Politique énergétique européenne : entre transition et souveraineté

30/05/2025

La politique énergétique européenne est au croisement de deux objectifs : premièrement, progresser dans la transition bas-carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et deuxièmement accroître la souveraineté énergétique en diversifiant les sources d’approvisionnement et en réduisant les dépendances extérieures.

Transcription

La politique énergétique européenne est au croisement de deux objectifs : premièrement, progresser dans la transition bas-carbone pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, et atteindre la neutralité carbone d’ici 2050, et deuxièmement accroître la souveraineté énergétique en diversifiant les sources d’approvisionnement et en réduisant les dépendances extérieures. Cette nécessité d’une plus grande souveraineté énergétique est notamment liée à une augmentation des tensions géopolitiques en Europe.

A priori ces objectifs de transition et de souveraineté peuvent coïncider. La réduction de la part des énergies fossiles dans le mix énergétique permet à la fois de progresser dans la décarbonation et de réduire la dépendance aux importations.

À horizon 2040, les objectifs européens sont ambitieux. La part des énergies fossiles dans le mix électrique serait réduite à environ 5%, tandis que le ratio de dépendance atteindrait environ 30%. Les évolutions récentes de ces deux indicateurs sont contrastées. La part des énergies fossiles dans le mix électrique s’est réduite de 40% en 2019 à 30% en 2024. En revanche, la souveraineté énergétique progresse beaucoup moins, puisque la dépendance aux importations est passée de 60 à 58% entre 2019 et 2023.

Trois éléments pourraient contraindre la réalisation de ces deux objectifs :

Premièrement, la baisse de la part des fossiles dans le mix électrique depuis cinq ans est liée aux progrès dans la transition, mais aussi à certains facteurs conjoncturels tels que la forte hausse du prix du gaz sur le marché européen en 2022. À moyen terme, les prix du gaz pourraient être orientés à la baisse. En effet, les capacités d’exportation de GNL dans le monde devraient augmenter d’environ 45% d’ici à 2030, provenant notamment des Etats-Unis et du Qatar.

Deuxièmement, certains évènements récents de surproduction électrique ou d’instabilité du réseau ont rappelé la nécessité d’améliorer la flexibilité du système électrique parallèlement au développement des énergies renouvelables. Cette flexibilité passe à la fois par des investissements dans le réseau et les capacités de stockage, et par le maintien d’une certaine proportion d’énergie pilotable, c’est-à-dire le nucléaire ou le gaz dans le mix énergétique. Etant donné le temps nécessaire à la mise en œuvre de ces investissements, l’appoint du gaz dans le mix électrique pourrait rester important à moyen terme.

Et enfin troisièmement, le développement des énergies renouvelables dépend pour une grande part des importations de biens d’équipement et de matières premières, notamment des matériaux critiques. Les capacités de production européennes sont en développement. Néanmoins, la dépendance aux importations devrait rester importante dans un premier temps étant donné le délai nécessaire pour augmenter l’autonomie européenne et l’avantage prix importants de certains pays producteurs tels que la Chine.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE