Depuis un an, les tirages des institutions de dépôt à la fenêtre d’escompte de la Réserve fédérale américaine (Fed) se sont intensifiés.
Leur encours s’élevait à USD 4,6 mds le 18 janvier dernier, certes loin des USD 110 mds empruntés au plus fort de la crise financière de 2008, mais bien au-dessus des USD 360 millions empruntés en moyenne depuis 15 ans1. Pourtant, aucun stress financier majeur ou pénurie de monnaie centrale ne semble le justifier. La liste des emprunteurs - qui ne sera communiquée que dans deux ans - devrait principalement compter des établissements de taille modeste, éloignés du risque de stigmatisation associée à l’usage de ce guichet. Nous y voyons deux raisons principales :
La première est que la réduction du bilan de la Fed a sensiblement réduit les avoirs liquides (réserves) et ressources stables (dépôts) des plus petites banques. Leur ratio réserves/actifs s’établit désormais à un niveau comparable - à 6,5%, données H.8 de la Fed - à celui qui prévalait avant la dernière phase d’assouplissement quantitatif (et l’injection massive de liquidités centrales) ; leur ratio crédits/dépôts a quant à lui progressé de 10 points de pourcentage en seulement un an.
La seconde raison réside dans l’assouplissement du dispositif, en mars 2020, par la Fed. Cette dernière a, d’une part, supprimé la pénalité appliquée, en fixant le taux d’escompte au niveau de la borne supérieure du taux cible des fonds fédéraux2 et, d’autre part, allongé la maturité des prêts3. Depuis le début du resserrement monétaire en mars 2022, les prêts dits « d’urgence » de la Fed (4,5% le 18 janvier 2023) sont ainsi devenus moins onéreux que les prêts garantis des Federal Home Loan Banks (4,59% au jour le jour, 4,54% à 1 semaine, 4,68% à 1 mois, 4,95% à 3 mois).