La croissance des exportations vers les États-Unis (premier client à l’exportation pour l’Allemagne) a continué de porter le commerce extérieur allemand ces dernières années alors que les échanges avec la zone euro et la Chine étaient en relative stagnation. Depuis 4 mois, toutefois, le PMI allemand des conditions à l’export est supérieur au seuil de 50 (bien que plus bas en juin à 50,8 qu’en mai à 51,9) suggérant une dynamique plus globale.
En parallèle, la demande domestique ne marque pas de véritable signe d’amélioration. Les nouvelles commandes à l’industrie confirment la dichotomie entre la tiédeur de la demande en Allemagne et les signes encourageants en provenance de la zone euro. En parallèle, la confiance des ménages est assez stable à un bas niveau depuis 1 an (-21,8 en juin 2024 contre -25,2 un an plus tôt), loin de celui de février 2022 (-6,8), selon l’indice GFK. Cette absence de rebond peut paraitre paradoxale en raison du fort repli de l’inflation (2,5% a/a en juin 2024 contre 6,8% a/a un an plus tôt selon l’indice harmonisé), moins au regard du marché du travail.
Dans un contexte de pénurie de main d’œuvre et de faiblesse de la production industrielle, ce dernier peine en effet à créer autant d’emplois que par le passé : 180 000 par an en moyenne entre 2018 et 2023 contre 430 000 par an entre 2005 et 2018 (et 28 000 au 1er trimestre, pendant que la France en totalisait 75 000). Le taux de chômage a rebondi à 6% en juin 2024 contre un plus bas à 5% en mai 2022 et en période pré-pandémique.
Sur les cinq premiers mois de l’année 2024, la production industrielle a bénéficié du rebond relatif de la chimie (+2,5% a/a), moins pénalisée que par le passé par le prix de l’énergie, mais subissant les replis de la production automobile (-7,7% a/a) et du bâtiment (-3,5% a/a) qui pèsent également sur les intrants de ces secteurs (dont la métallurgie). Si le niveau élevé des taux d’intérêt joue un rôle, l’arrêt des aides à l’achat des véhicules électriques pèse sur les immatriculations de ce type de véhicules (-16,6% a/a au 1er semestre).
La dichotomie entre les signaux positifs à l’export et une demande interne toujours atone sous-tend notre prévision d’une croissance stable au T2 (+0,2% t/t, comme au T1), après -0,5% au T4. Le niveau d’activité au T2 2024 resterait légèrement inférieur à celui du T3 2023.
Achevé de rédiger le 17 juillet 2024