Le climat des affaires (enquêtes PMI et IFO) n’a cessé de se détériorer en Allemagne depuis son pic du mois de mai, jusqu’en septembre. L’optimisme relatif du printemps ne s’est pas prolongé, comme l’illustre notamment la dégradation du PMI des conditions à l’export (51,9 en mai, 49,8 en septembre). En conséquence, si notre prévision reste de 0,1% t/t pour la croissance du 3e trimestre, le gouvernement allemand a souligné le risque d’un nouveau chiffre négatif (après déjà -0,1% t/t au T2) et donc d’une récession. Au global, le PIB serait proche de son niveau enregistré fin 2021 (soit trois années de stagnation).
Les enquêtes commencent, toutefois, à anticiper de nouveau une amélioration (tant les enquêtes PMI que l’IFO d’octobre), liée aux baisses de taux directeurs de la BCE, peut-être cette fois avec davantage de probabilité de matérialisation. En effet, le recul de la production industrielle (-5% a/a sur janvier-juillet 2024) a été pour partie la conséquence d’un manque de demande, mais aussi celle de difficultés de production dans l’automobile. Or, ces dernières semblent s’être réduites (les contraintes d’offre limitaient la production de 7% des entreprises du secteur au T3, contre une moyenne de 18% au 1er semestre).
Quant à la demande, les indicateurs restent atones. En effet, l’Allemagne est le seul grand pays de la zone euro où la confiance des ménages ne marque pas d’amélioration ces derniers mois selon l’indice GFK (-21,2 en octobre, contre -21 en juin). En parallèle, l’indicateur des nouvelles commandes à l’industrie a interrompu son repli depuis trois mois, marquant davantage une stabilisation à un bas niveau qu’un rebond.
Les tensions inflationnistes restent conséquentes dans les services (3,8% a/a en septembre), ce qui explique que l’inflation sous-jacente harmonisée (3,0% a/a en septembre) reste supérieure à la moyenne de la zone euro (2,7%), au contraire de celle des trois autres grands pays de la zone (France, Italie, Espagne). La dégradation continue du climat de l’emploi de l’IFO (94 en septembre, plus bas depuis 2005, où les réformes Hartz ont été adoptées) est un autre élément qui pèse sur la confiance des ménages.
En conséquence, le rebond attendu de la croissance allemande au 4e trimestre (notre prévision est de 0,3% t/t) reste possible (notamment en raison de la réduction des contraintes de production dans l’automobile), mais il est entouré d’aléas qui pointent vers un risque à la baisse.
Achevé de rédiger le 29 octobre 2024