Les difficultés du secteur manufacturier en zone euro se renforcent. La production industrielle est repartie à la baisse en mai, à -0,6% m/m (-0,8% m/m pour l’indice manufacturier). Le repli des indicateurs PMI en juin pour la zone euro n’augure rien d’encourageant pour le T3, avec une rechute de l’indice manufacturier (-1,5 point à 45,8) et une baisse de l’ensemble des indicateurs sous-jacents (production, emploi, nouvelles commandes, achat de stocks, délais de livraison). L’indice pour le prix des intrants (qui ne rentre pas dans le calcul de l’indice manufacturier agrégé) repasse au-dessus de la zone d’expansion pour la première fois depuis février 2023. Cela est cohérent avec la dynamique des prix à la production, dont la baisse en rythme mensuel s’estompe depuis plusieurs mois et est désormais proche de zéro[1]. L’indice PMI pour les services résiste toujours bien, même s’il a enregistré une légère détérioration en juin, en raison d’un recul assez franc des prévisions d’activité à douze mois (-3,1 points à 61,0, au plus bas en 2024).
Malgré les gains actuels de pouvoir d’achat, la frilosité des ménages à consommer a persisté et s’est notamment traduite par une nouvelle hausse du taux d’épargne au T1 (15,3% du revenu disponible, du jamais vu en zone euro, hors période Covid). Des évolutions positives émergent toutefois. Les ventes au détail en zone euro ont progressé légèrement en mai (+0,1% m/m), ce qui a été suffisant pour tirer le 3m/3m annualisé au plus haut depuis décembre 2021, à 2,2%. En parallèle, l’enquête de la Commission européenne indique un redressement important des intentions d’achat de biens durables de la part des ménages depuis le début de l’année, celles-ci ayant désormais atteint leur meilleur niveau depuis plus de deux ans.
Notre nowcast pour le 2e trimestre se situe actuellement à 0,3%, un résultat en ligne avec nos prévisions initiales. Le 3e trimestre verrait la croissance en zone euro légèrement accélérer à 0,4% t/t. En raison d’un acquis de croissance nul, la croissance en moyenne annuelle en 2024 resterait ancrée sous la barre des 1% (à 0,9%), mais l’année 2025 serait bien meilleure, soutenue par les baisses successives de taux d’intérêt.
Achevé de rédiger le 16 juillet 2024.