si c’est de peu, son niveau datant d’avant la crise financière de 2008 (+0,6 pp au T2 2024 par rapport au T4 2007).
La réunion de septembre du FOMC a initié un démarrage en trombe du cycle d’assouplissement de la Fed, avec une baisse significative de 50 pb de la cible de taux qui s’établit désormais à +4.75% - +5.0%. De façon inhabituelle, la banque centrale a opté pour une baisse significative, alors que l’économie demeure dynamique et, surtout, avec l’objectif explicite de maintenir un statu quo. Le pivot intervient alors que les conditions macroéconomiques ont conduit la Fed à réorienter ses priorités vers la composante ‘plein-emploi’ du mandat dual, sans qu’elle ne puisse toutefois déclarer « mission accomplie » sur le plan de l’inflation
La Réserve fédérale américaine a démarré, en juin 2022, un programme de réduction de la taille de son bilan (QT2). La réglementation bancaire pourrait toutefois venir contrarier ses ambitions. Déjà, le premier programme de resserrement quantitatif (QT1), lancé en octobre 2017 par la Fed, avait été interrompu prématurément en raison des exigences de liquidité imposées aux banques. Les contraintes bilancielles pourraient à leur tour précipiter l’arrêt de QT2. Le resserrement de la norme de levier a d’ores et déjà réduit la capacité des banques à intermédier les marchés secondaires des titres du Trésor américain alors que les besoins de financement de l’État fédéral ne cessent de croître.
Les moratoires, légaux et contractuels, accordés depuis le début de la pandémie de Covid-19 au secteur privé non financier[1] portugais sont arrivés, dans une très large mesure, à expiration. L’encours des prêts soumis à des moratoires s’établissait à EUR 3,1 mds en octobre 2021 contre EUR 3,6 mds en mars 2020, et EUR 46,3 mds à leur pic en septembre 2020. Les moratoires ne concernent désormais plus que 1,5% de l’encours des prêts aux ménages et aux sociétés non financières contre 1,9% en mars 2020 et 23,5% en septembre 2020. L’arrivée à échéance des moratoires depuis le mois de septembre 2021 ne s’est pas, pour l’heure, traduite par une augmentation significative des prêts non performants[2]
C’était à craindre. Sitôt acté son divorce avec l’Union européenne, le Royaume-Uni en conteste les termes. Le 16 mars dernier, deux procédures d’infraction lui étaient notifiées, l’une pour violation des dispositions du protocole sur l’Irlande et l’Irlande du Nord, l’autre pour violation du devoir de bonne foi. La suite, qui pourrait aller jusqu’à des sanctions, est à écrire. Reste que le Brexit, qualifié « d’erreur historique » par les Vingt-Sept, n’apparait ni plus ni moins que pour ce qu’il est : un acte de rupture. Certes, il n’empêchera pas l’économie britannique de se redresser dans l’immédiat
Au-delà du choc économique à court terme, la pandémie de Covid-19 et les mesures sanitaires exceptionnelles mises en place pour la contenir posent de nombreuses questions sur les conséquences durables de cette crise. Le débat autour des entreprises zombies, qui n’est pas nouveau, a pris de l’ampleur puisque leur part dans les économies développées a tendanciellement augmenté depuis les années 1980. Les interventions publiques massives de lutte contre les effets de la pandémie, du côté des gouvernements - moratoire sur la dette, annulation de cotisations sociales pour les employeurs, large recours aux dispositifs d’activité partielle, etc
Face au prolongement de la crise sanitaire, l’Autorité bancaire européenne (EBA : European Banking Authority) a décidé, le 2 décembre 2020, de réactiver ses lignes directrices relatives aux moratoires, législatifs ou non, sur les remboursements de prêts. Cette décision vise à permettre aux établissements de crédit d’assouplir leurs critères d’octroi de moratoires. Les moratoires accordés en raison de la pandémie de COVID-19 avant le 31 mars 2021 ne seront pas automatiquement considérés comme des mesures de renégociations. Toutefois, ces moratoires devront avoir bénéficié à un ensemble suffisamment large d’emprunteurs et leur octroi avoir été fondé sur un critère autre, notamment, que celui de la solvabilité
Le 16 septembre dernier, le superviseur unique (SSM) de la zone euro a annoncé l’exonération provisoire des réserves auprès de l’Eurosystème du calcul du ratio de levier des grandes banques. Le même assouplissement avait été introduit quelques mois plus tôt aux États-Unis, en Suisse et au Royaume-Uni. De fait, les dispositifs exceptionnels de soutien à la liquidité, mis en place par les autorités publiques, ont provoqué un élargissement sensible des bilans bancaires. Craignant que les exigences de levier n’entravent la transmission de la politique monétaire et la capacité des banques à prêter à l’économie, les régulateurs, puis les superviseurs les ont temporairement assouplies
En réponse à la crise liée à la pandémie de Covid-19, le Congrès américain a mis en place, en avril dernier, un programme de prêts aux petites et moyennes entreprises (Paycheck Protection Program, PPP) garantis par l’État fédéral. L’enveloppe globale atteint près de USD 650 mds. Sous certaines conditions, ces prêts seront convertibles en subventions dans la limite de la masse salariale, des intérêts sur prêts hypothécaires, des loyers et frais de fonctionnement supportés durant les 24 semaines suivant l’obtention du crédit. L’annulation partielle ou complète des créances sera conditionnée au maintien de l’emploi et des salaires d’ici la fin de l’année. Au 22 juin, 4,6 millions de PME avaient emprunté plus de USD 515 mds par ce biais, un niveau quasi-atteint dès la mi-mai
Les stabilisateurs fiscaux automatiques contribuent à amortir l’impact des chocs économiques sur le PIB par le biais de la variation des recettes publiques (dues à la progressivité de l’impôt) et des dépenses sociales (assurance chômage). L’efficacité de ces stabilisateurs présente d’autant plus d’intérêt que la marge de manœuvre de la politique monétaire est limitée. Une étude de la Commission européenne confirme que, dans une certaine mesure, les stabilisateurs automatiques atténuent l’impact des chocs négatifs sur le PIB. Cet effet est-il suffisant ? Cela reste à vérifier. Ces questions justifient un débat sur le rôle des politiques budgétaires discrétionnaires en cas de récession.