Les données d’activité du mois de mai soulignent, une nouvelle fois, des dynamiques assez variées des différentes composantes de la croissance économique chinoise. La performance d’ensemble est toujours un peu terne et annonce un ralentissement de l’activité au T2 2024 par rapport au trimestre précédent.
La croissance de la production industrielle a ralenti en mai (+5,6% en glissement annuel contre +6,7% en avril). Toutefois, l’activité dans les secteurs exportateurs tels que les hautes technologies et les véhicules électriques est restée très solide. Les exportations de marchandises ont rebondi de près de +8% en g.a. en dollars courants en mai, et l’investissement dans le secteur manufacturier a continué de croître à un rythme soutenu. Les perspectives d’exportation restent bonnes à très court terme, mais pourraient néanmoins rapidement s’assombrir en raison des tensions commerciales et de la hausse des tarifs douaniers aux États-Unis et dans l’Union européenne.
Dans les services, la croissance a accéléré en mai (+4,8% en g.a. contre +3,5% en avril). Elle a bénéficié du léger regain de dynamisme des ventes au détail (dont la hausse est néanmoins toujours modeste, à +3,7% en g.a. en valeur contre +2,3% en avril), dans un contexte d’inflation faible et stable. L’indice des prix à la consommation a augmenté de +0,3% en g.a en avril et en mai.
Cependant, la crise immobilière ne montre pas de signe d’amélioration et reste le principal frein à la croissance de la demande intérieure. Les volumes de ventes de logements continuent de chuter (-19% en g.a. en mai), de même que les démarrages de chantiers (-22%). La baisse des prix des logements s’est aggravée (-7,5% en g.a. en moyenne dans les 70 principales villes, contre -4,1% en décembre 2023). Le train de nouvelles mesures de soutien annoncé en mai par les autorités (nouvel assouplissement des conditions de prêts hypothécaires, programme d’achat de logements invendus par les collectivités locales) n’a pas encore pu avoir d’effets positifs sur l’activité du secteur immobilier.
De même, en dépit des mesures d’assouplissement monétaire, la croissance de l’encours total des crédits à l’économie a ralenti depuis le début de l’année 2024. Le total des financements domestiques (« total aggregate financing », dont les principales composantes sont les prêts bancaires et les émissions obligataires) a augmenté de 8,4% en g.a. en mai, contre +9,8% en décembre 2023. La hausse de l’encours des prêts bancaires en monnaie locale est quant à elle passée de +10,9% en g.a. en décembre à +8,9% en mai. Les autorités pourraient donc encore assouplir leur politique monétaire à très court terme. Leur marge de manœuvre est toutefois toujours contrainte par le niveau excessif de la dette des entreprises et des collectivités locales. En outre, elle est actuellement gênée par les pressions à la baisse sur le yuan.