D’après les données conjoncturelles récentes, l’hétérogénéité des situations économiques se confirme, voire s’accentue, entre les États-Unis, dont la croissance resterait au beau fixe au 3e trimestre (0,7% t/t au T3 selon notre prévision) et les autres zones, notamment la zone euro, où la reprise semble s’essouffler (0,2% de croissance au T3 selon notre prévision et notre nowcast).
L’amélioration progressive des indices de confiance des ménages en zone euro (situation financière et intentions d’achat), soutenue par la baisse de l’inflation, n’entraîne toujours pas de rebond de la consommation. Les ventes au détail sont stables depuis un an, même si une légère progression de 0,2% m/m est constatée en août. Les ventes de véhicules automobiles, dont l’évolution est souvent marquée d’un mois sur l’autre, ont progressé de 8,2% m/m en septembre, mais ont reculé, en glissement sur trois mois, à leur plus bas niveau en trois ans.
Le climat des affaires (enquêtes PMI et IFO) n’a cessé de se détériorer en Allemagne depuis son pic du mois de mai, jusqu’en septembre. L’optimisme relatif du printemps ne s’est pas prolongé, comme l’illustre notamment la dégradation du PMI des conditions à l’export (51,9 en mai, 49,8 en septembre). En conséquence, si notre prévision reste de 0,1% t/t pour la croissance du 3e trimestre, le gouvernement allemand a souligné le risque d’un nouveau chiffre négatif (après déjà -0,1% t/t au T2) et donc d’une récession. Au global, le PIB serait proche de son niveau enregistré fin 2021 (soit trois années de stagnation).
Les Jeux Olympiques (JO) auront été une courte parenthèse positive, désormais refermée, comme en témoigne le PMI services, qui a culminé à 55 au mois d’août au milieu de performances nettement plus atones. Toutefois, cet effet JO devrait avoir soutenu la croissance au T3 (0,4% t/t selon notre scénario). Notre nowcast est un peu plus bas (0,3%) et souligne le risque que, hors effet JO (estimé à 0,2% par l’Insee), l’économie française ait ralenti au T3 (après 0,2% t/t de croissance au T2). Elle ralentirait encore au T4, à en juger par la détérioration récente dans les services (PMI à 48,3 en octobre après 49,6 en septembre) et dans l’industrie (PMI sur la production en repli de 44 à 42,5).
La faiblesse de l’activité manufacturière reste l’un des points noirs de la situation conjoncturelle italienne. La production industrielle demeure sur un momentum négatif en août (-0,1% 3m/3m), et les directeurs d’achat du secteur manufacturier ont continué d’indiquer, en septembre, une dégradation de l’activité (PMI manufacturier à 48,3 ; -1,1 point sur un mois), principalement induite par une baisse de la demande (composante nouvelles commandes en baisse, à 45,7 ; -3,1 points).
Le climat des affaires a poursuivi son embellie en septembre. Le PMI a enregistré son dixième mois consécutif de croissance (56,3 ; +2,7 points sur un mois). Il est porté, d’une part, par le dynamisme du secteur des services (57,0 ; +2,4 points), induit par l’activité touristique toujours florissante (+11,2% a/a YTD d’arrivées de touristes) et, d’autre part, par la reprise de l’activité manufacturière (53,0 ; +2,5 points). Si la production industrielle restait en déclin en août (-0,2% 3m/3m), les perspectives paraissent plus favorables à en juger par la hausse des anticipations des chefs d’entreprise vis-à-vis de leur production pour les mois à venir (11,4 ; +6,2 points, selon l’enquête de sentiment économique de la Commission européenne).
La croissance économique des États-Unis a, a priori, conservé sa robustesse au troisième trimestre. Le GDPnow de la Fed d’Atlanta estime la progression du PIB à +0,8% t/t (+0,1pp par rapport au T2 2024). La consommation des ménages demeure le moteur principal de cette forte croissance, comme illustré par l’accélération du groupe de contrôle des ventes au détail en septembre (+0,7% m/m, +0,4pp). L’activité dans les services s’améliore le même mois au regard du bond de l’ISM non-manufacturier, à 54,9 (+3,4pp). En revanche, l’ISM manufacturier se maintient en zone de contraction, étant stable à +47,2 malgré l’amélioration de la composante « production » (+5,0pp).
Si l’activité manufacturière au Royaume-Uni évolue, comme ailleurs en Europe, à un niveau très dégradé, la situation reste moins préoccupante outre-Manche. La production industrielle affichait une hausse de 1,1% m/m en août, revenant ainsi sur ses niveaux d’avril. La baisse de la production en glissement annuel s’est quasiment résorbée (-0,3% a/a). Cette situation est en concordance avec l’indice PMI manufacturier pour le mois d’octobre, en baisse par rapport au mois précédent (-1,2 point, à 50,3), mais qui se maintient en zone d’expansion. L’indice PMI dans les services se replie de 0,6 point à 51,8 et a donc également contribué au recul du composite, qui a baissé de 0,9 point à 51,7 en octobre.
Les enquêtes d’activité sont négatives au mois d’octobre. L’enquête préliminaire de la Jibun Bank fait état d’un recul du PMI manufacturier à 49,0 (-0,7pp). La baisse est plus marquée pour l’activité dans le secteur des services, le PMI associé perdant 3,8pp à 49,3, en zone de contraction pour la première fois depuis juin. D’après l’enquête trimestrielle Tankan de la Banque du Japon (BoJ), le climat des affaires s’est, au global, légèrement amélioré au T3, mais il est demeuré stable pour les grandes entreprises manufacturières. Nous anticipons une baisse de la croissance à +0,3% t/t au T3 (-0,4pp par rapport au T2 2024), sous l’effet de la dissipation du rebond technique qui l’avait portée au trimestre précédent.