Après Katrina en 2005, l’ouragan Hélène, qui a touché le Sud-Est des États-Unis fin septembre, est entré au palmarès des évènements climatiques les plus destructeurs jamais connus outre-Atlantique (plus de 200 morts et quelque USD 50 mds de dégâts matériels recensés à ce jour). Comme un symbole, la National Oceanic and Atmospheric Administration (NOAA) a compté parmi les victimes collatérales de la catastrophe. Conséquence, les relevés de températures qu’elle effectue, et qui font référence au niveau mondial, ont temporairement cessé d’être publiés.
Sans le thermomètre américain, mais avec 55 milliards de tonnes d’équivalent CO2 émises tous les ans, le dérèglement climatique se poursuit néanmoins. Rendues à nouveau accessibles, les statistiques de la NOAA montrent que le réchauffement de l’atmosphère est, pour la première fois, en train de franchir le seuil d’alerte de +1,5°C par rapport à l’ère préindustrielle (par convention, la période 1850-1900, cf. graphique). Certes, l’année 2024, qui voit s’achever l’épisode El Niño, peut passer pour atypique. Mais la tendance de fond n’en reste pas moins préoccupante. Sur la base des politiques mises en œuvre, l’élévation des températures mondiales atteindrait +3,1°C à l’horizon 2100 selon un rapport du Programme des Nations unies pour l’environnement (UNEP, 2024[1]).
Le coût économique d’un tel scénario pourrait être considérable : dans un article largement commenté, le National Bureau of Economic Research (NBER, 2024[2]) l’évalue à près de cinquante points de PIB cumulés (à horizon 2100 et par rapport à un contrefactuel sans réchauffement climatique additionnel). Le « coût social » des émissions de CO2 (la somme actualisée des pertes qu’elles engendrent) est quant à lui chiffré à un peu plus de 1 000 dollars par tonne. À ce prix, bien supérieur à celui d’une décarbonation accélérée tel que peut l’estimer l’Agence internationale de l’énergie (AIE), l’opportunité d’investir dans les solutions alternatives aux fossiles ne se discute plus.