Depuis 2020, la capacité d’achat immobilière des ménages s’est sensiblement améliorée dans les zones les plus tendues[1] . Notre indicateur, qui retrace l’évolution de la surface qu’un ménage représentatif[2] peut acquérir a, en effet, augmenté de près de 20% dans les territoires où la demande de logements excède nettement l’offre (A bis). À l’inverse, dans les zones moins tendues, voire exemptes de tension, la capacité d’achat s’est dégradée durant la même période (de -0,8%, -6,9% et -6,1%, respectivement dans les zones B1, B2 et C).
LA CAPACITÉ D’ACHAT IMMOBILIÈRE DES MÉNAGES S’EST NETTEMENT AMÉLIORÉE DANS LES ZONES LES PLUS TENDUES Ce constat, en apparence paradoxal, s’explique par une solvabilité immobilière relativement dégradée en 2020 dans les marchés les plus contraints. Ces zones géographiques (A, A bis) présentaient déjà, en 2015, des ratios de prix au revenu très nettement supérieurs à la moyenne nationale. La flambée des prix avait ensuite accentué l’érosion de la solvabilité des ménages jusqu’à la crise sanitaire. Cette dernière semble avoir marqué une nette rupture dans la hiérarchie des évolutions de prix :
- Entre 2020 et 2022, les zones les plus tendues (A bis) se sont singularisées par une quasi-stagnation des prix (depuis un niveau élevé), alors qu’ils continuaient de progresser nettement ailleurs. Les acquéreurs ont ainsi pu y bénéficier pleinement des effets de la hausse de leurs revenus nominaux sur leur capacité d’achat.
- Entre le T3 2022 et le T1 2024, la hausse du coût du crédit à l’habitat s’est, ensuite, accompagnée d’une baisse des prix des logements plus sévère dans les zones tendues : -13% en zone A bis, contre -7% en zone B1, -4% en zone B2 et -5% en zone C.
- Depuis le T2 2024, les prix apparaissent relativement stables indépendamment du zonage.
Ces évolutions suggèrent que la capacité d’achat immobilière des ménages avait atteint un seuil critique en 2020 dans les zones les plus tendues. Les revenus[3] et le coût du crédit évoluant de manière relativement homogène[4] à l’échelle nationale, c’est principalement la dynamique des prix qui explique les éventuelles divergences entre zones. Dans les zones les plus tendues, la stagnation puis la baisse des prix ont donc joué un rôle salutaire : elles ont permis un redressement du pouvoir d’achat immobilier et redonné du souffle aux volumes de transactions.