Graphiques de la semaine

2025 : année électrique pour l’automobile en Europe

10/12/2025
PDF

L’année 2025 a enregistré un regain d’appétit du consommateur européen pour la voiture électrique. Cet engouement survient après une année 2024, où les immatriculations ont été pénalisées par l’annonce, fin 2023, d’une réduction du soutien budgétaire en France et de sa disparition en Allemagne. Pourtant, ce soutien, a été jugé nécessaire d’après plusieurs rapports, dont celui de Pisani-Ferry et Mahfouz.

ÉVOLUTION DES VENTES DE VÉHICULES ÉLECTRIQUES, EN % DU TOTAL

Le soutien à l’automobile électrique a fait les frais de la consolidation des finances publiques post-Covid. La disparition des subventions à l’achat en Allemagne - en application du jugement de la Cour de Karlsruhe statuant que les sommes non dépensées lors du Covid ne pouvaient être réorientées vers le soutien à l’électrification sans nouveau vote du Parlement autorisant une exception au frein à l’endettement - et leur rétrécissement en France (doublé d’une préférence européenne, qui a renchéri le coût des véhicules produits, par exemple, en Chine pour le consommateur) a bien entraîné une baisse de la part de l’électrique dans les achats automobiles en 2024.

Mais cette parenthèse s’est refermée. À la question de savoir si un pays peut réduire son déficit budgétaire et soutenir l’électrification, la réponse est oui. C’est ce que fait la France en privilégiant les certificats d’économie d’énergie. Ils sont financés par les producteurs d’énergie - et donc in fine par les consommateurs d’énergie, avec un impact probable sur l’inflation relativement gérable lorsque celle-ci avoisine, comme actuellement, les 1% et que les prix de l’électricité sont en recul sur les marchés - et non plus par les finances publiques.

Et oui, il est possible de respecter la règle du frein à l’endettement et réintroduire une subvention à l’achat de véhicules électriques (supposant de dégager des économies budgétaires par ailleurs). C’est ce qu’a annoncé, il y a quelques semaines, le gouvernement Merz (à hauteur de EUR 3 mds) sur le modèle français, c’est-à-dire en y introduisant une préférence communautaire. La part de l’électrique, comme un encouragement, rebondit déjà.

La diminution du prix de l’électricité constitue également un appel d’air. Force est de constater que l’électrification des usages a pris du retard et que la demande d’électricité n’a pas suivi l’offre. La production d’électricité est actuellement très excédentaire, particulièrement là où elle l’est habituellement (en France) mais pas seulement. En conséquence, la plupart des pays ont connu une baisse de leur prix de production d’énergie, moins l’Allemagne que les autres pays, le pays conservant un mix énergétique moins décarboné qu’ailleurs, mais l’Allemagne aussi.

Question ultime : peut-on développer l’automobile électrique sans engendrer une forte hausse des importations chinoises ? La France offre en la matière, un certain recul : les importations de véhicules depuis la Chine ont diminué de EUR 1,1 md entre 2023 et 2024 (passant de EUR 2,9 mds à 1,8 md), et n’ont que marginalement rebondi depuis. C’est la conséquence de la préférence communautaire, introduite début 2024 dans le bonus français, et de tarifs douaniers additionnels prélevés par l’Union européenne. Mais à moyen terme, la présence des constructeurs chinois en Europe devrait se renforcer. Et les chaines de valeur, elles, n’attendent pas : en témoigne le déficit croissant en matière d’équipements automobiles à près de EUR 5,5 mds sur les 12 derniers mois en France, en octobre 2025, contre un excédent jusqu’en 2016.

LES ÉCONOMISTES AYANT PARTICIPÉ À CET ARTICLE