La Réserve fédérale conclut l’année 2024 avec une baisse de sa cible de taux (-25 pb), qui s’établit désormais entre +4,25% et +4,5%. Dans le même temps, les anticipations médianes des membres du Comité (FOMC) passent de quatre à deux baisses pour l’année 2025. La réponse des marchés financiers a été brutale.
2024 aura notamment été marquée par les progrès supplémentaires sur le front de la désinflation, aux Etats-Unis comme dans la zone euro, des progrès suffisants pour ouvrir la voie aux baisses de taux. 2025 pourrait toutefois être assez différente de 2024, avec des trajectoires anticipées d’inflation divergentes entre les Etats-Unis et la zone euro et donc, une déconnexion des politiques monétaires (statu quo monétaire prolongé pour la Fed, poursuite des baisses de taux graduelles pour la BCE).
Une année 2025 pleine de bouleversements devrait succéder à une année 2024 marquée par une croissance dynamique et le début d’un cycle d’assouplissement monétaire. Alors que la croissance est attendue en ralentissement vers son niveau de long terme, les projets politiques associés au changement de président et de majorité au Sénat suggèrent un agrandissement du risque inflationniste. Par conséquent, la Réserve fédérale devrait mettre un terme prématuré aux baisses de taux.
Le commerce extérieur des États-Unis est structurellement déficitaire.En 2023, le déficit de la balance des biens s’élève à plus de 1 000 milliards d’USD, soit 3,8 points de PIB.S’il est possible d’y voir la manifestation de la force du consommateur américain, Donald Trump analyse cela comme le résultat des « mauvais traitements » et des « pratiques abusives » de ses partenaires commerciaux.
La croissance économique des États-Unis est demeurée dynamique au troisième trimestre, avec une croissance du PIB de +0,7% t/t (stable par rapport au T2). L’accélération de la consommation des ménages (+0,9% t/t, +0,2pp) consacre son statut de moteur de la croissance, tandis que l’investissement productif (+0,8% t/t) et le secteur public (+1,2% t/t) y contribuent également positivement. À l’inverse, l’investissement résidentiel et le commerce extérieur jouent à la baisse sur le taux de croissance. Au quatrième trimestre, nous anticipons un léger repli de la croissance à +0,5% t/t, ce qui porterait le taux de croissance annuel moyen à +2,7% (-0,2pp) pour l’ensemble de l’année 2024.
Pour l’heure, Donald Trump n’a pas précisé ses intentions en matière de réglementation bancaire. Le risque existe toutefois qu’il œuvre en faveur d’une traduction a minima de la finalisation de Bâle 3 en droit américain. Une issue qui ruinerait les efforts d’harmonisation des cadres prudentiels internationaux et introduirait de fortes distorsions de concurrence entre banques américaines et européennes.
L’avant-dernière réunion du FOMC de 2024 a débouché, comme attendu, sur une réduction de 25 pb de la cible de taux, à +4,5% - +4,75%. Les échéances à venir s’annoncent plus complexes pour la Fed, entre un atterrissage en douceur de l’économie restant à délivrer, et la victoire présidentielle de Trump dont les projets économiques sont susceptibles d’accroître l’inflation, et dont l’inimitié à l’encontre de Powell est notoire.
L’issue des élections présidentielles américaines du 5 novembre décidera de l’ampleur du virage protectionniste emprunté outre-Atlantique. Pour autant, les exportations mondiales ont jusqu’à présent bien résisté à la hausse des barrières tarifaires. D’ici la fin de la décennie, le FMI prévoit une croissance des exportations de biens similaire voire légèrement supérieure à celle du PIB mondial. Le durcissement des mesures protectionnistes affectera la croissance globale, mais les effets sur le commerce mondial seront plus nuancés.
L’élection présidentielle du 5 novembre est associée à des enjeux économiques sous-jacents mais potentiellement déterminants.Aspects politiques : le scrutin oppose la vice-présidente Kamala Harris (démocrate) à l’ancien président Donald Trump (républicain). Le mandat du vainqueur débutera le 20 janvier 2025. Le scrutin s’annonce particulièrement disputé, malgré un momentum de fin de campagne en faveur de Donald Trump. Dans le même temps, les électeurs se prononceront sur la composition du futur Congrès, dont l’impact sera majeur sur la marge de manœuvre de la nouvelle administration.Contexte économique : le vote intervient sur fond d’apparente puissance renforcée de l’économie
Le soleil brillait la semaine dernière à Washington, DC, lors des Assemblées annuelles du Fonds monétaire international (FMI), mais l’ombre des élections américaines imminentes planait sur les réunions rassemblant ministres des Finances, gouverneurs des banques centrales, économistes du secteur privé et professionnels de la finance du monde entier. Le fait que l’économie mondiale soit en meilleure forme que prévu a été éclipsé
La croissance économique des États-Unis a, a priori, conservé sa robustesse au troisième trimestre. Le GDPnow de la Fed d’Atlanta estime la progression du PIB à +0,8% t/t (+0,1pp par rapport au T2 2024). La consommation des ménages demeure le moteur principal de cette forte croissance, comme illustré par l’accélération du groupe de contrôle des ventes au détail en septembre (+0,7% m/m, +0,4pp). L’activité dans les services s’améliore le même mois au regard du bond de l’ISM non-manufacturier, à 54,9 (+3,4pp). En revanche, l’ISM manufacturier se maintient en zone de contraction, étant stable à +47,2 malgré l’amélioration de la composante « production » (+5,0pp).
Le 30 septembre dernier, la Federal Housing Finance Agency (FHFA) a annoncé son intention de relever les limites d’exposition par contrepartie appliquées aux comptes de dépôts des Federal Home Loan Banks (FHLB) au même niveau que celles fixées pour leurs prêts de fonds fédéraux, une piste déjà évoquée dans son rapport de décembre 2023. Cette harmonisation pourrait conduire les FHLB à privilégier les dépôts auprès des banques, car ceux-ci sont mieux rémunérés. L’offre sur le marché des fonds fédéraux, sur lequel les FHLB occupent une place prépondérante en qualité de prêteurs, s’en trouverait réduite, tirant le taux effectif des fonds fédéraux vers le haut.
La Réserve fédérale (Fed), a décidé, le 18 septembre, de réduire sa cible de taux à +4.75% - +5.0% (-50 pb), initiant une détente des taux destinée à se poursuivre lors des prochaines réunions du FOMC. La direction du mouvement trouve son fondement dans le ralentissement simultané du marché de l’emploi et de l’inflation. Son ampleur vise à préserver le dynamisme de l’économie et relève d’une interprétation extensive et inédite du mandat dual. Notre scénario central suggère, à horizon de projections, une poursuite de la désinflation sans qu’une récession intervienne. Dans le même temps, les États-Unis s’avancent vers une échéance présidentielle encore plus déterminante qu’à l’accoutumée.
En septembre, la Réserve Fédérale américaine a enfin emboîté le pas à la BCE et la Banque d'Angleterre et baissé ses taux directeurs pour la première fois depuis mars 2020. Mais elle a marqué sa différence en optant pour une baisse significative de 50 points de base au lieu de seulement 25. Sur ce point-là, au moins, le suspense est levé.
La réunion de septembre du FOMC a initié un démarrage en trombe du cycle d’assouplissement de la Fed, avec une baisse significative de 50 pb de la cible de taux qui s’établit désormais à +4.75% - +5.0%. De façon inhabituelle, la banque centrale a opté pour une baisse significative, alors que l’économie demeure dynamique et, surtout, avec l’objectif explicite de maintenir un statu quo. Le pivot intervient alors que les conditions macroéconomiques ont conduit la Fed à réorienter ses priorités vers la composante ‘plein-emploi’ du mandat dual, sans qu’elle ne puisse toutefois déclarer « mission accomplie » sur le plan de l’inflation
La réunion du 17-18 septembre du FOMC devrait déboucher sur une baisse de 25 pb de la cible de taux, à 5,0% - 5,25%, sauf surprise de taille. Ce mouvement marquera le début d’un cycle d’assouplissement monétaire. La combinaison d’une amélioration des données et perspectives sur l’inflation et de l’indiscutable refroidissement du marché du travail entraîne un rééquilibrage des priorités de la Fed, ouvrant la voie aux baisses de taux. Quelques réflexions au-delà du changement de direction :
Si la date de la première baisse de taux de la Fed est désormais prévisible (ce sera lors du FOMC des 17-18 septembre), tout le reste demeure incertain : son ampleur ainsi que la teneur globale du cycle de baisses et son calendrier. L’évolution du marché du travail américain revêt une grande importance dans ce calibrage. Du côté de l’inflation, d’importants progrès ont été réalisés sur le front du retour à la stabilité des prix et ce, des deux côtés de l’Atlantique, mais la partie n’est pas encore totalement gagnée. Cela plaide pour la prudence dans la phase de détente monétaire qui s’amorce
La relation historique entre les indicateurs économiques joue un rôle central dans les attentes des marchés. Aux États-Unis, la règle de Sahm est un « fait stylisé » d’importance : lorsque la hausse du taux de chômage atteint un certain seuil, comme on l'a vu récemment, une récession s’ensuit ou est déjà amorcée. Les statistiques de l'emploi publiées début août ont montré que ce seuil critique avait été franchi, entraînant une détérioration du sentiment des investisseurs. À Jackson Hole, Jerome Powell a expliqué que l'attention de la Fed se tournait désormais vers le marché du travail et a envoyé un message clair indiquant que le cycle de baisse des taux commencerait en septembre
Les attentes en termes de croissance pour le T2 restent favorables : nous l’anticipons à +0,6% t/t contre +0,5% t/t pour le GDPnow de la Fed d’Atlanta. Toutefois, plusieurs éléments suggèrent un T3 plus difficile. Les enquêtes ISM du mois de juin renvoient un signal négatif : mitigé pour la composante manufacturière qui se détériore marginalement, à 48,5 (-0,2 point), sur fond de baisse de la production (48,5, -1,7 point), plus marqué pour l’indice non-manufacturier qui passe en zone de contraction à 48,8 (-5,0 points), sur fond de correction sur l’activité (49,6, -11,6 points) et de détérioration des nouvelles commandes (47,3, -6,8 points)
La croissance de l'économie américaine a connu un net ralentissement au premier semestre et les derniers chiffres des prix des dépenses de consommation, l'indicateur préféré de la Réserve fédérale pour mesurer l'inflation, ont été bien accueillis par la Fed et par les marchés, lesquels tablent désormais sur une première baisse des taux en septembre. Face à un taux de chômage encore faible, mais en augmentation, la Réserve fédérale a entrepris de redéfinir ses priorités. Au lieu de s'intéresser exclusivement à l'inflation, elle accorde désormais une importance accrue à l'activité économique et à l'emploi, d'autant plus que le processus de désinflation a récemment repris.
Il est important de bien comprendre la fonction de réaction d’une banque centrale. Elle influence les anticipations d’inflation et de taux d’intérêt, le niveau des rendements obligataires, l’appétit pour le risque des investisseurs et la confiance économique en général. Aux États-Unis, différents types d’informations contribuent à améliorer notre compréhension de la fonction de réaction de la Réserve fédérale. Tout d’abord, les règles de politique monétaire, qui jouent un rôle important dans les travaux des équipes de la Fed en vue des réunions du FOMC. Ensuite, la relation entre l’inflation, la croissance, le chômage et le taux des fonds fédéraux dans le Résumé des Projections économiques des membres du FOMC
Le mandat dual de la Réserve fédérale (Fed) confie à cette dernière, de jure depuis une réforme de 1977, les objectifs d’emploi maximal et de stabilité des prix (attendu que le second favorise le premier à long terme). Néanmoins, il peut advenir que les objectifs entrent en contradiction et imposent, comme c’est le cas depuis mars 2022, à la Fed de nettement prioriser la réduction de l’inflation au risque de léser l’emploi et la production. Ceci renvoie à la notion de ratio de sacrifice ou d’arbitrage (trade-off), c’est-à-dire la détérioration cumulée attendue de ces derniers pour favoriser le retour de l’inflation à sa cible (2%).
L’inflation américaine semble avoir repris le chemin de la baisse au deuxième trimestre 2024, après un premier trimestre de réaccélération des prix qui a conduit la Réserve fédérale (Fed) à revoir, en juin, ses anticipations de baisses de taux pour l’année (passées de trois à une, en ligne avec nos propres prévisions). En parallèle, l’activité économique reste solide bien qu’ayant quelque peu perdu en vigueur.
Le resserrement monétaire drastique engagé par la Fed à compter de mars 2022 pour répondre à l’envolée de l’inflation a entraîné dans son sillage les taux d’intérêt sur les emprunts immobiliers. La forte remontée de ces derniers a contribué à une détérioration importante des indicateurs de demande sur le marché immobilier résidentiel américain (notamment les demandes de prêt et les ventes de logements dans l’ancien). Néanmoins, le dynamisme des autres secteurs de l’économie américaine et la bonne santé financière des ménages a évité que la crise immobilière ne se transforme en crise systémique
Le maintien à un niveau élevé de l’inflation en glissement annuel et son momentum haussier continuent de peser négativement sur le moral des ménages aux États-Unis. En avril, la confiance des consommateurs, mesurée par le Conference Board, s’est repliée pour un troisième mois consécutif (97,0, -6,1pp), ce qui achève d’effacer les progrès de la fin d’année 2023. De même, l’enquête de l’Université du Michigan fait état d’un décrochage de son indice du sentiment du consommateur en mai, avec un résultat de 69,1 (-10,5), constituant un plus bas depuis novembre.
Les États-Unis restent la première économie mondiale en termes de PIB nominal et affichent l’un des PIB par habitant (PPA) les plus élevés au monde. Le pays, qui a été à l’origine de la crise financière mondiale (2008-2009), s’est rapidement redressé au cours de la décennie écoulée, en partie grâce à l’essor de l’industrie de l’huile et du gaz de schiste. Cependant, les États-Unis ont perdu du terrain dans certains autres secteurs industriels clés, principalement vis-à-vis de la Chine. Celle-ci est devenue un leader mondial dans les équipements d’information et de télécommunications et, par conséquent, l’un des plus grands fournisseurs des entreprises américaines. Cette dépendance accrue, ainsi que des déficits commerciaux toujours plus importants ont conduit à un changement radical de la politique américaine du commerce extérieur et à une hausse notable des droits de douane américains sur les importations.
Après la crise du Covid-19, l’économie américaine s’est contractée de 3,4% en 2020. La récession – la plus grave depuis 1946 – a néanmoins été suivie, en 2021, d’un rapide et solide rebond, les États-Unis ayant été l’un des premiers pays à vacciner sa population et à connaître un redressement économique après les pertes dues à la pandémie. Sous l’effet des mesures adoptées par les pouvoirs publics pour limiter les conséquences de la crise, la dette publique et les déficits se sont envolés.