L’économie marocaine s’est illustrée par sa capacité de résistance ces dernières années. Les pertes de PIB induites par la crise du COVID ont été rapidement effacées et le choc inflationniste de 2023 est passé. Tombée en dessous de 1% depuis le début de l’année contre un pic de 10% début 2023, l’inflation n’est plus une source de préoccupation majeure. En juin, la Banque Centrale a décidé d’assouplir sa politique monétaire. La solidité des comptes extérieurs et la consolidation en cours des finances publiques ont également rassuré les autorités monétaires dans leur prise de décision.
Au Maroc, les derniers chiffres de la croissance du PIB et de l’inflation ont été meilleurs qu’attendu, mais le nouvel épisode de sécheresse compromet la reprise économique. L’instabilité régionale constitue un autre risque à prendre en considération. Le pilotage adéquat de la politique économique et les fondamentaux solides du pays restent toutefois des facteurs rassurants de stabilité macroéconomique.
L’économie marocaine continuera d’afficher des déséquilibres extérieurs et publics importants malgré le reflux des cours mondiaux des matières premières. La stabilité macroéconomique n’est toutefois pas menacée. Les réserves de change sont confortables et la structure de la dette publique est favorable. De plus, l’économie devrait bénéficier d’un rebond de la production agricole après une chute historique en 2022. Dans un environnement international encore très instable, cependant, la tâche des autorités reste complexe. Elles doivent en effet maintenir une politique économique prudente mais pourraient être amenée, une nouvelle fois, à soutenir l’activité. La décélération de la croissance du PIB hors secteur agricole devrait être prononcée.
En raison de sa forte dépendance aux importations de pétrole et de blé, le Maroc va souffrir des conséquences de la guerre en Ukraine. Néanmoins, des réserves de change confortables vont permettre d’absorber le choc commercial. De plus, l’orientation expansionniste de la politique budgétaire n’est pas remise en cause par la hausse des subventions énergétiques et alimentaires et la banque centrale compte maintenir son biais accommodant en dépit de pressions inflationnistes fortes. Le soutien de la puissance publique demeure en effet crucial au moment où l’économie doit aussi faire face à une chute significative de la production agricole, et donc de sa croissance. À court terme, la solvabilité budgétaire et la liquidité extérieure ne sont pas menacées
A l’inverse de nombreuses banques centrales dans le monde, les autorités monétaires marocaines ont décidé de maintenir leur taux directeur à 1,5%. Pourtant, l’inflation accélère mais la poussée est récente et encore contenue. En 2021, la hausse des prix à la consommation a atteint seulement 1,4% en moyenne annuelle. Elle est de 3,6% en glissement sur un an en février 2022 et la situation va s’aggraver compte tenu des tensions sur les marchés mondiaux des matières premières et de la chute de la production agricole nationale. Les trois quarts de l’accélération de l’inflation ces derniers mois résultent en effet de la hausse des prix des produits alimentaires (+5,5% en février 2022) et des transports (+6%) dont l’origine est essentiellement externe
Les répercussions de la pandémie sur l’économie marocaine sont significatives. Après une chute historique de 6,3% de son PIB en 2020, les premiers signaux de reprise restent fragiles en dépit des avancées de la vaccination au Maroc et en Europe, de loin son principal partenaire économique. L’atonie de l’activité touristique en est la principale raison. L’appui des autorités restera donc crucial cette année. Malgré la hausse de la dette publique, l’assainissement des finances publiques ne devrait commencer qu’à partir de 2022. Les agences S&P et Fitch ont relégué le pays en catégorie « spéculative ». Pourtant, la stabilité macroéconomique ne soulève pas pour l’instant d’inquiétudes majeures
Malgré un soutien rapide, l’économie n’échappera pas à une récession sévère cette année. L’arrêt brutal de l’activité touristique, la chute des exportations à destination de l’Europe et l’écroulement de la demande domestique au T2 vont se traduire par une contraction du PIB de l’ordre de 6%. Si un rebond de la croissance est espéré pour 2021 grâce à une bonne campagne agricole, le redressement des activités hors agriculture risque d’être long. En revanche, la stabilité macroéconomique ne semble pas menacée. Les réserves de change sont confortables et l’envolée de la dette reste gérable grâce à de très bonnes conditions de financement. La pression sur les comptes publics limite néanmoins les marges de manœuvre.
Les conséquences de la pandémie du coronavirus sur l’économie marocaine seront significatives. L’activité touristique est à l’arrêt depuis mars et le restera jusqu’en mai dans le meilleur des cas. Le secteur de l’automobile ou encore les transferts financiers de la diaspora marocaine seront également affectés par la crise en Europe. Sous réserve que la situation s’améliore au second semestre, le Maroc devrait cependant éviter une récession. Les fondamentaux macroéconomiques sont solides et le pays va bénéficier d’un allègement substantiel de ses importations de produits pétroliers. De plus, les autorités ont réagi rapidement pour amortir le choc.
Le tourisme constitue le principal canal de transmission de la pandémie de Covid-19 à l’économie marocaine. L’activité est à l’arrêt depuis le début du mois de mars et le restera a minima jusqu’en mai. Les pertes seront significatives pour un secteur dont la contribution au PIB dépasse 8%, soit le niveau le plus élevé dans la région. Point positif, les deux tiers de la saison touristique s’effectuent à partir de juin, ce qui pourrait correspondre à la levée des restrictions sur les voyages dans certains pays même si la reprise de l’activité touristique ne sera que graduelle. La contraction de l’activité touristique va peser sur la croissance et les comptes extérieurs. Les revenus générés par le secteur représentent en effet 15% des recettes courantes
Le Maroc est une économie moyenne à fort potentiel. Les fondamentaux macroéconomiques du pays sont solides, le secteur bancaire est résistant et sophistiqué, et des réformes structurelles ont été mises en œuvre. L’économie marocaine a néanmoins subi plusieurs chocs (pandémie de Covid-19, ralentissement de l’activité touristique, contraction de la demande des pays européens). Le pays a su capitaliser sur sa situation géaographique pour devenir un hub industriel entre Europe et Afrique, notamment dans l’industrie automobile. Néamoins, le poids de l’agriculture dans l’économie reste important, d’où le caractère extrêmement volatil de la croissance économique.