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Hausse des tarifs américains : c’est l’Europe qui s’en sort le mieux

17/09/2025
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ESTIMATION DES SURTAXES LIÉES A LA POLITIQUE TARIFAIRE AMÉRICAINE VS TARIFS PRÉEXISTANTS

Sources: WITS, Fitch, Comtrade, BNP Paribas

* Le tarif effectif extérieur moyen est défini ici comme le montant des droits de douane acquitté par chaque pays sur l’ensemble de ses exportations, et pas uniquement vis-à-vis des États-Unis, rapporté à ses exportations totales. Contrairement à l’approche centrée sur les importations américaines, qui n’offre qu’une vision restreinte du choc tarifaire, cette mesure l’élargit à l’ensemble des partenaires commerciaux de chaque pays. Les bâtonnets verts indiquent les tarifs extérieurs moyens pré-2025 (données WITS pour 2023) et les bâtonnets gris la hausse estimée du tarif extérieur moyen liée à l’introduction des nouveaux tarifs américains (en date du 15 août). Ces évolutions sont à structure des exportations constantes, sur la base de 2024. Les pays sont rangés par ordre croissant de tarifs extérieurs moyens.

Quel est l’impact des nouveaux tarifs américains sur les droits de douane subis par chaque pays sur l’ensemble de ses exportations ? L’estimation du « tarif effectif extérieur moyen » démontre que le choc reste très relatif pour l’Union européenne et le Royaume-Uni. L’accord-cadre signé le 27 juillet entre l’UE et les États-Unis impose un tarif uniforme de 15%, incorporant les tarifs préexistants, et est assorti d’une clause de la nation la plus favorisée (MFN) pour certains secteurs stratégiques (aéronautique, certains produits pharmaceutiques et chimiques). Le Royaume-Uni s’est entendu sur un tarif de base de 10% et des exemptions, notamment pour l’automobile (quotas) et l’aéronautique (0%). Cela entraîne une hausse du tarif moyen à l’export allant jusqu’à?1,5?point de pourcentage pour les pays membres de l’UE les plus affectés – l’Italie et l’Allemagne – alors qu’il se limite à moins d’un point de pourcentage pour la majorité des 27 États membres. Pour le Royaume-Uni, cette hausse s’élève à 1,1 pp. Ainsi, les droits de douane américains constituent davantage un frein supplémentaire aux exportations qu’un désavantage compétitif majeur (puisque tous les concurrents subissent également des droits de douane, souvent supérieurs).

Les économies asiatiques subissent des augmentations de droits de douane extérieurs moyens plus importantes. Pour certains pays, partant d’un niveau de tarif effectif extérieur relativement bas (Philippines, Taiwan), cela les rapproche des niveaux européens, tandis que d’autres sont désormais au-dessus (Japon, Thaïlande, Chine). C’est pour l’Inde, ciblée par les États-Unis en rétorsion à ses achats de pétrole russe que le choc est le plus rude (les droits de douanes américains sont passés de 6% à 50%).

Les voisins des États-Unis, le Canada et le Mexique, sont très dépendants du marché américain, ce qui se traduit par une hausse elle aussi marquée (respectivement de?4,2?et?4,5?points de pourcentage). Toutefois, cette hausse est limitée par le poids conséquent de leurs exportations conformes aux exigences de l’USMCA et donc exemptées de droits de douane.

Les hausses relativement limitées pour l’Europe des tarifs extérieurs moyens permettent donc de relativiser l’ampleur du choc lié à la hausse des droits de douane américains. Si cette dernière a eu des répercussions immédiates sur la recomposition des flux commerciaux, entraînant des effets de reports rapides et significatifs (voir un récent GDLS[1]), elle n’a pas, jusqu’ici, fait dérailler le commerce mondial, qui maintient une trajectoire de hausse dans la continuité de?2024. Ce sujet sera davantage développé dans le focus de notre prochain EcoPerspectives, à paraître très prochainement.

[1] Voir J.L. Proutat Les premiers effets des “Trump tariffs” sont mesurables, et ils sont massifs, BNP Paribas, 16 juillet 2025.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE