Les commentaires de Jerome Powell sur ce qu’il adviendrait si la récession venait à se prolonger ont considérablement pesé sur les marchés actions américains. Historiquement, les récessions s’accompagnent de fortes baisses des cours boursiers. Le recul observé depuis le début de l’année, relativement limité, est sans commune mesure avec l’effondrement de l’activité. Le soutien monétaire et budgétaire massif a induit une réévaluation de la distribution des risques, expliquant dans une large mesure le rebond des marchés actions. L’attention se concentre désormais sur les perspectives de résultats des entreprises, d’où l’importance du débat sur la configuration de la reprise.
Aux États-Unis comme ailleurs, la paralysie de l’activité provoquée par la pandémie de Covid-19 affecte la production des statistiques, devenues plus ou moins interprétables. Le rebond des revenus horaires au mois d’avril, indiqué par notre baromètre, fait partie de ces quelques faux signaux dont il convient de se méfier : il s’explique par la chute du temps de travail face à laquelle les salaires marquent toujours une certaine inertie. Outre que l’information collectée auprès des entreprises est incomplète, un décalage a pu exister entre le moment où l’activité a dû s’interrompre et celui où les rémunérations ont cessé d’être versées ...
Le stress sur la disponibilité de liquidités en dollar a rendu urgente l’intervention de la Réserve fédérale américaine (Fed). Endossant le rôle de prêteur en dernier ressort global que lui confère son statut d’émetteur de la monnaie d’échange et de réserve internationale, la Fed a réactivé les accords de swap, permanents ou temporaires, conclus en 2008 avec 14 autres banques centrales. Afin d’étendre la portée de son offre de dollar, la Fed a, par ailleurs, ouvert un dispositif de prise en pension de titres, à l’intention des nombreux pays dépourvus d’accords de swap en dollar. Sa tarification élevée en limite toutefois l’usage, et prive ainsi les marchés d’un outil d’apaisement potentiellement important.
Les mesures prises par la Réserve fédérale américaine (Fed) depuis le 15 mars dernier ont déjà profondément affecté les bilans des banques commerciales résidentes aux Etats-Unis*. Ayant joué le rôle d’intermédiaires lors des achats de titres, des prêts d’urgence et des swaps de liquidités de la Fed, leurs réserves en banque centrale ont considérablement augmenté. La politique d’assouplissement quantitatif de la Fed a, par ailleurs, comme en 2008-2014, déconnecté l’évolution des crédits de celle des dépôts inscrits au bilan des banques. Les achats de titres de la Fed ayant été effectués principalement auprès d’agents non bancaires, les dépôts de la clientèle ont crû plus vite que les crédits
Comme dans de nombreux pays, la population et l’économie des Etats-Unis payeront un lourd tribut à l’épidémie de coronavirus. La progression de la maladie, qui semblait un temps s’infléchir, accélérait à nouveau au moment d’écrire ces lignes (plus de 30 000 nouveaux cas recensés par jour). L’activité donnait, quant à elle, ses premiers signes de décrochage...
La population et l’économie des États-Unis ne seront pas plus épargnées que d’autres par l’épidémie de coronavirus. Arrivée tard sur le sol américain, longtemps minimisée par le président Trump, celle-ci progresse désormais rapidement, à tel point que l’Organisation mondiale de la santé pourrait déclarer les États-Unis nouvel épicentre de la maladie. Espace fédéral, le pays a réagi en ordre dispersé, les mesures de confinement restant à l’appréciation des États ; et si la Maison Blanche a fermé les frontières (à l’Union européenne, au Canada…) elle répugne par principe à restreindre les flux intérieurs de biens et de personnes. Anticipant une récession, les marchés ont lourdement chuté, la banque centrale déclenchant, quant à elle, un véritable « plan Marshall » monétaire.
La Réserve fédérale américaine (Fed) n’aura finalement pas attendu la prochaine échéance du paiement de l’impôt sur les sociétés (avril) pour intervenir sur le marché monétaire. Soucieuse de prévenir les tensions que l’épidémie de coronavirus serait susceptible de provoquer, elle a accru, lundi 9 mars, l’ampleur de ses opérations de prise en pension de titres (repo). De fait, la demande de cash des primary dealers avait, en fin de semaine dernière, très largement excédé l’offre de la Fed. Bien qu’elle ait injecté près de USD 480 mds supplémentaires de monnaie centrale depuis mi-septembre, la position en liquidité (immédiatement disponible) des grandes banques américaines ne s’est pas améliorée
L’introduction d’une fourchette d’inflation cible fait l’objet de débats au sein de la Réserve fédérale. Elle pourrait permettre une conduite plus flexible de la politique monétaire américaine, voire même prendre en compte les écarts passés par rapport à l’objectif. Si la Fed prenait une telle décision alors que l’inflation est inférieure à cet objectif, elle courrait le risque d’être perçue comme indifférente au déficit d’inflation. Cela plaide en faveur d’une fourchette asymétrique. Celle-ci augmenterait néanmoins le risque de turbulences sur les marchés lors du démarrage du cycle de resserrement.
La première estimation de la croissance du T4 2019 est ressortie à 2,1% en rythme trimestriel annualisé, en ligne avec les prévisions. L’absence de mauvaise surprise, de même que le maintien de la croissance sur son rythme des deux trimestres précédents (qui correspond d’ailleurs à son rythme moyen depuis le début du cycle mi-2009), constituent une bonne nouvelle. La croissance reste toutefois modérée et, surtout, sa composition laisse une impression mitigée...
La divergence entre tendances économique et boursière s’est accentuée aux Etats-Unis, sur fond d’accommodation monétaire et d’expansion de la dette des entreprises. Les risques pris par les investisseurs (fonds de pension ou d’investissement, sociétés d’assurance-vie) ont augmenté, tout comme la vulnérabilité des marchés face à d’éventuels chocs adverses ou renversements d’anticipations. Or 2020, année électorale, pourrait ne pas être paisible. Pour bienvenue qu’elle soit, la trêve dans le conflit commercial avec la Chine entérine l’essentiel des hausses de droits de douane passées, sans modifier fondamentalement la politique, peu encline au multilatéralisme, de l’administration américaine.
La Réserve fédérale américaine (Fed) a injecté, au cours des trois derniers mois, plus de USD 360 mds de monnaie centrale par le biais d’opérations de prise en pension de titres publics et d’achats fermes de T-bills. Afin d’écarter le risque que les besoins spécifiques des participants, à l’approche de la clôture de leurs comptes annuels, ne lui fassent perdre, à nouveau, le contrôle des taux courts, ses interventions vont encore monter en puissance d’ici le 31 décembre. D’ici la fin d’année, en supposant un tirage complet des ressources offertes, USD 650 mds de liquidités centrales auront été injectées. Ce soutien colossal pourrait néanmoins se révéler insuffisant
Les derniers chiffres du chômage et des créations d'emploi ont agréablement surpris. Ils continuent à dépasser la moyenne de long-terme. Un marché du travail en bonne santé renforce la confiance des ménages qui reste bien au-dessus de la moyenne de long-terme, ainsi que les ventes de détail dont les chiffres étaient supérieurs aux attentes. Plusieurs indices ont toutefois déçu les attentes et se positionnent en dessous des moyennes historiques. Cela est le signe d'un ralentissement économique en dépit des chiffres satisfaisants du PIB pour le troisième trimestre. C’est le message donné par les deux indices ISM. Il faut noter, par ailleurs, qu'à l'instar de nombreux autres pays, la production industrielle est sous pression.
La réforme des fonds monétaires américains de 2014 avait conduit à une réallocation massive des liquidités placées auprès des fonds investis en dette privée (prime funds) vers les fonds investis en dette publique (government funds)*. Les banques étrangères, emprunteuses traditionnelles auprès des prime funds, avaient ainsi été privées d’un accès au dollar, tandis que le Trésor américain, les agences fédérales et les banques américaines avaient bénéficié d’un afflux de ressources**. Au cours des deux dernières années, à la faveur d’une amélioration des rendements offerts, l’épargne collectée, tant par les government funds que par les prime funds, s’est nettement accrue (+ USD 450 mds et + USD 430 mds, respectivement)
Ces dernières semaines, les marchés actions ont affiché de solides performances. Aux États-Unis en particulier, il est difficile d’y voir une amélioration des anticipations de bénéfices ou la perspective de baisses du taux officiel supérieures aux anticipations. L’évolution des marchés actions serait, alors, principalement due au repli de la prime de risque demandée. Les rendements des Treasuries ont aussi bondi, ce qui serait largement imputable à l’augmentation de la prime de terme
Le 10 octobre dernier, les régulateurs bancaires américains relevaient les seuils d’application des exigences de capital et de liquidité imposées aux grandes banques. Si le nouveau cadre ne modifie pas les exigences prudentielles des huit principaux groupes bancaires, il allège en revanche celui des grandes banques régionales. Le nombre de banques soumises à la contrainte de liquidité bâloise LCR va être réduit et la définition des fonds propres durs sera en partie assouplie. De manière générale, les règles finalisées au cours des deux derniers mois vont sensiblement resserrer le périmètre d’application de Bâle 3 aux Etats-Unis
Les chocs d’incertitude ont-ils des effets symétriques ou asymétriques? Cette question est centrale car, depuis 2018, l’incertitude agit comme un vent contraire sur la croissance mondiale. Par ailleurs, sur la base des dernières informations concernant l’avancée des négociations commerciales entre les Etats-Unis et la Chine et de celles sur le Brexit, le pic d’incertitude est peut-être derrière nous. La recherche empirique montre que les phases d’augmentation de l’incertitude ont un plus grand impact sur l’économie que les phases de baisse, en particulier quand la croissance est déjà lente. La reprise de la croissance ne pourra donc qu’être progressive.
Soucieuse d’atténuer les tensions sur les marchés monétaires, la Réserve fédérale (Fed) va, en complément de ses opérations de prise en pension de titres (repo), procéder à des achats fermes de titres. En fin d’année, entre USD 365 et 400* mds de monnaie centrale pourraient ainsi être injectés sur les comptes courants des banques. Compte tenu des encours de liquidités prêtées actuellement, de l’augmentation tendancielle des pièces et billets et de la reconstitution prévisible des avoirs du Trésor auprès de la Fed, les réserves des banques auprès de celle-ci ne devraient pas s’accroître de plus de USD 130 mds d’ici la fin d’année (pour s’établir à près de USD 1600 mds, leur niveau d’avril 2019)
La contraction des échanges mondiaux, aggravée par l’offensive tarifaire du président Trump, rattrape les Etats-Unis et participe au ralentissement de son activité, qui a aussi ses raisons propres. L’atterrissage de l’économie s’est poursuivi dans le courant de l’été 2019, les enquêtes de conjoncture n’annonçant aucun mieux dans les mois à venir. L’investissement des entreprises, notamment, resterait mal orienté, tandis que la consommation des ménages, résistante jusqu’ici, freinerait. Dans ce contexte, la Réserve fédérale, qui ne donne plus d’indication quant à l’évolution à venir de sa politique, baissera encore les taux d’intérêt.
L’indice des directeurs des achats du secteur manufacturier de l’Institute for Supply Management (ISM) a poursuivi sa baisse en septembre, atteignant 47,8%. L'ISM non-manufacturier a enregistré une forte contraction de 3,8 points de pourcentage et se situe maintenant à 52,6%. Hormis en période de récession, il s’agit d’un chiffre assez faible. Dans ce contexte, les rendements obligataires ont nettement faibli, reflétant les inquiétudes grandissantes quant au risque de récession, les anticipations d’assouplissements monétaires par la Fed, et la fuite vers des valeurs refuges. Les données sur le marché du travail pour septembre ont toutefois apporté un soulagement. Nous prévoyons néanmoins que la Réserve fédérale continuera à réduire ses taux.
Bien qu’en août le volume de la production industrielle et celui des ventes au détail aient dépassé les attentes, les données clés relatives à septembre ont envoyé des signaux contradictoires. L’ISM manufacturier et l’ISM non manufacturier, tous deux en dessous des attentes, ont généré beaucoup de nervosité à l’approche de la publication cruciale des chiffres du marché du travail. Les données publiées ont été accueillies avec soulagement, les créations d’emplois non agricoles s’élevant à 136 000 pour septembre (contre un consensus Bloomberg de l’ordre de 145 000) et le taux de chômage s’élevant à 3,5%...
Les 16 et 17 septembre derniers, les marchés monétaires américains se sont grippés. L’excès de demande de cash a fait flamber les taux d’emprunt au jour le jour. Pour reprendre le contrôle des taux courts, la Réserve fédérale (Fed) a dû intervenir en urgence et réinjecter de la monnaie centrale par le biais d’opérations de prise en pension de titres. Cette insuffisance de liquidité n’est pas soudaine. Certes, une fâcheuse combinaison de facteurs ponctuels a pu aggraver la situation. Mais les tensions étaient perceptibles depuis plus d’un an déjà. En cause, les contraintes réglementaires de liquidité imposées aux banques. La reconstitution du compte courant du Trésor auprès de la Fed, dans un contexte d’insuffisance des réserves en banque centrale, promet de nouvelles tensions
Les prix des actifs peuvent jouer un rôle important dans l’évaluation des perspectives économiques. La forte baisse des rendements des bons du Trésor américain au mois d’août a soulevé des inquiétudes, mais une estimation en temps réel indique une croissance pour le troisième trimestre satisfaisante aux Etats-Unis. Cela signifierait que l’incertitude accrue liée au différend commercial avec la Chine aurait entraîné une fuite vers des actifs sûrs et une baisse des taux d’intérêt à long terme. Les fluctuations dans la communication sur le différend commercial influent sur l’incertitude des investisseurs, et donc sur les primes de risque. Cela réduit la qualité du signal des prix des actifs, qui peut finir par peser sur l’économie réelle.
D’après le Livre beige de la Réserve fédérale paru récemment, la croissance américaine devrait rester modeste. La plupart des indicateurs dépassent leur moyenne de long terme, à l’exception de l’ISM manufacturier et de la production industrielle.
Si la consommation des ménages américains reste assez tonique à l’approche de l’été, d’autres moteurs de l’économie, comme le commerce extérieur ou l’investissement, faiblissent. En juin, les enquêtes auprès des dirigeants d’entreprise ont été franchement médiocres, de telle sorte que la Réserve fédérale a ouvert la porte à une baisse de ses taux d’intérêt. La politique tarifaire du président Trump, en campagne pour sa réélection, ne déviera sans doute pas de sa ligne dure, tout en restant peu prévisible. La conjoncture pourrait donc avoir besoin de soutien.
Depuis octobre 2017, la Réserve fédérale (Fed) ne réinvestit plus intégralement les tombées de dette sur son portefeuille de titres. En d’autres termes, elle procède à des ventes nettes de titres (tapering). Au 26 juin dernier, sa détention de titres du Trésor américain avait fondu de USD 355 mds, celle de titres de dette et de MBS* d’Agences de USD 249 mds. Le dégonflement du bilan de la Fed a des effets notables sur les taux monétaires, en raison des tensions qu’il crée sur la liquidité banque centrale. Or, ces tensions se sont renforcées depuis l’automne dernier, la baisse des rendements ayant réduit l’appétence des investisseurs pour les titres du Trésor
Les États-Unis restent la première économie mondiale en termes de PIB nominal et affichent l’un des PIB par habitant (PPA) les plus élevés au monde. Le pays, qui a été à l’origine de la crise financière mondiale (2008-2009), s’est rapidement redressé au cours de la décennie écoulée, en partie grâce à l’essor de l’industrie de l’huile et du gaz de schiste. Cependant, les États-Unis ont perdu du terrain dans certains autres secteurs industriels clés, principalement vis-à-vis de la Chine. Celle-ci est devenue un leader mondial dans les équipements d’information et de télécommunications et, par conséquent, l’un des plus grands fournisseurs des entreprises américaines. Cette dépendance accrue, ainsi que des déficits commerciaux toujours plus importants ont conduit à un changement radical de la politique américaine du commerce extérieur et à une hausse notable des droits de douane américains sur les importations.
Après la crise du Covid-19, l’économie américaine s’est contractée de 3,4% en 2020. La récession – la plus grave depuis 1946 – a néanmoins été suivie, en 2021, d’un rapide et solide rebond, les États-Unis ayant été l’un des premiers pays à vacciner sa population et à connaître un redressement économique après les pertes dues à la pandémie. Sous l’effet des mesures adoptées par les pouvoirs publics pour limiter les conséquences de la crise, la dette publique et les déficits se sont envolés.