Eco Pulse

Zone euro | Le secteur industriel en difficulté mais du mieux sur la consommation

19/07/2024

Les difficultés du secteur manufacturier en zone euro se renforcent. La production industrielle est repartie à la baisse en mai, à -0,6% m/m (-0,8% m/m pour l’indice manufacturier). Le repli des indicateurs PMI en juin pour la zone euro n’augure rien d’encourageant pour le T3, avec une rechute de l’indice manufacturier (-1,5 point à 45,8) et une baisse de l’ensemble des indicateurs sous-jacents (production, emploi, nouvelles commandes, achat de stocks, délais de livraison). L’indice pour le prix des intrants (qui ne rentre pas dans le calcul de l’indice manufacturier agrégé) repasse au-dessus de la zone d’expansion pour la première fois depuis février 2023. Cela est cohérent avec la dynamique des prix à la production, dont la baisse en rythme mensuel s’estompe depuis plusieurs mois et est désormais proche de zéro[1]. L’indice PMI pour les services résiste toujours bien, même s’il a enregistré une légère détérioration en juin, en raison d’un recul assez franc des prévisions d’activité à douze mois (-3,1 points à 61,0, au plus bas en 2024).

Malgré les gains actuels de pouvoir d’achat, la frilosité des ménages à consommer a persisté et s’est notamment traduite par une nouvelle hausse du taux d’épargne au T1 (15,3% du revenu disponible, du jamais vu en zone euro, hors période Covid). Des évolutions positives émergent toutefois. Les ventes au détail en zone euro ont progressé légèrement en mai (+0,1% m/m), ce qui a été suffisant pour tirer le 3m/3m annualisé au plus haut depuis décembre 2021, à 2,2%. En parallèle, l’enquête de la Commission européenne indique un redressement important des intentions d’achat de biens durables de la part des ménages depuis le début de l’année, celles-ci ayant désormais atteint leur meilleur niveau depuis plus de deux ans.

Notre nowcast pour le 2e trimestre se situe actuellement à 0,3%, un résultat en ligne avec nos prévisions initiales. Le 3e trimestre verrait la croissance en zone euro légèrement accélérer à 0,4% t/t. En raison d’un acquis de croissance nul, la croissance en moyenne annuelle en 2024 resterait ancrée sous la barre des 1% (à 0,9%), mais l’année 2025 serait bien meilleure, soutenue par les baisses successives de taux d’intérêt.

Achevé de rédiger le 16 juillet 2024.


[1] L’indice des prix à la production (hors construction) était en recul de 0,2% m/m en mai, la septième baisse mensuelle consécutive, mais la moins importante sur cette période.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE

Découvrir les autres articles de la publication

Global
EcoPulse | Juillet 2024

EcoPulse | Juillet 2024

Alors que les données conjoncturelles récentes suggèrent partout une croissance bien orientée au 2e trimestre, les indicateurs avancés (climat des affaires, confiance des ménages) sont plus mitigés en juin, laissant prévoir un 3e trimestre plus difficile. [...]

LIRE L'ARTICLE
Allemagne
Allemagne | America first

Allemagne | America first

La croissance des exportations vers les États-Unis (premier client à l’exportation pour l’Allemagne) a continué de porter le commerce extérieur allemand ces dernières années alors que les échanges avec la zone euro et la Chine étaient en relative stagnation. Depuis 4 mois, toutefois, le PMI allemand des conditions à l’export est supérieur au seuil de 50 (bien que plus bas en juin à 50,8 qu’en mai à 51,9) suggérant une dynamique plus globale. [...]

LIRE L'ARTICLE
France
France | L’ombre portée de l’incertitude

France | L’ombre portée de l’incertitude

La conjoncture française subit de nouveau le poids des aléas conjoncturels, comme en témoigne le rebond de l’indicateur d’incertitude de la Banque de France qui atteint en juillet un plus haut depuis l’automne 2022 (crise énergétique) [...]

LIRE L'ARTICLE
Italie
Italie | Les ménages plus optimistes

Italie | Les ménages plus optimistes

L’inflation italienne se stabilise sous la barre des 1% en juin (à 0,9% a/a) en raison de la déflation, toujours importante, de la composante énergétique (-8,6% a/a), et du ralentissement des prix des biens alimentaires (2,1% a/a en mai ; -1,8 pp sur trois mois). Bien que l’évolution de l’indice des prix à la production soit toujours négative en variation annuelle (-3,5% en mai), elle commence à se renforcer sur une base mensuelle (+0,3% m/m), ce qui laisse présager que la phase désinflationniste des prix à la consommation pourrait s’inverser durant les prochains mois. [...]

LIRE L'ARTICLE
Espagne
Espagne | Le tourisme, moteur de la croissance mais source de tension

Espagne | Le tourisme, moteur de la croissance mais source de tension

2024 s’annonce comme l’année des records touristiques. Entre janvier et mai, le nombre d’arrivées de touristes en Espagne a atteint 33,2 millions, surpassant largement le niveau enregistré au cours de la même période de l’année 2023 (de 13,6%) [...]

LIRE L'ARTICLE
États-Unis
 États-Unis | Un tableau presque idéal pour la Fed

États-Unis | Un tableau presque idéal pour la Fed

Les attentes en termes de croissance pour le T2 restent favorables : nous l’anticipons à +0,6% t/t contre +0,5% t/t pour le GDPnow de la Fed d’Atlanta. Toutefois, plusieurs éléments suggèrent un T3 plus difficile [...]

LIRE L'ARTICLE
Royaume-Uni
 Royaume-Uni | Fragile embellie

Royaume-Uni | Fragile embellie

La hausse de l’activité est bienvenue pour le parti travailliste, fraîchement élu [...]

LIRE L'ARTICLE
Japon
Japon | La bonne et la mauvaise inflation

Japon | La bonne et la mauvaise inflation

La croissance économique nippone devrait bénéficier d’un rebond technique au 2e trimestre : nous attendons +0,5% t/t après la contraction du T1 (révisée à la baisse à -0,7% t/t) [...]

LIRE L'ARTICLE