Après le grand chamboule-tout du « Liberation Day », la poussière est quelque peu retombée. Le calibrage des nouveaux droits de douane américains est en grande partie connu et les économies avancées font preuve de résistance.Au-delà d’importante variations dans les échanges au premier semestre, les premiers effets du choc tarifaire sur le commerce mondial sont, pour l’heure, limités. Le mélange de facteurs de freinage (droits de douane américains, incertitudes) et de soutien (prix bas du pétrole, baisses de taux de la Fed, mesures européennes) explique la progressivité des signes de ralentissement (américain) comme de redressement (européen)
Les droits de douane américains ont augmenté massivement en deux étapes : d’abord en avril, puis à la suite des multiples accords commerciaux signés cet été. L’impact du premier palier de ce durcissement tarifaire est connu : les flux vers les États-Unis ont été fortement perturbés. Le commerce mondial reste dynamique, par ailleurs, notamment en Asie (un phénomène structurel) ou en Europe (qui devrait bénéficier d’une dynamique interne avec le rebond de l’économie allemande). La recomposition des flux commerciaux (déjà en cours avec la montée en puissance de la Chine) pourrait, elle, s’accélérer, les différents pays cherchant ailleurs les débouchés perdus aux États-Unis.
La croissance des États-Unis a nettement diminué par rapport à 2024 et devrait rester modérée dans les prochains mois, tout en maintenant un certain dynamisme. L’inflation rebondit graduellement en raison notamment de la hausse des tarifs douaniers, tandis que le marché du travail s’affaiblit déjà nettement. Ces développements provoquent le un rééquilibrage des risques autour du mandat dual de la Réserve fédérale (Fed) : ceux – baissiers – sur l’emploi prennent de l’ampleur par rapport à ceux – haussiers – sur l’inflation. Cela devrait conduire, selon nous, la Fed à procéder à deux nouvelles baisses du taux directeur d’ici la fin 2025 après la baisse de septembre. Dans le même temps, la politique budgétaire ne devrait pas permettre d’enrayer l’augmentation du ratio de dette publique.
La croissance de la zone euro a plutôt bien résisté aux chocs jusqu’ici (accompagnée notamment par une accélération des nouveaux crédits sur fond de baisse des taux) et devrait progressivement accélérer. Les exportations resteront fragilisées par la concurrence chinoise et le protectionnisme américain. Toutefois, le rebond prévisible de l'activité en Allemagne bénéficiera à la croissance de la zone euro. Au demeurant, la bonne tenue du marché du travail soutient le pouvoir d’achat des ménages, sans susciter de tensions inflationnistes, offrant à la BCE de la visibilité et des marges de manœuvre si nécessaire.
Le redémarrage de la croissance allemande a été freiné par les droits de douane américains. Toutefois, les perspectives continuent de s’éclaircir grâce à la stratégie du gouvernement, articulée autour d’un vaste programme d’investissements publics et d’incitations à l’investissement des entreprises. Au-delà du rebond conjoncturel anticipé, le redressement structurel de la croissance dépendra de la capacité du pays à maîtriser ses chaînes de valeur et à se repositionner dans le commerce mondial, face à une concurrence accrue. L’inflation devrait poursuivre sa décrue. Malgré les évolutions défavorables dans l’industrie, le chômage demeure contenu, et des tensions sur la main d’œuvre pourraient rapidement ressurgir
La France a enregistré un rebond de sa croissance à 0,3% t/t au T2 2025 après une période plus défavorable marquée par l’incertitude politique. Cette dernière persiste, toutefois le rebond de la croissance devrait être pérenne. En effet, contrairement au volet politique, d’autres paramètres de l’économie française se sont améliorés (productions agricole et aéronautique, taux d’intérêt au secteur privé, investissement) ou sont en passe de le faire (demande allemande). D’ores et déjà, la stabilisation du marché du travail et la nette augmentation des créations d’entreprises confirment le rebond.
Au 2e trimestre, la baisse de 0,1% t/t du PIB italien met fin à sept trimestres consécutifs de croissance. L’investissement (+1% t/t) n'a pas suffi à compenser la baisse des exportations nettes, tandis que la production industrielle a ralenti (-1,1% a/a). Malgré cela, les dernières données d’enquête révèlent une amélioration de l'activité, des nouvelles commandes et de la confiance des entreprises. Le marché du travail reste solide : l'emploi s'est maintenu et le taux de chômage continue de baisser. L'inflation reste contenue (1,7%) et permet un rebond du pouvoir d'achat (+0,9 % t/t). Les finances publiques se sont améliorées mais les pressions à venir sur les dépenses devraient s’intensifier.
Après un 1er semestre robuste, la croissance espagnole devrait rester supérieure à celle de ses voisins européens en 2025 et 2026. La demande intérieure demeurerait le principal moteur, essentiellement soutenue par les créations d’emplois, tandis que la contribution du commerce extérieur deviendrait légèrement négative. Le déficit budgétaire et le ratio de dette sur PIB devraient toujours bénéficier d’une croissance nominale significative, qui devrait néanmoins ralentir progressivement. La faiblesse de la productivité pourrait toutefois freiner la croissance potentielle à plus long terme, en particulier lorsque la main d’œuvre disponible commencera à se raréfier.
La croissance belge a fluctué au 1er semestre 2025 : après un bon T1, le T2 a été marqué par un ralentissement. Néanmoins, notre nowcast pour le T3 table sur une croissance de 0,3 % t/t grâce à un regain de confiance des ménages et des entreprises. Une croissance qui se maintient malgré l’atonie des exportations (liée aux droits de douane et à l'incertitude qui en découle). Toutefois, celles-ci pourraient à l’avenir bénéficier d’une progression des salaires désormais plus modérée en Belgique qu’ailleurs en Europe, ce qui permettrait d’améliorer la compétitivité belge. Dans l'immobilier, la rareté des logements se renforce, en raison d’un faible volume de constructions neuves, et les prix continuent de croître
Après une croissance conséquente au 1er semestre 2025, le 2nd semestre devrait marquer un ralentissement (sous le poids de la politique commerciale américaine et de la politique budgétaire britannique). Malgré les risques à la baisse sur le marché de l’emploi et les difficultés dans l’industrie, la croissance retrouverait un rythme plus élevé et stable en 2026 (+0,3% t/t en moyenne) à la faveur de l’assouplissement monétaire. Le policy mix resterait toutefois modérément restrictif, contraint par l’inflation élevée et les tensions sur les marchés obligataires. Trouver l’équilibre entre consolidation budgétaire et croissance reste un défi au Royaume-Uni.
L’économie japonaise montre un certain dynamisme depuis un peu plus d’un an. Mais, cette performance devrait s’étioler au second semestre du fait, notamment, du durcissement de la politique commerciale américaine. Le marché du travail reste tendu et l’inflation continue d’excéder la cible des 2%. Prise entre plusieurs feux — une conjoncture qui pourrait marquer des signes d’affaiblissement et une nette remontée des taux longs sur fond d’inquiétudes budgétaires — la Banque du Japon (BoJ) fait preuve d’une extrême prudence en remontant son taux directeur très progressivement.
Une série de six graphiques reprenant les principaux indicateurs économiques (PIB, inflation, chômage, solde courant, solde budgétaire, ratio de dette publique) et comparant les situations des principales économies avancées.
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